La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé "retrait" de la proposition législative qui avait le"objectif irréaliste de réduire de moitié l’utilisation de produits agrochimiques" (Coldiretti). Mais selon Slow Food, il s’agit avant tout d’une concession utile pour réprimer la contestation. Les véritables raisons de la marche des tracteurs sont différentes. Et ils nous voient tous, consommateurs et agriculteurs, du même côté.


« LE Nos agriculteurs méritent d’être écoutés. Je sais qu’ils s’inquiètent de l’avenir de l’agriculture et de leur avenir. Mais ils savent aussi que l’agriculture doit évoluer vers un modèle de production plus durable, afin que leurs entreprises restent rentables pour les années à venir. » Ainsi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé qu’elle proposerait « le retrait » de la proposition législative sur les pesticides.

Le revirement sur les pesticides, une réussite pour les agriculteurs ?

Revirement de la Commission sur la réglementation des pesticides (Sur) est un effet de la marche des tracteurs sur la politique agricole bruxelloise et suscite des discussions. Mais selon Francesco Sottile, professeur et chercheur à l’Université de Palerme et membre du Conseil d’administration de Slow Food, c’est seulement la preuve qu’« au niveau européen, il n’y a pas de volonté d’ouvrir une table sérieuse avec les agriculteurs, mais seulement de réprimer la protestation par des concessions qui n’ont rien à voir avec les véritables motivations des agriculteurs, les vrais et non les exploités. »

L’impact de l’interdiction des pesticides sur la production agricole italienne

Le règlement incriminé et retiré par von der Leyen aurait eu, selon Coldiretti, un impact dévastateur sur la production agricole dans l’Union européenne et au niveau national : il aurait en effet importations privilégiées en provenance de pays tiers qui ne respectent pas les mêmes normes en matière d’environnement, de santé et de droits des travailleurs. Contribuer à la crise d’un secteur déjà éprouvé : à cause des guerres et de l’insécurité économique mais aussi, dans une large mesure, à cause du changement climatique.

Qu’est-ce que la réglementation Sur

Le règlement Sur (règlement sur l’utilisation durable) proposé par la Commission européenne – mais rejeté par le Parlement européen – visait à Réduction de 50 % (par rapport à la période triennale 2015-2017) de l’utilisation de pesticides et de pesticides chimiques d’ici 2030.

Chaque État devrait définir ses propres objectifs de réduction élaborer une stratégie nationale établie en collaboration avec l’Union. Dans le cas de l’Italie, la réduction aurait dû être de 62 % pour la consommation totale de produits phytopharmaceutiques et de 54 % pour les substances plus dangereuses. De plus, il prévoyait également une réduction des ressources économiques de la politique agricole commune (PAC).

La nourriture dangereuse provient de pays tiers

Le retrait de la proposition de règlement sur l’utilisation durable des pesticides (Sur) permet d’économiser, selon Coldiretti, 30 pour cent de la production à la base du régime méditerranéen, du vin à la tomate, menacé par « l’objectif irréaliste de réduire de moitié l’utilisation de produits agrochimiques ».

Et cela ne veut pas dire, selon l’association, que les agriculteurs sont des ennemis de l’environnement. Au contraire. L’Italie compte le plus grand nombre d’entreprises agricoles vertes en Europe, qui cultivent de manière biologique sur environ un cinquième de la superficie agricole totale. Et il a réduit de 20 pour cent les pesticides en une décennie, une réduction record.

Si la sécurité alimentaire est menacée, c’est à cause de produits, plus de huit sur dix, qui viennent de l’étranger. (86 pour cent). C’est remarquable le Système d’Alerte Rapide (Rassf). Sur un total de 317 alarmes détectées en 2022, 106 provenaient d’importations en provenance d’autres États de l’Union européenne (33 %) et 167 de pays tiers (53 %), et seulement 44 (14 %) concernaient des produits d’origine nationale.

D’où également l’opposition à l’accord UE-Mercosur, qui consiste en l’élimination des droits mutuels entre les pays de l’UE et ceux adhérant à l’organisation sud-américaine. Selon Coldiretti, cette proposition devrait être rejetée. Tandis que le critère de réciprocité des règles de production doit être introduit.

Le 6 février 2024, à Gérone. Les protestations des agriculteurs ont touché tous les pays de l’UE (Photo d’Adri Salido/Getty Images)

Comment imposer les mêmes règles de production en Europe et dans le monde ?

Francesco Sottile, du Conseil d’administration de Slow Food, place la question environnementale au centre, également dans l’intérêt des agriculteurs. «Le retrait de la réglementation sur les pesticides, ainsi que l’exonération des jachères (une mesure pour rendre le secteur agroalimentaire durable, ndlr), sont utiles pour apaiser le jeu. Mais alors les problèmes de production ne feront qu’être exacerbés au fil des années en raison d’une crise climatique de plus en plus grave».

Comment alors défendre les productions italiennes ? «Non pas en fermant les frontières et en imposant des droits de douane, mais en exigeant que les accords commerciaux suivent l’imposition de règles de production similaires. Quoi il n’est pas acceptable que différents pays aient des règles et des coûts de production différents, empoisonner la concurrence au détriment des agriculteurs sérieux et vertueux qui continuent à produire d’une certaine manière, notamment selon la méthode agroécologique ».

Incitations à la transition écologique

Selon Legambiente également, il faut aider les agriculteurs, mais d’une autre manière. Et c’est à travers interventions pour accompagner la transition écologique du secteur tout en garantissant des revenus. «La bureaucratie doit être rationalisée et l’assistance technique et les politiques doivent être garanties pour récompenser économiquement ceux qui se concentrent sur l’agrogéologie et les services écosystémiques. Le développement des énergies renouvelables dans le secteur agricole est encouragé réduire les coûts énergétiques et approuver l’inclusion des délits d’agromafia dans le code pénal pour mettre fin à l’illégalité et à la concurrence déloyale du secteur ».

Des interventions idéalement possibles, mais dont la mise en œuvre est évidemment les agriculteurs n’y croient plus. Ce qui existe, sous leurs yeux, c’est oui le changement climatique mais aussi les prix de leurs produits qui triplent dans les supermarchés sans même que ce qu’il fallait pour les produire n’entre dans leurs poches.

De la ferme à la table, les prix triplent (au moins). Le cas extrême du pain

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