Un célèbre avocat iranien arrêté lors des funérailles d’une « fille du métro »


Lors des funérailles d’Armita Gerawand, la jeune Iranienne de 17 ans qui, selon des militants des droits des femmes, est décédée des suites de violences perpétrées par la brigade des mœurs, les autorités iraniennes ont arrêté la célèbre avocate des droits humains Nasrin Sotoudeh.

L’arrestation lors des obsèques de dimanche dernier s’est accompagnée de coups durs. Le mari de Sotoudeh, Reza Khandan, a déclaré au New York Times que les lunettes de sa femme étaient cassées. Lorsqu’il a voulu déposer lundi de nouvelles lunettes pour sa femme à la redoutable prison pour femmes de Qarchak, le personnel a refusé de les accepter.

Sotoudeh, soixante ans, lauréate entre autres du Prix Sakharov pour la paix du Parlement européen, était restée silencieuse ces derniers mois, en partie à cause de sa mauvaise santé, après avoir passé plusieurs années en prison pour son engagement en faveur des droits des femmes. « Mais le cas d’Armita l’a profondément affectée et elle ne pouvait pas rester silencieuse », a déclaré son mari.

Selon les autorités iraniennes, Sotoudeh a été arrêtée pour ne pas avoir porté de foulard lors des funérailles. Elle aurait également mis en danger la sécurité psychologique de la société, un délit jusqu’alors inconnu en Iran. Maintenant Sotoudeh a fait une grève de la faima déclaré son mari à l’agence de presse AFP.

Armita Gerawand est tombée dans le coma le 1er octobre après être tombée malade dans une rame de métro de Téhéran. Selon des témoins oculaires, c’était après qu’elle ait été bousculée par des membres de la brigade des mœurs, lui faisant tellement mal à la tête qu’elle est tombée dans le coma. Des enregistrements vidéo ont montré qu’elle ne portait pas de foulard lorsqu’elle est entrée dans le métro. Elle est décédée le week-end dernier. Selon la police iranienne, elle s’est évanouie dans le métro à cause d’un faible taux de sucre dans le sang alors qu’elle n’avait pas pris de petit-déjeuner.

L’affaire n’est pas sans rappeler celle de Mahsa Amini, une jeune femme kurde décédée à Téhéran en septembre 2022 après avoir été agressée par la vice-police. Il l’accusait de ne pas avoir porté correctement son voile. La mort d’Amini a déclenché des mois de protestations massives dans de nombreuses régions d’Iran. Les autorités ont violemment réprimé les manifestations. Des centaines d’Iraniens, femmes et hommes, ont été tués.

À notre connaissance, aucune nouvelle protestation majeure n’a éclaté après la mort de Gerawand. De nombreux Iraniens craignent peut-être les sanctions plus sévères désormais imposées en cas de port inapproprié du foulard, qui aux yeux des autorités est l’un des symboles les plus importants du régime islamique. Cependant, selon des rapports récents, de nombreuses jeunes femmes se promènent encore dans les rues sans foulard, notamment dans les grandes villes.

La mort de Gerawand et la nouvelle arrestation de Sotoudeh ont déjà suscité de nombreuses protestations, notamment de la part du ministère français des Affaires étrangères et de l’organisation de défense des droits humains Amnesty International.

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<strong>Nasrin Sotoudeh</strong> en 2013, peu après sa libération. » class= »dmt-article-suggestion__image » src= »https://images.nrc.nl/QUG9SMBNHz2gZXAoKIGbST3L2GY=/160×96/smart/filters:no_upscale()/s3/static.nrc.nl/bvhw/files/2018/06/data32628589-46a1f4.jpg »/></p><aside data-article-id=



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