L’interdiction d’exporter des substances toxiques doit mettre un terme à une situation hypocrite : « Ce qui est malsain ici est aussi malsain ailleurs »

Nous-mêmes préférons rester le plus loin possible des produits toxiques. Mais exportent-ils vers des pays hors d’Europe pour gagner leur vie ? Aucun problème. Cette attitude hypocrite touche maintenant à sa fin. Le gouvernement fédéral émet une interdiction d’exporter des substances dangereuses.

Pierre Gordts

Depuis plusieurs années, l’UE dispose d’une liste de substances toxiques qui ne peuvent plus être utilisées dans l’agriculture européenne – de cette manière, les personnes et la nature sont protégées. Cependant, rien n’empêche les entreprises d’exporter des produits contenant de telles substances toxiques.

Entre 2013 et 2021, la Belgique a exporté quelque 62 000 tonnes de produits toxiques vers des pays hors Union européenne. Cela a déjà été démontré par des recherches menées par Broederlijk Delen et plusieurs autres ONG. Cela fait de notre pays l’un des précurseurs de cette exportation. Par exemple, en ce qui concerne les néonicotinoïdes – plus connus sous le nom de « néonicotinoïdes », substances principalement connues pour tuer les abeilles – la Belgique est le premier exportateur européen.

Ce spectacle loin de mon lit nous revient à la figure comme un boomerang. De nombreux pesticides sont utilisés dans l’agriculture en dehors de l’Union européenne, par exemple dans la culture du soja au Brésil. C’est ainsi qu’ils finissent comme un résidu dans les assiettes des consommateurs européens. « En outre, une telle pratique crée une distorsion du marché et une concurrence déloyale envers nos propres agriculteurs, qui ne sont plus autorisés à utiliser les substances en question », déclare la ministre compétente du climat Zakia Khattabi (Ecolo).

Interdiction d’exporter

En bref, une situation qui est trop folle pour les mots. Pour y mettre un terme, le gouvernement fédéral a approuvé vendredi une interdiction d’exporter certaines substances dangereuses vers des pays extérieurs à l’Union européenne.

La liste contient 25 substances dont l’utilisation est interdite ou strictement réglementée en Europe. Le gouvernement fédéral émet une interdiction d’exporter des substances dangereuses. Quinze substances ne pourront tout simplement plus être exportées. Dix autres le font, mais seulement sous des conditions strictes. La perméthrine, par exemple, est toujours autorisée à des fins biocides au sein de l’Union européenne pour lutter contre le paludisme. Et la substance peut toujours être exportée vers des pays hors de l’Union européenne dans les mêmes conditions.

« Ces produits sont actuellement interdits sur le marché européen, précisément parce que leur utilisation est très nocive pour la santé des humains, des animaux et de l’environnement », explique Khattabi, qui a rédigé l’interdiction avec le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit). « Ce qui n’est pas sain ici est bien sûr aussi malsain ailleurs. »

La Belgique n’est pas le premier pays à établir une telle interdiction d’exporter. La France l’a également fait plus tôt et le gouvernement allemand a également écrit une telle interdiction dans son accord de coalition. Soit dit en passant, l’Union européenne elle-même souhaite proposer une telle interdiction d’exportation, bien qu’il soit loin d’être certain que des progrès seront réalisés avant les élections européennes de l’année prochaine. La Belgique a décidé de ne pas attendre ces plans.

Une coalition d’ONG qui militent depuis un certain temps pour une telle interdiction d’exporter est soulagée. « Le gouvernement montre qu’il prend au sérieux les droits de l’homme tels que le droit à une alimentation saine et le droit à un cadre de vie sain, également pour les habitants d’autres pays », déclare Suzy Serneels de Broederlijk Delen. « Elle a choisi de protéger la santé publique et l’environnement plutôt que les profits de quelques multinationales, et nous en sommes satisfaits. » Bien que la coalition voit encore des points à améliorer, comme une interdiction à l’échelle de l’UE.



ttn-fr-31