Marc Coucke est le propriétaire du RSC Anderlecht. Il était le patron du KV Ostende. Mais saviez-vous que Coucke a aussi un passé au Club de Bruges ? « C’était un partisan très enthousiaste. » Dimanche, les violets et blancs affronteront les bleus et noirs dans la compétition.
Mardi 9 décembre 2003, Ligue des champions. L’attaquant du Club de Bruges Bengt Saeternes a poussé le ballon entre les jambes du gardien de l’Ajax. Un but qui a offert aux Bleu-Noirs un printemps européen en Coupe UEFA. Dans les loges VIP du Stade Jan Breydel, l’humoriste Jacques Vermeire et le mannequin Phaedra Hoste sont tombés dans les bras l’un de l’autre. A leurs côtés, leur hôte brandissait une écharpe bleue de supporter. Une trentaine flamboyante. Si son sourire illuminait la salle, sa cravate dorée a ébloui les personnes présentes.
Marc Coucke sera repéré au Club de Bruges pendant dix ans. Il voyage à travers l’Europe, de Turin à Amsterdam, et devient même membre de l’organisation à but non lucratif.
Coucke avait un groupe d’amis de Flandre occidentale depuis ses années d’étudiant, complété par des connaissances du monde des affaires. Le Club de Bruges était un dénominateur commun pour nombre de ces contacts. Vingt ans plus tard, ses fidèles amis Sam Sabbe, qui deviendra plus tard son directeur financier chez Omega Pharma, et Jan Boone (PDG de Lotus Bakeries) étaient membres du conseil d’administration de Blue-Black vingt ans plus tard.
« Ce serait étrange si Coucke n’avait jamais fini au Club de Bruges », dit une vieille connaissance. Coucke a roulé naturellement en bleu-noir. D’abord à l’invitation de ses amis, il a ensuite invité lui-même des clients et des sponsors potentiels.
Dans le Pigeon voyageur
Son entreprise Omega Pharma était en plein essor. Il a sponsorisé une équipe cycliste du même nom. Pour Coucke, affaires et plaisir préféraient aller de pair. Il cherchait un moyen de recevoir des clients et des sponsors potentiels avec sa touche personnelle. Il a donc imaginé une extension de l’expérience VIP traditionnelle. Après les matchs européens à domicile, cela ne s’est pas arrêté à une coupe de champagne. La délégation (souvent une trentaine de personnes) pénètre ensuite dans le centre-ville de Bruges.
Fin de la station : Au Reisduif, un café brun sur la Langerei. Selon la tradition, un pari y avait été fait en 2016 parmi la clientèle habituelle : « Coucke deviendra président du Club de Bruges d’ici trois ans ». Les vingt pintes promises n’ont jamais été exploitées, car Coucke a racheté Anderlecht en 2017. Le pari est accueilli par des rires dans l’entourage de Coucke. « Il n’a jamais été question pour Marc de reprendre le Club de Bruges. »
Il n’existe pratiquement aucune trace photographique des soirées au café. Mais les histoires dureront des années encore. C’était légendaire selon Yves Lejaegere, un des amis proches de Coucke. « Marc a emmené tout le monde dans son style bien connu. C’était le DJ, comme s’il était partout. Il était fou des schlagers flamands.»
Ses VIP étaient regroupés sur cinquante mètres carrés. Véronique De Kock, Piet Huysentruyt, ou encore Wouter Vandenhaute, se déhanchent au son du classique de Willy Sommers « Comme un lion en cage ». En raison du manque de place, le système de musique se trouvait derrière un rideau dans la cuisine.
Cotisation 125 euros
C’est le silence à l’autre bout du fil. « Marc Coucke était-il membre du Club de Bruges ? », répète la question Michel D’Hooghe. Il a été président du Club de Bruges entre 2003 et 2009. « Vous devez m’excuser, mais je suis complètement hors de propos. »
Le Club de Bruges était encore une organisation à but non lucratif. Quiconque le souhaitait pouvait participer à l’assemblée générale moyennant une cotisation annuelle de 125 euros. Au Club, il y avait plus d’une centaine de sympathisants qui sont ainsi devenus membres de l’asbl. Coucke en faisait partie. Lorsque plusieurs contacts d’affaires et même des amis se sont joints à nous, Coucke a suivi. Ce n’est que lorsqu’il est devenu propriétaire du KV Oostende en 2013 qu’il s’est désinscrit.
La réaction de D’Hooghe montre que Coucke est passé inaperçu des membres du conseil d’administration pendant ces dix années au Club de Bruges. «Il avait des contacts avec la direction peut-être une fois par an, à l’occasion de l’assemblée générale», raconte Jacques Denolf, qui a travaillé au Club de Bruges jusqu’en 2015. « Ces membres n’avaient pas vraiment leur mot à dire. Je ne peux pas dire qu’il ait fait quoi que ce soit pour donner une direction au conseil d’administration du club. Aussi silencieux qu’il était arrivé, il a disparu au KV Oostende.»
Club de son coeur
Les réponses à la question de savoir si Coucke était réellement un supporter du Club de Bruges varient. Selon Denolf, cela n’avait aucun sens qu’un non-fan participe à l’assemblée générale. Une source de son entourage affirme que cela ne fait aucun doute : « Bien sûr que Marc était un supporter. Très enthousiaste, en fait.
Ce sont aussi les mots de Coucke lui-même en 2007 lorsqu’il annonçait Revue de sport/football a parlé de son implication avec le bleu-noir. « Je me considère comme un supporter depuis environ six ans maintenant. Ce n’est plus la façon dont on soutient une équipe en tant que petit garçon. Avec une nuance importante : « Si je veux vraiment être supporter, j’irai à Ostende. Si je veux voir du bon football, je vais au Club.
Dans d’autres interviews après son séjour à Bruges, un ton plus neutre s’est fait entendre. Coucke a indiqué qu’il entretenait des liens étroits avec le Club de Bruges non pas par amour du club mais pour des raisons commerciales.
Selon Lejaegere, c’est cette dernière version qui correspond le mieux à l’image qu’il se fait de Coucke. « Il s’est passé beaucoup de choses entre Marc et le KV Ostende ces dernières années, mais son cœur de footballeur a toujours été là. Petit garçon, il est allé à l’AS Oostende avec ses parents, voire au VG Oostende. Ils y avaient un appartement. Plus tard, Marc est allé au Club de Bruges pour l’ambiance. Jamais de sa vie il n’a été un fervent supporter du Club. Il l’a fait pour ces soirées européennes. Et les fêtes au café In de Reisduif.
Anderlecht – Club de Bruges, dimanche à 18h30