« Le soutien à Kiev est une valeur non négociable, j’espère un parti démocrate uni aujourd’hui à Strasbourg »

«L’aide, y compris militaire, à l’Ukraine doit rester une valeur non négociable, quel que soit le secrétaire du Parti démocrate. Le droit international ne peut pas être transformé en vieux papiers. Et la secrétaire Elly Schlein a précisé plus d’une fois que la ligne du Parti démocrate sur ce point très important n’a pas changé et ne changera pas ». Du député européen du Pd Elisabetta Gualmini, l’un des principaux représentants de la minorité Bonaccini, vient une prédiction qui est aussi un avertissement. Le Parlement européen vote aujourd’hui le feu vert définitif à l’ASAP (Loi de soutien à la production de munitions), la mesure proposée par le commissaire Thierry Breton pour augmenter la capacité européenne de production de matériel de guerre à envoyer en Ukraine avec une dotation de 550 millions. La dernière fois, fin mai, la délégation du Pd à Strasbourg s’est présentée sans ordre particulier : 10 pour, 4 abstentions et 1 contre.

M. Gualmini, le Pd sera-t-il uni sur l’Ukraine cette fois ?
Il faut dire que dans tous les pays, il y a une division sur des questions comme celle-ci qui traverse les partis, et un grand parti pluriel comme le Parti démocrate ne fait pas exception. Mais je crois et j’espère qu’aujourd’hui à Strasbourg il y aura une consolidation sur le vote favorable, aussi parce qu’il y a eu différentes étapes par rapport à fin mai. Tout d’abord – grâce au travail extraordinaire réalisé par le socialiste portugais Carlos Zorrinho dans le cadre du trilogue (négociations informelles entre le Parlement, le Conseil et la Commission, ndlr) – il a été la référence à l’utilisation possible des fonds de cohésion de l’UE pour les dépenses militaires a été supprimée et la possibilité de dérogations aux heures de travail dans les entreprises de fabrication d’armements a été supprimée. Il ne reste que la possibilité, pour les Etats qui le souhaitent, de puiser dans les fonds du Pnrr. Mais sur ce point le secrétaire Schlein et les groupes dem du Parlement national ont obtenu un résultat très important avec un agenda également voté à la majorité qui exclut la possibilité pour l’Italie d’utiliser les fonds du Pnrr.

Il reste qu’au Pd les positions « pacifistes » semblent avoir été renforcées par Schlein, par exemple avec la nomination de Paolo Ciani (Demos) comme vice-président du groupe Chambre.
Personnellement, je ne suis pas scandalisé par la nomination de Ciani, un choix évidemment destiné à donner une représentation aux mondes culturels et politiques proches du Parti démocrate. L’important est que la ligne du parti pro-Ukraine ne change pas. Cela ne signifie pas qu’il faudra bientôt décider du rôle que l’Europe veut jouer : seule une UE plus forte, même militairement, peut faire autorité dans le processus de paix.

Était-ce une erreur de la part du secrétaire Schlein de se rendre à la manifestation du M5 le 17 juin ?
Non, participer à des manifestations est toujours légitime. A mon avis, il aurait mieux valu prendre ses distances avec certains arguments pro-Poutine et anti-OTAN entendus sur scène, qui sont franchement inacceptables. De manière générale, le Parti démocrate ne doit pas courir après le M5 mais plutôt se renforcer et imposer son programme : ce n’est qu’ainsi qu’il pourra devenir le pivot de la future coalition alternative à droite, et à ce moment-là les alliés nous suivront.

De la part de Schlein, il semble y avoir une tentative de séparer Carlo Calenda de Matteo Renzi pour s’allier uniquement avec le premier.
L’erreur déjà faite aux politiques serait répétée. Le Parti démocrate doit construire une alternative à la droite en rassemblant toutes les oppositions, sans choisir, sinon nous ne serons pas compétitifs.



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