Macron cherche à calmer la colère du public face à la réforme des retraites françaises


Emmanuel Macron, président de la France, a défendu mercredi son plan impopulaire visant à relever l’âge de la retraite comme clé pour assainir les finances publiques et a cherché à calmer la colère du public face à la décision de son gouvernement d’adopter la loi sans vote parlementaire.

« Pensez-vous que j’aime faire cette réforme ? Non », a déclaré Macron dans une interview télévisée. « Mais il n’y a pas cent façons d’équilibrer les comptes. . . cette réforme n’est ni un luxe ni un plaisir, c’est une nécessité pour le pays.

C’était la première fois que Macron s’exprimait publiquement depuis que son gouvernement avait imposé le projet de loi sur les retraites au Parlement et avait survécu aux votes de défiance qui en résultaient.

Depuis lors, des manifestations dispersées à petite échelle ont éclaté chaque nuit dans des villes de Paris à Rennes, entraînant plus de 800 arrestations, et les syndicats se sont engagés à maintenir la pression avec une manifestation nationale prévue jeudi.

Les responsables surveillent la situation de près – 12 000 policiers seront déployés pour les manifestations jeudi – car ils craignent un retour aux jours chaotiques de la gilets jaunes manifestations de 2018.

Macron a déclaré qu’il respectait les droits constitutionnels des citoyens à manifester pacifiquement, mais a condamné les actions de certains manifestants qui ont menacé des députés et dégradé leurs bureaux. « Nous ne tolérerons aucune explosion », a-t-il déclaré.

Il a semblé comparer ces manifestants à ceux qui ont pris d’assaut le Capitole américain en 2021, en disant: «Quand les États-Unis ont vécu ce qu’ils ont vécu au Capitole, quand le Brésil a vécu ce qu’il a vécu, quand vous avez eu l’extrême violence en Allemagne, aux Pays-Bas ou parfois ici, il faut dire : on respecte, on écoute . . . mais nous ne pouvons pas accepter les rebelles et les factions.

Les grèves se poursuivent dans les décharges, les transports publics et les raffineries de pétrole. Les dockers de Marseille ont bloqué mercredi l’accès au plus grand port commercial de France, empêchant les voitures d’entrer.

En réponse, le gouvernement a commencé à réquisitionner des travailleurs pour nettoyer les 10 000 tonnes de déchets à Paris et relancer les livraisons d’essence dans le sud.

Macron a défendu à la fois le contenu de la réforme des retraites – qui fera passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans et obligera les gens à travailler pendant 43 ans pour percevoir une retraite à taux plein – et la méthode utilisée pour la promulguer.

Il a également confirmé que les changements entreraient en vigueur d’ici la fin de l’année, à condition que la loi autorise un examen final par la Cour constitutionnelle dans les semaines à venir.

Macron soutient depuis longtemps que le changement est nécessaire pour protéger la viabilité du système de retraite français, qui repose sur les travailleurs actuels pour financer les paiements aux retraités. Il a averti que, sinon, les déficits gonfleraient à mesure que la population vieillirait.

« Quand j’ai commencé à travailler, il y avait 10 millions de retraités ; aujourd’hui il y en a 17mn et d’ici 2030 il y en aura 20mn », a-t-il dit. « Pensez-vous vraiment que nous pouvons continuer avec les mêmes règles? »

Le président a rejeté la question de savoir s’il allait remanier le gouvernement ou nommer un nouveau Premier ministre. Il a déclaré que le gouvernement dirigé par le Premier ministre Élisabeth Borne avait sa « confiance » et qu’il lui avait demandé de travailler sur un nouveau programme législatif qui pourrait contribuer à accroître le soutien au parlement.

Philippe Martinez, dirigeant du syndicat extrémiste CGT, a reproché à Macron de ne pas avoir écouté la colère exprimée dans la rue. « L’entretien est bizarre. . . [and shows] mépris pour les millions de personnes qui manifestent. . . il n’y a pas eu de réponse », a-t-il déclaré lors d’une réunion syndicale, selon l’Agence France-Presse.

Les sondages montrent que les deux tiers des Français sont opposés au relèvement de l’âge de la retraite, bien que les travailleurs des autres pays européens aient tendance à prendre leur retraite plus tard et avec des pensions inférieures à celles perçues par les retraités français.

La France consacre chaque année 13 % de sa production nationale aux retraites, contre 10,3 % en moyenne dans l’UE. Les 330 milliards d’euros dépensés l’année dernière en prestations de retraite ont éclipsé les dépenses d’éducation de 54 milliards d’euros et les 41 milliards d’euros dépensés pour la défense.



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