Quatre effets secondaires rares que vous pouvez ressentir après un vaccin corona, selon la plus grande étude jamais réalisée


Les scientifiques ont mené la plus grande étude jamais réalisée sur les conséquences des vaccins corona. Ils ont examiné la santé de pas moins de 99 millions de personnes vaccinées et ont pu confirmer quatre effets secondaires rares mais graves. Le vaccinologue Pierre Van Damme : « Il y a une différence si vous avez reçu AstraZeneca ou Pfizer. »

Glenn Haex

Douleurs musculaires, maux de tête ou fièvre. Si vous avez déjà reçu un vaccin corona, il y a de fortes chances que vous ayez souffert de ces effets secondaires inoffensifs et normaux. Quelque chose de pire est arrivé à un très petit groupe de personnes vaccinées. Ils ont souffert d’effets secondaires rares dus au vaccin. «Ce sont des conditions difficiles à détecter au début de la pandémie», explique le vaccinologue Pierre Van Damme (UAntwerp). « Les scientifiques ont bien sûr testé le vaccin de manière approfondie. Mais on ne peut pas distinguer des cas aussi rares dans des études portant sur des milliers de personnes. Il faut vraiment analyser des millions de personnes.

Une équipe internationale de scientifiques a désormais rassemblé ces informations les données de 99 millions de personnes vaccinées de huit pays différents. Il s’agissait notamment de patients de France, du Danemark, d’Australie, du Canada et de Finlande. Les chercheurs ont examiné les effets secondaires rares les plus courants et ont tenté de les confirmer en combinant les données. Ils ont chacun comparé le risque de développer la maladie en tant que personne vaccinée avec le risque avant le début des programmes de vaccination. Certaines conditions peuvent également survenir spontanément.

Une nouvelle étude à grande échelle montre les effets secondaires rares que le vaccin corona peut provoquer. Le vaccinologue Pierre Van Damme explique.Image Éric de Mildt

Quels sont les résultats ?

« Les chercheurs ont divisé les vaccins en deux grandes catégories. La première grande catégorie est celle des vaccins à base de virus. L’exemple le plus connu est AstraZeneca. Avec l’aide d’un virus du rhume inoffensif, ils tentent ensuite d’introduire le code de l’antigène corona dans votre corps.

Ce vaccin provoque le syndrome de Guillain-Barré (SGB) a été souligné comme l’effet secondaire rare le plus courant. Il s’agit d’une condition dans laquelle votre propre corps attaque les nerfs sains. Les symptômes typiques comprennent des picotements et une paralysie des jambes ou des bras.

Van Damme : « Selon l’étude, le risque que cela se produise triple presque. Sans vaccin, on s’attend à « seulement » 66 cas, parmi les millions de personnes vaccinées, il y en a 190. On parle alors de trois à quatre cas par million de personnes vaccinées. Nous ne savons pas exactement pourquoi c’est le cas. Mais nous savons que les virus peuvent provoquer cela plus souvent que les vaccins : vous courez donc un plus grand risque si vous avez eu une grippe ou une infection au Covid-19.»

Une autre conséquence rare du virus est la thrombose du sinus veineux cérébral (CVST). Il s’agit d’une forme grave et rare de thrombose. Il y a alors un caillot de sang dans les vaisseaux sanguins drainants de la tête. Vous pourriez alors souffrir de paralysie, de difficultés à parler ou de troubles de l’équilibre. « Il y avait aussi clairement un plus grand risque ici. Trois fois plus de cas que prévu ont été observés. Au total, il y a eu 69 cas. Mais cela reste très rare dans une étude d’une telle valeur qui coûte plusieurs millions de dollars.

Qu’en est-il des vaccins Pfizer et Moderna ?

« Ce sont des vaccins de la deuxième catégorie : les vaccins à ARNm. Ces vaccins donnent à votre corps des informations pour produire une protéine du virus Covid-19. Votre corps utilisera finalement ces informations pour produire des anticorps contre le coronavirus.

Avec ces types de vaccins, les plus utilisés dans notre pays, les scientifiques constatent principalement une augmentation du risque d’inflammation du cœur. Cela concerne par exemple la myocardite ou l’inflammation du muscle cardiaque. Cela perturbe la fonction de pompage du cœur, ce qui peut provoquer un essoufflement. Van Damme : « Nous parlons d’un à dix cas de myocardite par million de personnes vaccinées. C’est toujours un risque plus faible qu’après une infection au Covid-19 ; environ 40 cas de myocardite pour un million d’infections au Covid-19.

La péricardite est également plus fréquente. C’est une inflammation du péricarde. Cela peut entraîner une pression thoracique et des douleurs lors de la respiration profonde. Après une première dose, le risque de péricardite était 1,7 fois plus élevé que prévu, et après une quatrième dose, il a augmenté de 2,6 fois.

Voyons-nous également ces conditions en Belgique ?

Selon les derniers chiffres de Sciensano, plus de neuf millions de personnes ont reçu au moins une dose du vaccin corona. L’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) a désormais collecté toutes les notifications d’effets secondaires rares concernant les quatre vaccins les plus importants. Ils ont reçu 57 déclarations de syndrome de Guillain-Barré, 11 déclarations de thrombose du sinus veineux cérébral et 290 déclarations de péri- ou myocardite.

« Cela peut paraître beaucoup, mais il est important de savoir qu’il s’agit de signalements spontanés. Il n’y a donc pas nécessairement de lien entre la maladie et un vaccin », précise l’AFMPS.

Aurions-nous dû accorder plus d’attention à ces effets secondaires ?

«Pendant la pandémie, il était vraiment nécessaire d’agir rapidement», explique Van Damme. « Nous voulions assurer un approvisionnement maximum en vaccins approuvés, afin de protéger le plus grand nombre possible de personnes contre le coronavirus. Ce faisant, nous avons finalement sauvé environ 1,4 million de vies en Europe, selon les dernières estimations. C’est clairement bien plus que les patients qui ont ressenti des effets secondaires rares.

« Dans de tels moments de crise, il faut vite faire un compromis entre une protection maximale contre un virus dont on ne connaît pas encore toutes les conséquences, et d’éventuels effets secondaires rares. Quelque chose que je pense que nous avons fait de la bonne manière.



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