Loi européenne sur la chaîne d’approvisionnement : l’industrie de l’habillement réclame des conditions de concurrence uniformes dans l’UE


L’Allemagne s’est abstenue lors du vote sur la loi européenne sur la chaîne d’approvisionnement, dite directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises (CSDDD). L’Allemagne a négocié jusqu’au bout le projet de loi, mais elle ne soutient plus aujourd’hui le résultat. À la mi-décembre, l’accord durement gagné entre le Conseil de l’UE et le Parlement européen sur un projet de loi était encore célébré comme un succès ; la décision n’était en réalité considérée que comme une formalité. Mais le FDP veut désormais réduire la bureaucratie et refuse de donner son accord. Pour beaucoup, l’abstention de l’Allemagne, qui a adopté une loi nationale sur la chaîne d’approvisionnement il y a des années, est une surprise. La réaction des médias et celle de nombreuses ONG, associations et entreprises, notamment du secteur de l’habillement, sont tout aussi bruyantes.

Vaude: signal fatal à l’économie

Pour Antje von Dewitz, PDG du détaillant allemand de produits de plein air Vaude, cette décision est « complètement, complètement catastrophique. C’est ce qu’elle dit dans le podcast économique de l’hebdomadaire Die Zeit. Vaude écrit sur X (anciennement Twitter) : « L’Europe a besoin d’une loi forte sur la chaîne d’approvisionnement ! Nous avons pris note avec horreur de la décision de rejet du FDP. Il ne s’agit pas d’une protection de l’économie, mais d’une prévention active du développement de la viabilité future. » Ce rejet envoie également un signal fatal à l’économie « qu’il n’est pas nécessaire d’investir dans le développement de ces compétences », poursuit-il. Il ne s’agit pas ici d’une protection – comme l’explique le FDP dans sa décision, « mais d’une prévention active du développement de la viabilité future ».

S.Oliver : Inconvénients pour les entreprises allemandes

L’entreprise de mode S.Oliver Group a commenté sur la plateforme Linkedin l’abstention de l’Allemagne et donc la possible fin d’une loi européenne sur la chaîne d’approvisionnement. S.Oliver écrit que le groupe S.Oliver « avec ses partenaires nationaux et internationaux, a toujours soutenu le développement de la directive de l’Union européenne sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises (CSDDD) et a activement promu une législation ambitieuse ». Le groupe le considère donc « avec inquiétude ». que l’accord conclu par les organes législatifs européens pourrait échouer. Cela aurait un impact particulièrement négatif sur les entreprises allemandes, qui doivent déjà se conformer aux exigences de la loi allemande sur la chaîne d’approvisionnement. Des normes de durabilité ambitieuses et obligatoires renforcent les entreprises responsables et créent des conditions de concurrence équitables pour les entreprises sur le marché européen.

Tchibo : des conditions de concurrence uniformes dans l’UE

Dans une interview accordée à NDR, Johanna von Stechow, responsable du développement durable chez Tchibo, met en garde contre un éventuel échec de la directive européenne. « Nos clients veulent des produits durables, mais souhaitent également les payer à un prix équitable. Cela signifie que si nous avons désormais des coûts supplémentaires dus à la durabilité et que d’autres entreprises n’en ont pas, nous sommes alors clairement désavantagés par rapport à la concurrence.

Au Bangladesh, les travailleurs du textile manifestent pour le salaire minimum Image : Fédération Sommilito Garments Sramik (SGSF)

De nombreuses entreprises exigent le consentement

Sous le titre « Loi européenne sur la chaîne d’approvisionnement : bloquer un compromis signifie créer une incertitude juridique », de nombreuses entreprises ont signé une prise de position appelant à l’approbation du CSDDD. Outre Vaude, S.Oliver, Tchibo, Olymp et Brands Fashion, il s’agit notamment d’Aldi Süd, Kik, de la BSI (Association de l’industrie allemande des articles de sport), de l’Association fédérale de l’économie durable, de Bayer AG et de la Fair Wear Foundation. L’exposé de position dit :

«Le compromis politique sur le CSDDD de décembre de l’année dernière s’appuie largement sur les normes de l’ONU et de l’OCDE et repose donc sur des lignes directrices que les entreprises responsables suivent depuis des années. À notre avis, les exigences du CSDDD sont appropriées et réalisables. Il existe désormais une chance historique et, pour l’instant, la seule d’instaurer des conditions de concurrence équitables à l’échelle de l’UE. Pour les entreprises allemandes qui respectent la loi sur le devoir de diligence en matière de chaîne d’approvisionnement, une réglementation à l’échelle européenne signifie que les avantages concurrentiels au détriment des personnes et de l’environnement seront finalement évités.»

La directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises (CSDDD) est une directive européenne prévue qui obligera les entreprises à réduire leur impact négatif sur les droits de l’homme et l’environnement. Il vise à promouvoir une activité entrepreneuriale durable et responsable et contient des points tels que la protection contre les substances toxiques, l’exclusion du travail des enfants et des salaires appropriés. Elle est considérée comme plus stricte que la loi allemande sur la chaîne d’approvisionnement. Le plan actuel prévoit que les entreprises de plus de 1.000 salariés devront se conformer aux obligations de diligence raisonnable à partir de 2027, les entreprises de plus de 500 salariés à partir de 2028 et les entreprises de plus de 250 salariés à partir de 2029.



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