Les États-Unis évacuent le personnel de l’ambassade d’Haïti par avion alors que la violence s’intensifie


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Les États-Unis ont évacué par avion le personnel de leur ambassade hors d’Haïti alors que la violence ravage ce pays des Caraïbes et que des gangs attaquent les bâtiments gouvernementaux dans la capitale, Port-au-Prince.

« La violence accrue des gangs dans le quartier proche des locaux de l’ambassade américaine et à proximité de l’aéroport a conduit le département d’État à décider d’organiser le départ du personnel supplémentaire de l’ambassade », a déclaré dimanche l’ambassade américaine.

Le personnel « non essentiel » était parti, précise-t-on sans donner de chiffres, mais l’ambassade reste ouverte. Plusieurs pays, dont la France et l’Espagne, ont réduit le personnel de leurs ambassades ou suspendu leurs opérations au cours des deux dernières années alors que l’insécurité sévissait en Haïti.

Le pays est embourbé dans un nouveau cycle de violence après que des gangs rivaux ont uni leurs forces ce mois-ci pour lancer une vague d’attaques contre le gouvernement. Le ministère de l’Intérieur a été incendié vendredi soir au milieu d’intenses combats dans le centre-ville de Port-au-Prince, tandis que des commissariats de police ont également été attaqués.

Des gangs réclament l’éviction du Premier ministre Ariel Henry, qui a pris le pouvoir avec le soutien des États-Unis après l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021 mais n’a pas organisé d’élections ; les mandats de tous les responsables en Haïti ont depuis expiré.

Des policiers en patrouille à Port-au-Prince samedi © Ralph Tedy Erol/Reuters

Dans le même temps, le pays connaît des conditions humanitaires désastreuses. De nombreuses écoles et hôpitaux ont été contraints de fermer, tandis que les ONG – souvent les administrateurs des services en Haïti – ont averti que la nourriture, l’eau et le carburant commençaient à manquer.

Quelque 15 000 personnes ont été déplacées par les récentes attaques, selon l’ONU, tandis que 3 800 détenus se sont évadés de deux prisons ce mois-ci.

Jimmy Cherizier, un chef de gang redouté également connu sous le nom de « Barbecue », a déclaré mardi lors d’une conférence de presse dans la rue à Port-au-Prince que « si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue de soutenir Ariel Henry, ils nous mènera directement à une guerre civile qui se terminera par un génocide ».

Les États-Unis ont exhorté Henry à « accélérer une transition politique » grâce à la création d’« un collège présidentiel indépendant et à large assise », a déclaré vendredi le Département d’État.

Ce collège serait composé d’hommes politiques et de membres de la société civile haïtienne pour guider le pays vers le déploiement d’une force internationale chargée de maintenir l’ordre et d’éventuelles élections.

Le Commandement Sud de l’armée américaine a déclaré dimanche qu’il avait également envoyé du personnel en Haïti pour renforcer la sécurité de l’ambassade. « Ce pont aérien de personnel entrant et sortant de l’ambassade est conforme à nos pratiques habituelles en matière de renforcement de la sécurité des ambassades dans le monde entier, et aucun Haïtien n’était à bord de l’avion militaire », indique un communiqué.

Le pays est en effet confiné, l’aéroport et le port maritime de Port-au-Prince suspendant leurs opérations au milieu des dernières violences. Son île voisine, la République dominicaine, a fermé sa frontière terrestre de 390 km aux personnes qui la traversent.

Henry se cache à Porto Rico, après avoir quitté Haïti le mois dernier pour assister à un sommet avec les dirigeants du bloc commercial de la Communauté des Caraïbes en Guyane. Le président dominicain Luis Abinader a repoussé les efforts d’Henry pour revenir via la République dominicaine.

Henry a été vu pour la dernière fois en public le 1er mars à Nairobi, où il cherchait à accélérer le déploiement d’une force de sécurité internationale, au point mort depuis longtemps, pour renforcer la police haïtienne débordée. Le Kenya s’est engagé à diriger la mission autorisée par l’ONU avec 1 000 policiers, tandis que des pays d’Afrique et des Caraïbes, dont le Bénin, le Tchad et la Jamaïque, ont également annoncé qu’ils enverraient du personnel.

La Caricom a convoqué lundi une réunion d’urgence en Jamaïque et a invité les États-Unis, l’ONU et le Brésil. On ne sait pas si Henry sera présent.



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