Nasim Eshqi a gravi les plus hautes montagnes d’Iran à la force de ses bras, mais elle n’est pas appréciée du régime car elle le fait sans voile. En exil, elle continue son combat


Serena Dandini (photo de Gianmarco Chieregato).

Sou qu’il est difficile de ne pas succomber aux fausses nouvelles, de distinguer, de s’informer et de maintenir l’humanité. Trop de massacres, de guerres insensées, de violences et d’exactions requièrent notre attention chaque jour et le risque est celui de la dépendance, avec pour conséquence un enfermement dans notre petit égoïsme quotidien.

Les bonnes histoires peuvent cependant nous aider à résister pour ne pas perdre espoir et le désir de lutter pour le changement.

Et celle de Nasim Eshqi est une très bonne histoire, heureusement Francesca Borghettidocumentariste italien plein de passion, mis en lumière dans un film d’il y a quatre ans, Escalader l’Iranqui raconte l’aventure humaine et sportive de Nasim, un intrépide pionnier de l’escalade. Bien qu’il n’ait que 42 ans et qu’il soit un athlète extraordinaire, la vie de Nasim n’a pas été facile..

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Aujourd’hui, avec la collaboration de Francesca Borghetti, il est en librairie avec J’étais un rocher maintenant je suis une montagne. Mon combat pour la liberté des femmes (Garzanti), une autobiographie aussi engageante qu’un roman qui raconte un voyage, plus fatiguant que l’escalade, pour poursuivre ses rêves.

« J’étais un rocher, maintenant je suis une montagne. Mon combat pour la liberté des femmes » de Nasim Eshqi et Francesca Borghetti (Garzanti)

Depuis qu’elle est petite, elle adore le sport, elle a été championne de kickboxing mais, après avoir refusé de porter le voile lors des compétitions, sous l’attention de la police morale iranienne, elle décide de tout abandonner et de se consacrer à l’escalade libre.

En pleine nature, elle a trouvé son habitat idéal et, en véritable pionnière, elle a ouvert plus d’une centaine de nouvelles routes en haute altitude dans les montagnes d’Iran, d’Arménie, d’Inde et d’Europe. Elle a courageusement montré la voie à de nombreuses femmes iraniennes qui même dans ce sport sont obligés de grimper uniquement sur des murs artificiels et uniquement parmi les femmes.

Mais l’image de cette fille libre, aux cheveux au vent, qui, avec la seule force de son corps entraîné, atteint les objectifs les plus incroyables n’a pas plu au régime. D’autant plus qu’après l’assassinat barbare de Mahsa Amini, Nasim a décidé de ne pas garder le silence et de devenir le porte-parole de la dissidence.

Après une énième persécution, elle a douloureusement décidé de quitter l’Iran et vit désormais en Italie, fière d’un chemin qu’elle ne veut pas abandonner. Dans son pays, il aurait risqué sa vie ou qui sait combien d’années de prison, aujourd’hui grâce à sa célébrité il peut continuer le combat pour la liberté et continuer à inspirer les femmes iraniennes et au-delà. Surtout, nous rappeler aussi que la liberté et les droits sont des biens précieux auxquels nous ne devons jamais renoncer.

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