« Un autre enseignant est parti cette semaine » : pourquoi l’Éducation catholique prône des incitations financières pour les enseignants bruxellois

Accordez une prime financière aux enseignants bruxellois. C’est ce que déclare l’Enseignement Catholique Flandre afin de protéger les écoles de la capitale de « l’un des drames de l’éducation flamande ».

Pieter Gordts

C’est le genre d’appel que Sabine Verheyden a reçu trop souvent au cours de ses dix années à la tête du Collège Lutgardis à Auderghem : un enseignant qui démissionne parce qu’il a retrouvé le même travail plus près de chez lui. «C’est arrivé cette semaine avec notre professeur d’éducation artistique», raconte Verheyden. « Il avait six ans d’expérience et était capable de travailler dans une école plus rurale. »

Traditionnellement, Verheyden, et par extension tous ses collègues, reçoivent ce type de téléphones principalement fin août. Résultat : les écoles bruxelloises disposent généralement d’un personnel enseignant moins expérimenté que les écoles flamandes. Dans la capitale, 30,9 pour cent des enseignants ont entre 26 et 35 ans. C’est plus qu’en Flandre (moyenne 24,7 pour cent). Les enseignants quittent donc Bruxelles plus souvent qu’en Flandre, ce qui signifie que moins d’enseignants expérimentés âgés de 46 à 55 ans (19,1 %) travaillent qu’en Flandre (22,1 %).

Cela coïncide avec une tendance que les sociologues de l’éducation de la VUB ont découverte dans l’enquête TALIS il y a quelques années : nulle part dans l’ensemble de l’OCDE on ne trouve des enseignants moins expérimentés pour les classes les plus vulnérables. Ils décrivaient cela à l’époque comme « l’un des drames de l’éducation flamande ». Les enseignants plus expérimentés savent généralement mieux comment gérer ce problème.

«L’enquête a également montré que l’enseignement dans des écoles à public diversifié, comme il y en a beaucoup à Bruxelles, est vraiment différent», explique le professeur Bram Spruyt (VUB). « De plus, ces enseignants indiquent que s’ils avaient dû refaire ce choix, ils auraient à nouveau choisi l’éducation, mais dans une école différente si cela était possible. »

Bref, la diversité de la grande ville chasse les enseignants de leurs écoles, pas de la profession. «La seule façon de s’améliorer ou de s’améliorer est de choisir une école en dehors de la ville», explique Spruyt. C’est pourquoi lui et ses collègues proposent d’accorder une incitation financière à ce groupe d’enseignants. La Commission des Sages, qui a fait des propositions pour moderniser la profession enseignante, a également jugé que c’était une bonne idée.

Indexation

L’Éducation Catholique Flandre donne à cela une interprétation concrète. Dans leur mémorandum pour Bruxelles, les écoles catholiques bruxelloises plaident en faveur d’une incitation financière pour maintenir plus longtemps les enseignants, les assistants d’apprentissage et la direction bruxellois à Bruxelles. Concrètement, la faîtière propose d’accélérer la montée en ancienneté de ce groupe par une indexation annuelle au lieu de biennale (voir graphique).

Selon les calculs de l’Enseignement Catholique Flandre, cela pourrait signifier qu’un enseignant titulaire d’un baccalauréat professionnel gagnerait 142 euros bruts de plus par mois après cinq ans, 569 euros bruts de plus après dix ans et 853 euros de plus bruts après quinze ans. Pour les enseignants titulaires d’un master, cela représente respectivement 201 euros, 805 euros et 1 005 euros.

Pourquoi pour Bruxelles et pas par exemple Anvers, Vilvorde ou Zaventem, où se posent les mêmes défis ? «Les problèmes que nous constatons dans d’autres contextes métropolitains sont encore plus aigus à Bruxelles», déclare le PDG Lieven Boeve. «En outre, de nombreux enseignants bruxellois font la navette depuis la périphérie, voire plus loin.»



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