Avec une forte traction au volant, Conner Rousseau dirige les socialistes flamands vers une voie différente, plus conservatrice. Le succès escompté étouffe toute opposition interne.

Bart Eeckhout27 août 202203:00

Dans l’ombre de la guerre explosive contre la drogue à Anvers, une bombe proverbiale a explosé à Vooruit. Stone of offense est une interview que l’échevin anversois Tom Meeuws a accordée à De Standaard le week-end dernier. Dans ce document, les navires qualifiaient toute la guerre contre la drogue d' »impasse » et critiquaient poliment le style polarisant du maire Bart De Wever (N-VA). L’interview, qui n’a pas été discutée au préalable, n’a pas plu au reste de la direction nationale et locale du parti, qui aime garder un contrôle total sur la communication. Meeuws ne fait pas grand-chose de plus que répéter quelques idées traditionnellement progressistes sur la politique en matière de drogue, mais il y a un écart entre ces opinions et celles de Jinnih Beels, lui-même ancien commissaire de police.

Pourtant, l’écart est surtout une question de tactique. Beels aime se présenter à Anvers comme un partenaire fidèle de la N-VA. Meeuws représente le courant du parti qui préfère garder ses distances avec De Wever – un nom qui ne reste pas incompréhensiblement sensible à pas mal de progressistes. Par exemple, Vooruit dans la ville de l’Escaut est confronté à un dilemme bien connu. L’électeur vous appréciera-t-il davantage si vous travaillez bien ensemble, ou si vous mettez l’accent sur votre propre ligne de parti et donc de temps en temps vous bottez le cul ?

realpolitik

Pour Conner Rousseau, cela ne fait aucun doute. Il est sur la ligne Beels (ou plutôt : Beels est sur la ligne Rousseau) et préfère garder intacts les liens avec la N-VA. Pour Vooruit, l’expérience anversoise est une préfiguration de possibles futures coalitions en Flandre ou même en Belgique, en 2024. Question de realpolitik : quiconque veut faire « partie » en Flandre doit passer par le bureau de Bart De Wever.

A l’inverse, De Wever accepte avec reconnaissance le rapprochement. Pour lui aussi, Vooruit propose des options. Afin de sortir de selle l’actuelle coalition fédérale et de se venger de l’Open Vld d’Egbert Lachaert et Alexander De Croo et d’avoir une alternative réaliste, les résultats des urnes ont permis d’augmenter la pression interne en 2024 pour parvenir à un accord. avec VB. pour fermer…

Le changement de cap des socialistes flamands sous Conner Rousseau est plus qu’une tactique, a encore illustré le président dans Le journal. « Selon moi, un woker est quelqu’un de super agressif qui veut imposer son droit à quelqu’un d’autre. (…) C’est aussi intolérant que les extrêmes », disait Rousseau avec la même subtilité avec laquelle il parlait tout à l’heure des jeunes femmes voilées, des mères toxicomanes ou de Molenbeek. À chaque nouveau coup de pied contre la jambe – sensible – du cosmopolite progressiste, il devient plus clair que Rousseau oriente délibérément son parti dans une direction différente. Vooruit est un parti qui tente de combiner une focalisation aiguisée de la gauche classique sur les priorités socio-économiques avec une vision plus conservatrice, voire « de droite », des questions d’identité éthique.

C’est ce qu’on appelle parfois le modèle danois, d’après la recette des sociaux-démocrates danois. Tout n’est pas nouveau. On pouvait aussi y lire un retour au socialisme de Louis Tobback. Il a également gagné en popularité, alors qu’il était vivement critiqué par les progressistes. Tobback et Rousseau partagent dans une certaine mesure la même inspiration : Mark Elchardus, qui dans Réinitialiser formule une critique sévère du libéralisme économique de droite et de la pensée identitaire éthique de gauche. Maintenant qu’après Bart De Wever, le président du CD&V, Sammy Mahdi, affiche lui aussi le même ton « néo-conservateur », on pourrait même parler d’une majorité virtuelle d’Elchardus en Flandre.

En contraste frappant avec l’agitation parmi les progressistes à propos de l’attitude et du style de communication de Rousseau, il y a le silence intérieur. Les Jeunes socialistes marmonnent parfois quelque chose et l’interview de Tom Meeuws a mis en évidence une différence d’opinion plus profonde. Même cela s’est finalement passé sans conflit. Ce silence a une explication simple : l’approche de Rousseau semble fonctionner. A en juger par les sondages, Vooruit semble être le seul parti du milieu à rebondir depuis le prix plancher historique. De nombreux membres du parti aimeraient grincer des dents en silence.

Rousseau cible deux groupes différents d’électeurs « décrocheurs ». La droitier la langue est destinée à la population active âgée, souvent peu éduquée, qui s’était éloignée du parti. La communication branchée, souvent apolitique via les médias sociaux, avec ‘Conner’ et non Vooruit comme marque, s’adresse précisément aux jeunes qui n’ont (encore) aucun intérêt pour la politique partisane. Les deux groupes se retrouvent désormais facilement dans les filets de la droite radicale, également très active sur les réseaux sociaux.

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Quiconque semble convaincu du succès potentiel de la « stratégie Conner » est… le Vlaams Belang. Le président de VB, Tom Van Grieken, semble plus nerveux à Rousseau qu’à De Wever. A l’inverse, Rousseau sait aussi qu’il y a des opportunités ici. Il attaquera rarement VB de front à moins qu’il ne voie des opportunités de gagner. Ils étaient là, par exemple, après le soutien raciste de Dries Van Langenhove au festival de musique néonazi Frontnacht.

Ainsi, les électeurs de gauche ont désormais le choix entre une gauche conservatrice, une gauche populiste et une gauche verte. Cela pourrait conduire à un élargissement du petit groupe électoral de gauche en Flandre. La coopération de gauche devient plus difficile, car elle a été explosée par Vooruit avec un cartel avec Groen à Gand.

Pour l’instant, Groen ne semble pas vouloir se profiler trop explicitement comme l’alternative progressiste à Vooruit. Après l’interview au réveil de Rousseau, le président de Groen a envoyé un message fort sur Instagram. Il a été rapidement retiré. La nouvelle polarisation à gauche ne doit pas non plus être trop épaisse.



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