Les boas de Groningue seront-ils bientôt autorisés à porter un foulard ou une kippa ? Le maire et les boas eux-mêmes n’aiment pas ça, mais la majorité du conseil l’aime

Les boas eux-mêmes n’en sont pas satisfaits et le maire Koen Schuiling n’est pas non plus d’accord, mais une majorité du conseil municipal de Groningue semble être en faveur du port du foulard dans l’uniforme des enquêteurs spéciaux.

Une expression religieuse telle qu’un foulard, une kippa ou une croix rend-elle l’uniforme d’une figure d’autorité plus inclusive ou affecte-t-elle réellement la neutralité et crée-t-elle des risques potentiels pour la sécurité ? Au conseil municipal, la discussion a été assez noire ou blanche et le bourgmestre Koen Schuiling tente de ramener la nuance. Nuance qui renforce la « voix négative », car Schuiling n’aime pas le projet.

Les partisans politiques des expressions religieuses estiment que la municipalité de Groningen exclut désormais les gens. Une femme musulmane qui porte le foulard ne peut pas sortir en uniforme d’officier enquêteur spécial (BOA). Ensuite, il faut enlever le foulard et c’est justement le point sensible. Une majorité des partis considère qu’il est absurde qu’un foulard affecte la neutralité d’un boa. « La neutralité réside dans votre attitude et votre comportement et non dans votre apparence », déclare Wesley Pechler du Parti pour les Animaux.

« C’est un uniforme, pas un pluraliste »

Les opposants au foulard, à la kippa ou à la croix avec l’uniforme estiment qu’il ne faut pas faire de compromis sur l’uniforme. « Ce n’est pas sans raison qu’un uniforme est appelé uniforme et non multiforme », explique Daan Brandenbarg (SP). Les opposants estiment qu’une expression religieuse peut certainement susciter des discussions. De plus, ils ne voient pas quel problème est en train d’être résolu, car personne ne s’est encore manifesté pour devenir des boas et porter des expressions religieuses. Ils craignent également que la sécurité ne soit compromise.

Partisans et adversaires des expressions religieuses en uniforme

Pour Parti pour les Animaux, GroenLinks, Student & City, Christian Union et CDA
En échange de SP, VVD, Parti pour le Nord, City Party 100% pour Groningen et PVV
Ne sais pas encore PvdA et D66

Groningue n’est pas unique aux Pays-Bas. À Arnhem et Tilburg, les boas sont autorisés à porter des expressions religieuses telles que le foulard depuis décembre de l’année dernière. Aucune personne ne s’est encore inscrite dans l’une ou l’autre ville pour le souhaiter. Utrecht autorise les expressions religieuses depuis le 1er février. Il existe également une majorité en faveur du conseil à Rotterdam et à Amsterdam, mais les deux villes attendent toujours.

Le maire n’en veut pas

Le fait qu’il s’agisse d’une question sensible ressort également des mots extrêmement prudents que le maire Koen Schuiling choisit lorsqu’il tente de convaincre le conseil municipal de ne pas donner suite au projet. Schuiling dit qu’il travaille avec la police du nord des Pays-Bas pour que la police reflète davantage la société. Parce qu’il reconnaît que c’est un problème.

Mais Schuiling se demande si le fait de pouvoir porter un foulard est le bon moyen de parvenir à plus d’inclusivité. «Je ressens certaines hésitations», dit-il. « Les personnes qui travaillent directement dans le domaine de la sécurité, comme les juges, les policiers et les boas, ne doivent pas apparaître guidées par une philosophie de vie. Leur neutralité est aussi une question de sécurité.

Selon le maire, il arrive déjà que des personnes portant des tatouages ​​visibles puissent être retirées de leur travail si cela met en danger leur sécurité. « Et nous ne parlons pas seulement de la sécurité d’un officiel, mais aussi de celle d’une équipe. Nous ne pouvons pas nous permettre qu’un collègue ne veuille pas se tenir à nos côtés. Je ne veux pas que les boas eux-mêmes soient en danger, que la neutralité du gouvernement soit compromise et que les coéquipiers soient en danger. C’est une menace.

Le syndicat BOA considère que c’est un mauvais plan

L’association néerlandaise BOA considère que les mesures prises par des villes comme Tilburg et Arnhem et peut-être aussi Groningue sont une mauvaise chose. Le président Ruud Kuin, comme Schuiling, estime qu’il est important que les autorités évitent de donner l’impression de ne pas être neutres. « Tout comme la police et les juges, nous disposons d’un pouvoir spécial pour priver les citoyens de leur liberté. Il ne faut pas permettre qu’une expression religieuse provoque une discussion à l’avance.

Il y a aussi des réticences chez les boas de Groningue. Ils s’attendent à ce que leur travail soit rendu inutilement plus difficile. Les boas voyagent par paires et alors l’expression de l’un peut devenir un problème pour l’autre, craignent-ils. Et un boa portant une kippa peut-il aller à une manifestation pro-palestinienne ? Ou quelqu’un avec un foulard à une manifestation pro-israélienne ? Non, c’est la réponse de Schuiling. «Mais je n’ai pas tellement de boas que je puisse avoir la flexibilité du monde», explique Schuiling.

« On ne voit pas plus d’agressivité ailleurs »

Le conseiller du D66, Jim Lo-A-Njoe, comprend l’inquiétude des opposants quant à la sécurité des boas. «Mais cette transition a déjà été faite chez les agents de sécurité ou chez les NS et ils n’y voient plus d’agression. Il en va de même pour les policiers en Suède, au Canada, en Angleterre ou en Écosse.

De plus, interdire les expressions religieuses par peur des réactions est le contraire, affirme Etkin Armut du CDA. « Nous ne devrions pas céder à cela. La tolérance passe avant tout et nous, en tant que municipalité, devons donner le bon exemple. Ne pas le faire ne résoudra pas le problème du durcissement de la société.»

Le débat avec Schuiling a fait réfléchir les partisans, mais ceux-ci soumettront la proposition visant à autoriser les expressions religieuses en uniforme début mars. Il faudra savoir le 6 mars si Schuiling a réussi à convaincre les partis.



ttn-fr-45