Tribunal disciplinaire pouvant révoquer les magistrats après évaluation négative : propositions concernant le fonctionnement de la justice

La famille de Julie Van Espen, assassinée, a lancé la semaine dernière une initiative en faveur d’une réforme en profondeur du ministère de la Justice. Outre une meilleure numérisation, ils ont demandé une « politique RH moderne pour le système judiciaire dans laquelle tous les juges sont périodiquement évalués, coachés et, si nécessaire, sanctionnés disciplinairement ».

Trois partis politiques ont déposé des projets de loi en ce sens. Le député fédéral Vincent Van Quickenborne (Open Vld), qui a démissionné le mois dernier de son poste de ministre de la Justice à la suite d’un attentat à Bruxelles au cours duquel un magistrat a commis « une erreur grossière et inacceptable », souhaite notamment qu’un tribunal disciplinaire puisse débouter magistrats après deux évaluations négatives.

Cet été, il a soumis une proposition de modification de la loi pour avis au Conseil supérieur de la justice, avant l’attentat terroriste et alors qu’il était encore ministre. « J’ai préparé ce dossier ces derniers mois et je souhaite désormais continuer à y travailler en tant que député », explique-t-il. « Je comprends très bien que les proches de Julie Van Espen insistent là-dessus. La responsabilité et l’évaluation des magistrats sont quelque chose qui doit être amélioré de toute urgence.

Conversation annuelle

Selon sa proposition, les magistrats bénéficieraient d’une évaluation annuelle de leurs performances. Si l’évaluation est « insuffisante » à deux reprises, un processus d’orientation sera lancé. S’il n’y a pas d’amélioration, le tribunal disciplinaire peut révoquer le magistrat. Il y aurait également davantage de possibilités pour les particuliers de déposer des plaintes et les juges à la retraite pourraient perdre leur titre de magistrat honoraire s’ils commettent des erreurs, ce qui signifie qu’ils ne pourraient plus siéger dans les commissions juridiques.

Van Quickenborne souhaite également que le délai pour engager une procédure disciplinaire contre un magistrat soit prolongé.

Les partis majoritaires Groen et Ecolo ont également soumis une telle proposition. Si cela dépend du député Vert Stefaan Van Hecke, une procédure disciplinaire contre un magistrat peut désormais être engagée jusqu’à un an après les faits, au lieu de six mois maximum.

Selon Van Hecke, il devrait également être possible d’engager une procédure disciplinaire sur des faits déjà connus, même si cela est le cas depuis plus d’un an : « Parfois, les faits ne donnent pas immédiatement lieu à une procédure disciplinaire parce qu’ils ne donnent pas lieu à une procédure disciplinaire. ça a l’air assez sérieux. . Si de nouvelles informations apparaissaient ultérieurement et éclairaient les faits sous un jour différent, cela ne devrait pas constituer un obstacle à l’ouverture d’une procédure disciplinaire.

L’avocat Stijn Verbist, qui assiste la famille Van Espen dans sa convocation devant l’État belge, souligne qu’une réforme du droit disciplinaire ne résoudra pas tous les problèmes du système judiciaire. « Tout cela ne doit pas se transformer en chasse aux sorcières contre les magistrats. »



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