L’obscurantisme de la dictature des ayatollahs montre depuis des mois son visage le plus féroce pour annuler les demandes de liberté et de réformes. De l’Iran, la voix des femmes passe aussi par le travail des photographes. Comme le dit Donna Farnaz Damnabi à iO : "Je voudrais participer à l’histoire de mon pays en documentant la vie des autres".


dnous devrions allumer moi Pleins feux sur les ténèbres qui enveloppent l’Iran. Nominée toutes les femmes du pays pour le prix Nobel de la paix pour ce qu’elles souffrent et comment elles sont obligées de vivre. Ce n’est pas qu’une question de voile. L’enjeu est le contrôle du corps, la mobilité et l’accès aux possibilités de la vie. Depuis la révolution khomeiniste de 1979, le régime des ayatollahs a récemment exacerbé sa séquence la plus réactionnaire avec de nouvelles restrictions qui renforcer la discrimination et la violence sexiste. L’assassinat de Jina « Mahsa » Amini a brisé la digue d’intolérance et de colère qui grondait sous la peau des jeunes Iraniens.

Jina « Mahsa » Amini a été arrêtée par la police des mœurs le 13 septembre pour ne pas avoir porté correctement le voile. Elle est décédée à 23 ans, après trois jours de prison et d’agonie, des suites d’un passage à tabac violent. La manifestation a explosé. . Un fleuve déchaîné qui implique et submerge.

Iran, une révolution qui part des femmes mais concerne tout le monde

On parle de révolution, au premier rang il y a des femmes, elles remettent en cause la légitimité de l’état dans le contrôle de leur corps à travers l’imposition du voile et du vêtement mais le mouvement de contestation concerne toute la population. L’avenir de l’Iran est en jeu. La contestation s’étend malgré la censure des médias et les blocages sociaux, c’est désormais un mouvement. La répression est violente, impliquant toutes les provinces du pays. Amnesty International parle de 22 000 arrestations six mois après le début des manifestations. Tortures, viols, conditions de détention inhumaines, la République islamique a peur et montre son visage le plus féroce.

Téhéran, ville grise 2020 © Farnaz Damnabi Courtesy galerie 29ARTSINPROGRESS

Les photographes iraniens parlent, les images comme des flèches vers le cœur et l’esprit

D’Iran, la voix des femmes passe aussi par la photographie: extraordinaires, capables d’exprimer à la fois la condition existentielle et sociale par leur travail, les artistes créent et parlent par l’image. La renommée de Shirin Neshat a conquis le monde mais ce n’est pas un cas isolé. Les témoignages en noir et blanc de Hengameh Golestan de 1979 sont précieux, tout comme la représentation de la femme iranienne par Shadi Ghadirian et l’intensité de Gohar Dashti qui, avec la nouvelle génération d’auteurs, partage la liberté d’un langage photographique qui confine aux genres et invente des formes syncrétiques de narration.

Si Amak Mahmoodian dans son travail Zanjir imaginez un dialogue avec la princesse persane et mémorialiste Taj Saltaneh Mahmoodian, qui a vécu entre les années 1800 et 1900, Newsha Tavakolian représente son pays avec des images autobiographiques imprégné de réalité politique pour une histoire consciente et poignante. Tahmineh Monzavi, qui s’est toujours intéressée aux questions de société, alterne entre photographie et vidéo. Ces auteurs, visionnaires de récits douloureux, sont nés après la révolution islamique, élevés selon les principes de la charia, la loi coranique qui impose des discriminations inacceptables, contraint de porter le hijab, le voile, de voyager accompagné ; elles ont dû composer avec la difficulté d’accéder à l’éducation, avec le renoncement à la fonction publique, avec le fait d’être la moitié de tout : le témoignage d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme, comme l’héritage pour les femmes il vaut la moitié.

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À Milan, il ouvre le 23 mai à la galerie 29 ARTS EN COURS l’exposition « Dévoilée » de Farnaz Damnabi, l’un des plus jeunes auteurs de la scène iranienne contemporaine. Nous lui avons posé quelques questions car elle, comme ses collègues, place les femmes au centre de ses recherches. Histoires d’existences, de lieux reculés et de villes inconnues, chaque image transmet un sentiment de malaise douloureux auquel l’auteur dédie une photographie de la vie quotidienne, de petits gestes dans des scénarios suspendus entre passé et présent.

Lost in Paradise No1,2015 © Farnaz Damnabi Avec l’aimable autorisation de la galerie 29 ARTS IN PROGRESS

Vous êtes né en 1994, comment votre pays a-t-il évolué depuis ?
Quand j’étais plus jeune, je préférais étudier l’histoire et espérer pour l’avenir, maintenant que je suis adulte, je ne suis plus sûr de l’avenir. Je vois que les gens sont de plus en plus conscients et je sais que même les petits changements prennent du temps, l’Iran est dans une phase de transition.

Est-ce encore un défi de naître femme ?
Oui, c’est toujours un défi, beaucoup doivent surmonter les problèmes et les restrictions de leur famille ou de la société. J’ai eu de la chance : mes parents me soutiennent et ne m’ont jamais fait obstacle. Je suis né et j’ai grandi à Téhéran, je travaille ici. Nous sommes bourrés de talent. Si les femmes des autres pays réussissent quelque chose, c’est grâce à leur engagement. Mais si les femmes iraniennes veulent accomplir quoi que ce soit, cet effort doit être beaucoup plus important.

Selon vous, que peut et doit faire l’art ?
L’art exprime des sentiments mais il ne faut pas attendre des artistes qu’ils fassent une révolution. En tant que photographe, j’aimerais participer à l’histoire de mon pays car documenter la vie des autres est ce qui me passionne vraiment. © REPRODUCTION RÉSERVÉE

Info;
DÉVOILÉ PAR FARNAZ DAMNABI
DU 23 MAI AU 28 JUILLET 2023
29 DANS LES DOMAINES DES ARTS EN COURS, VIA SAN VITTORE 13, 20123 MILAN

iO Femme © REPRODUCTION RÉSERVÉE



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