Les négociations sur le gouvernement belge ont échoué, une longue formation semble inévitable


Une barbe grise. En 2010-2011, il est devenu un symbole de la protestation contre la longue formation du gouvernement belge de l’époque. Tant que les dirigeants des partis de son pays n’ont pas réussi à former une coalition, l’artiste et journaliste Koen Fillet a fait pousser sa pilosité faciale. Avec pas moins de 536 jours, il s’agissait à l’époque des négociations gouvernementales les plus longues au monde. La coupe de la barbe de Fillet lorsqu’un accord fut finalement trouvé a fait l’actualité internationale.

Malgré les protestations ludiques des barbes, les négociations sur le gouvernement actuel, dirigé par le Premier ministre Alexander De Croo, ont duré 494 jours en 2019-2020.

Ce fut un grand soulagement qu’après les élections belges de juin de cette année, une formation d’une rapidité sans précédent se profile soudainement à l’horizon. Le parti du Premier ministre De Croo et les socialistes francophones ont perdu de manière significative, choisissant tous deux un rôle d’opposition. Personne ne veut travailler avec le Vlaams Belang de droite radicale, ont clairement indiqué les autres partis avant les élections.

Seule option logique

Une coalition de centre-droit est donc devenue la seule option logique. Le chef du plus grand parti, Bart De Wever, de la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), nationaliste, conservatrice et libérale flamande, a été nommé informateur puis formateur par le roi Philippe de Belgique. Outre la N-VA, les libéraux francophones du Mouvement Réformateur (MR), le parti centriste Les Engagés, les Démocrates-Chrétiens flamands (CD&V) et le Vooruit socialiste les ont rejoints.

De Wever s’est fixé comme date limite le 20 septembre. La Commission européenne attend ensuite des éclaircissements sur la manière dont la Belgique entend remédier à son dramatique déficit budgétaire. Pas moins de 28 milliards d’euros doivent être économisés en quatre ans.

Comment économiser ? De Wever a présenté un certain nombre de propositions initiales sur la réforme du marché du travail, des retraites et des impôts. Le Vooruit et les démocrates-chrétiens ont trouvé ces projets trop libéraux « déséquilibrés ». Ils ont répondu à De Wever, qui voulait également faire plaisir aux libéraux francophones. Après des semaines de discussions sur l’orientation socio-économique, un consensus semblait se dégager.

Pourtant, les choses ont toujours mal tourné

Les négociations se poursuivaient dimanche soir toujours fauxrapportent les médias belges. Le chef des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez, s’est opposé à une taxe déjà négociée sur la vente d’actions avec bénéfice. Cette mesure pèserait davantage sur les gros patrimoines et était donc cruciale pour que le leader socialiste Conner Rousseau se prémunisse contre les critiques de la future opposition de gauche.

Plusieurs journaux ont également rapporté que l’ego de Bouchez et Rousseau rendait un accord difficile. Ces deux hommes politiques relativement jeunes sont connus pour être des personnalités flamboyantes, dotées de l’envie nécessaire de se profiler.

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Lundi, le formateur De Wever s’est vu accorder trois jours supplémentaires par le roi Philippe pour réunir Bouchez et Rousseau. Mercredi, il s’est entretenu individuellement avec tous les chefs de parti et, bien après minuit, les négociateurs se sont tous assis ensemble pendant une demi-heure. Ils sont sortis sans accord.

Dans une dernière tentative de collage, De Wever a présenté jeudi aux dirigeants du parti un compromis « ultime » dans lequel la mesure fiscale était édulcorée. Le libéral Bouchez a rejeté cette proposition, rapporte l’agence de presse Belga.

Jeudi soir à 20h15, le formateur De Wever s’est rendu bredouille chez le roi Philippe, où il a présenté sa démission après avoir posté un selfie avec son fils Simon sur Instagram. Après une conversation de plus d’une heure la Maison Royale a annoncé que le monarque a accepté cela. Aucun successeur n’a encore été annoncé vendredi, le roi s’entretiendra davantage avec les cinq partis participant aux négociations gouvernementales.

Cela semble exclure une formation harmonieuse du gouvernement. Il n’existe pas d’alternative réaliste, telle que le maintien de l’actuelle coalition intermédiaire. La Belgique attend les élections municipales en octobre. Étant donné que la plupart des chefs de parti optent également pour une écharpe de maire, on s’attend à ce que les négociations ne reprennent réellement que plus tard cet automne.






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