Si une femme se présente aux urgences avec des bleus, la justice peut suivre son cours. Mais combien de violences sont commises et subies sans laisser de traces visibles ? La psychothérapeute Monica Bonsangue nous guide à travers la complexité des relations de couple toxiques. Un petit manuel pour reconnaître les signes et se défendre. Une collection d’histoires réelles dans lesquelles réfléchir


Qces dieux féminicides c’est un fléau pour notre pays, et pourtant. Pourtant, ce n’est que la pointe de l’iceberg, « l’épilogue tragique » des histoires de Violence domestique qui se déroulent quotidiennement dans l’ombre : « des situations de maltraitance dont les signes sont souvent ils ne sont pas visiblessauf après un effondrement émotionnel de la personne. Il l’explique bien Monica Bonsangue, psychologue, psychothérapeute et psychotraumatologue, dans son Violence psychologique dans les couples. Qu’y a-t-il avant un féminicide (Dario Flaccovio Editeur). «Si une femme se présente aux urgences montrant des signes de coups ou d’autres violences physiques, la justice ira certainement de l’avant. La violence psychologique, en revanche, emprisonne la femme dans une relation perverse à travers des chaînes invisibles, difficile à reconnaître».

Relation toxique : comment comprendre quand la vie de couple ne fonctionne pas

Violence psychologique dans les couples. Les signes pour le reconnaître, et comment se défendre

Son livre vise exactement ceci : un guide pour interpréter les signes de violence psychologique. Une sorte de manuel à l’usage du professionnel mais aussi de la femme qui se soupçonne d’être « victime » d’une relation toxique. Mais, peut-être, justement parce qu’elle n’en porte pas les signes sur sa peau, elle doute et continue de rester empêtrée dans les anneaux d’un lien malade.

Bonsangue donne de nombreuses informations utiles, expliquant les astuces que l’agresseur peut utiliser pour manipuler, dans ce que les experts appellent le « cycle de la violence ». Mais la force du livre c’est aussi et surtout dans les histoires vécues de femmes que la thérapeute a accompagnées et qu’elle raconte. Des femmes dans lesquelles le lecteur pourrait s’identifier et se refléter.

1. Premier indice. Le couple est déséquilibré

Dans les couples paisibles, il y a le travail d’équipe et le respect mutuel, comme c’est évident : à travers les hauts et les bas. Dans une relation abusive, les relations de pouvoir sont plutôt déséquilibrées dans une position dite complémentaire. La victime adopte une position subordonnée (un vers le bas), l’agresseur une position dominante (un vers le haut), Que maintient toujours, par tous les moyens.

2. Les phases du cycle de la violence

Mais cela ne veut pas dire que ce sont des histoires de souffrance du début à la fin. Au contraire. Comme le souligne le psychologue américain Lenore E. Walker (fondatrice du Domestic Violence Institute)les histoires de violence et d’abus ils passent par des phases très différentes. C’est ce qu’on appelle le cycle de la maltraitance.

La tension monte

Bonsangue l’explique dans le livre. La première phase est caractérisée par l’accumulation progressive de tension émotionnelle de la part de l’agresseur. Et cette phase se reconnaît au fait que, jour après jour, l’homme manifeste des attitudes de plus en plus nerveuses, agressives et intolérantes envers sa partenaire. Les comportements hostiles deviennent plus fréquents et plus tendus.

Les femmes perçoivent le changement climatique, ils commencent à avoir peur et de s’inquiéter, car ils connaissent bien la phase explosive de leur partenaire. Pour éviter d’aggraver la situation, ils font tout ce qu’ils peuvent, arrivant pour inhiber leurs besoins et leur agressivité : ils ne réagissent pas, ils ne parlent pas, ils ne répondent pasils essaient de ne pas ajouter de tension à celle déjà présente. Bref, ils maintiennent les eaux aussi calmes que possible, espérant ainsi éviter l’explosion. Mais ce n’est pas suffisant.

La tension explose

Dans la deuxième phase la tension accumulée est libérée sous une forme explosive, se déversant de manière destructrice sur le partenaire. C’est dans cette phase que sont détectés les pires comportements agressifs, qui peuvent inclure des violences psychologiques, physiques directes et indirectes. Tels que : casser des objets appartenant au partenaire. Si pour la « victime de violences physiques c’est la phase de terreur pure, pour la victime de violences psychologiques c’est la phase d’angoisse ». Mais ensuite l’ambiance change.

La lune de miel (phase d’excuses)

La troisième phase est appelée la phase de lune de miel : également appelée phase d’excuses, ou phase de soins affectueux. C’est-à-dire qu’une période s’ouvre, qui varie de deux jours à environ six mois, pendant laquelle le partenaire violent semble redevenir ce qu’il était autrefois. L’homme merveilleux dont la victime était tombée amoureuse. La demande de pardon est interprétée par elle comme la conscience d’avoir commis une erreur. L’espoir s’éclaire que tout va changer.

De nombreuses femmes décrivent la phase de lune de miel comme incompréhensible, car elle contraste fortement avec ce qui s’est passé peu de temps auparavant. Mais ils l’accueillent avec soulagement, comme une trêve. Et aucune question n’est posée.

Malheureusement, il ne s’agit que d’une phase après laquelle le cycle recommence : la tension monte à nouveau, puis explose, jusqu’à la prochaine demande d’excuses.

3. Modifications de la personnalité de la victime (manipulation, plagiat)

Le but de l’agresseur dans la relation est « déstructuration de la personnalité de sa victime » qui, d’indépendant et d’autonome, devient soumis, doux, enfantin, méfiant, rigide. La famille et les amis remarqueront peut-être ce changement soudain. Mais ce n’est pas dit. Parce que la manipulation s’accompagne toujours de l’imposition d’un isolement.

4. La victime est isolée

La victime doit être isolée du contexte préexistant pour être insérée dans un contexte dans lequel elle est obligée d’inhiber la personnalité antérieure et adhérer à de nouvelles formes d’identité personnelle (une nouvelle image de soi) imposée par le partenaire. C’est celui que, jeEn termes techniques, cela s’appelle une réforme de la pensée.

Isolement des amis ou des parents cela peut être explicitement imposé ou causé indirectement. Par exemple, provoquer des malentendus et de mauvaises interprétations de mots ou de faits, ou même des mensonges bien conçus ce qui jette une mauvaise image sur les personnes à expulser. En l’espace de quelques mois, la victime se retrouve face, complètement seule, aux réalités altérées suggérées par son manipulateur.

5. Une carte d’identité de l’agresseur ?

Il serait également utile d’avoir une fiche d’identité de l’agresseur. Mais les façons dont une personne peut être maltraitée sont presque infinies. Non seulement cela, selon les données des centres d’écoute anti-violence et des Téléphones Roses, 75% des auteurs de violences ne présentent aucune caractéristique psychophysique altérée. Celui qui veut trouver des bourreaux potentiels doit alors chercher parmi les « insoupçonnés » : des gens normaux, des sujets communs, qui se fondent dans la foule. «Il peut avoir un travail normal, des vêtements normaux, des passe-temps normaux, des voitures normales, des habitudes normales, des amis normaux, des amitiés normales. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’entretient pas une relation normale avec sa compagne. C’est le cœur du problème. »

L’agresseur : enfant, égocentrique, peu affectif

L’auteur identifie ensuite quelques caractéristiques récurrentes. Par exemple, l’agresseur est bien un adulte mais avec des besoins à satisfaire typiques de l’âge psychologique infantile. Cela se voit par exemple dans les modalités d’attachement : il s’agit de la relation avec le partenaire sous forme de contrôle/soumission/possession, sans se soucier des effets du comportement de l’un sur l’autre.

Autre fonctionnalité récurrente, l’égocentrisme. La tendance à parler de ses incroyables talents ou même de l’injustice du monde à son égard (victimiste égocentrique).

Mais il y a aussi un profond manque de conscience de ses propres sentiments et de ceux des autres. d’autres : ce qu’on appelle uneaffectivité. Face aux messages de souffrance de son partenaire, l’agresseur ne participe pas émotionnellement. Il reste comme dans un état de paralysie.

Profils psychologiques

Quant aux profils psychologiques, il existe diverses théories. Par exemple Lundy Bancroft (Des hommes qui maltraitent les femmesVallardi Editeur) propose onze brèves descriptions d’hommes violents : l’homme qui exige, Monsieur je-sais-tout, le tortionnaire froid, le sergent Instructeur, Monsieur Sensible, le Don Juan, le Rambo, la victime, les terreursest, les malades mentaux Et le toxicomane.

Bon sang il est limité à quatre « types », basés sur le style de communication et relationnel de chacun. Et c’est narcissique, obsessionnel, paranoïaque et victimiste. Les trois premiers utilisent des modes de contrôle direct. Cette dernière est difficile à identifier car elle ne semble pas dominante, bien au contraire : c’est une Prise de pouvoir déguisée du statut de victime. Dans cette dynamique, une délégation totale des rois est activéeresponsabilité envers partenaire en ce qui concerne leur propre bonheur.

6. Il n’y a pas d’agresseur sans victime

En exposant les différents profils, le psychothérapeute montre comment, pour chaque type il y en a un victime potentielle qui lui est complémentaire, parfait pour un « fit ». Bref, elle n’a pas été « expulsée » par hasard. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas être libéré.

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