L’échec fait «partie du jeu» dans les voyages spatiaux, et cela s’applique également à Virgin Orbit

Une étoile filante brillante trace une ligne dans le ciel nocturne. La vidéo, tournée par Ramón López sur l’île canarienne de Lanzarote au large de la côte ouest africaine, montre la fin peu glorieuse de la fusée LauncherOne de Virgin Orbit. Après le lancement raté de lundi soir, il est retombé en flammes, y compris neuf satellites, dont les restes reposent maintenant au fond de l’océan Atlantique.

« Il semble que le moteur-fusée du deuxième étage n’ait pas fonctionné correctement », explique Marco Langbroek, chercheur à la TU Delft et bien connu traqueur de fusées et de satellites dans le ciel. Le missile avait été lancé au-dessus de l’océan Atlantique au sud de l’Irlande depuis le dessous d’un Boeing 747 qui avait décollé plus tôt dans la nuit de la péninsule britannique de Cornouailles. Des milliers de spectateurs étaient venus voir le premier lancement de fusée d’Europe occidentale en orbite autour de la Terre.

Étudier les données de vol

Après que le premier étage a brûlé et s’est effondré, le moteur-fusée du deuxième étage aurait dû propulser la charge utile à une altitude de 550 kilomètres. Virgin Orbit a initialement signalé via Twitter qu’il avait réussi, mais une demi-heure plus tard, le message est apparu qu’une anomalie s’était produite. Dans les semaines à venir, les ingénieurs passeront en revue les données de vol avec une loupe, dit Langbroek, « Cela peut prendre des semaines avant de savoir exactement ce qui n’a pas fonctionné. »

Mais quel que soit le résultat, l’échec est une mauvaise nouvelle pour l’American Virgin Orbit, cotée en bourse. La société a investi environ 1 milliard de dollars dans le développement de LauncherOne et a effectué six lancements, dont quatre ont été couronnés de succès. Avec un prix de lancement d’environ 12 millions de dollars et des coûts mensuels de 20 millions de dollars, il devra augmenter considérablement la fréquence de lancement pour entrer dans les chiffres noirs, mais cela semble impossible pour le moment. „L’espace est difficile, les profits sont plus difficiles», titrait le blog aérospatial arc parabolique sans relâche.

« Les échecs font partie des voyages spatiaux », explique Langbroek. Moins de 24 heures après la débâcle de LauncherOne, le premier lancement de la fusée américaine ABL Space Systems RS1 a échoué peu de temps après son lancement depuis l’île Kodiak en Alaska. Sur une vidéo c’est le champignon atomique pour voir, la société signale seulement que le lancement a échoué. Le 20 décembre dernier, la nouvelle fusée Vega C de l’agence spatiale européenne ESA n’a pas atteint son orbite prévue lors de son deuxième vol. Et en février, 40 satellites Starlink appartenant à la société aérospatiale SpaceX d’Elon Musk ont ​​été perdus à cause d’une explosion d’activité solaire prévue. « SpaceX est très expérimenté, mais ils peuvent aussi faire des erreurs », explique Langbroek.

As sur le marché de la croissance

Pourtant, l’échec n’est pas un revers pour les voyages spatiaux européens, dit Langbroek. « Virgin Orbit est une entreprise 100% américaine. » C’est aussi l’une des dizaines d’entreprises aérospatiales commerciales qui s’attaquent au marché en croissance des petits lanceursdes fusées relativement petites qui peuvent mettre en orbite quelques satellites de taille moyenne ou une poignée de satellites plus petits par lancement.

Il s’agit notamment d’entreprises européennes telles que le britannique Skyrora avec la fusée Skylark L (un lancement raté en octobre) et l’italien Avio, constructeur de la Vega C. Le britannique Orbex (fusée Prime), l’allemand Rocket Factory Augsburg (Helix) et ISAR Aerospace (Spectrum) n’a encore fait aucune tentative de lancement, tout comme les français Maiaspace (Prometheus) et Latitude (Zephyr). Dawn Aerospace, basée à Delft en Nouvelle-Zélande, effectue des vols d’essai avec l’avion-fusée Aurora, pour l’instant sans satellites à bord. Hors d’Europe, il y a l’américain Firefly (missile Alpha, deux lancements ratés), Relativity (Terran 1, toujours en développement) et donc ABL, qui a dû faire face mardi à un revers majeur en Alaska.

La seule entreprise à disposer d’une petite fusée opérationnelle est Rocket Lab de Nouvelle-Zélande, qui a déjà effectué 32 lancements avec son Electron. Parmi eux, trois échecs. Le prochain lancement est prévu le 22 janvier.





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