Le choix de nombreuses filles, mais aussi de nombreuses femmes, de porter incorrectement le voile, tous les jours, à Téhéran. Et les messages de la prison à l’ONU pour la libération des femmes dans le monde. C’est ainsi que la protestation des femmes iraniennes a changé au cours de ces deux années sans Mahsa Amini


LEle Prix ​​Nobel de la Paix 2023 Narges Mohammadi a publié un message depuis la prison d’Evin, en Iran, à l’occasion du deuxième anniversaire de décès de Mahsa Amini.«J’exhorte les Nations Unies à mettre fin à leur silence et à leur inaction face à l’oppression et à la discrimination dévastatrices à l’égard des femmes par des gouvernements théocratiques et autoritaires, criminaliser l’apartheid de genre ». Un message qui dit clairement dans quelle direction a pris la protestation des femmes iraniennes. «La libération des femmes de l’emprise de l’oppression et de la discrimination est essentielle pour renforcer la force qui anime la paix et la démocratie». Une direction que nous expliquent bien deux militants du mouvement Femme, vie, liberté. Deux femmes qui vivent en Italie et qui, depuis l’Italie, continuent de se battre pour leur pays, aux côtés d’Amnesty International Italie.

« L'enfant secret », le clip du film sorti pour l'anniversaire de la mort de Mahsa Amini

L’Iran, deux ans après Mahsa Amini. Entretien avec les militants de Femme, vie, liberté

«On peut dire que le centre de la lutte aujourd’hui est en prison. Messages de Narges Mohammadi elles forment une alliance avec les autres femmes de la prison d’Evin. Et chaque mardi, les détenus entament une grève de la faim et crient des slogans contre la peine de mort. C’est très risqué pour tout le monde : ils sont battus et leur situation empire inévitablement », explique Parisa Nazari, née à Téhéran en 1974, en Italie depuis 1996 mais qui pense toujours à l’Iran.

Le thème est l’apartheid de genre, de l’Iran à l’Afghanistan

Et maintenant le thème, qui vient de la prison, c’est le criminalisation de l’apartheid de genre. Un thème international. «La violation des droits des femmes est systématique: en Iran, mais pas seulement en Iran», explique Shady Alizadeh, avocate et militante italo-iranienne, impliquée dans Femme, vie, liberté. «Grâce à notre mouvement, la liberté des femmes est devenue un paradigme culturel qui ne peut plus être ignoré, jamais et n’importe où. C’est pourquoi moi, de notre mouvement, résistant et résilient, je n’en vois pas la fin. Nous n’arrêterons le combat que lorsque les femmes seront traitées sur un pied d’égalité partout dans le monde.».

Téhéran, le 15 septembre 2024. À l’occasion du deuxième anniversaire de la mort de Mahsa Amini, des femmes choisissent la désobéissance civile, en portant le voile de manière inappropriée. (Photo d’ATTA KENARE / AFP) (Photo d’ATTA KENARE/AFP via Getty Images)

Narges Mohammadi et la lutte internationale pour les droits des femmes

C’est sur ce point que pousse aussi le message de Narges Mohammadi : la bataille pour les droits des femmes est internationale, dit-on. de l’Iran à l’Afghanistan. Ce n’est pas un hasard si ces dernières semaines de nombreux militants iraniens ont relancé les vidéos de femmes afghanes qui, en chantant, s’opposaient à l’interdiction de le faire.

L’importance du journalisme citoyen et d’un Occident allié

Maintenir l’attention de l’Occident, des institutions et de la société civile sur le régime théocratique est l’objectif de Mohammadi et des militants. «La diaspora iranienne compte environ 8 millions de personnes et constitue une communauté hybride, qui abrite des courants et des visions variés», explique Nazari. «Nous savons tous de quoi le régime est capable s’il se sent intouchable. ET le régime connaît la valeur de journalisme citoyen: on se souvient comment, en novembre 2019, le blocage d’internet dans tout le pays l’avait isolé. Lors de manifestations pacifiques contre l’augmentation du prix de l’essence, des policiers ont tiré sur la foule. Et même aujourd’hui, nous ne savons pas combien de personnes ont été blessées ou tuées. Il est important que le monde le voie, proteste, s’indigne : nous le pensons, Téhéran le craint».

L’Iran, interlocuteur international. Et les droits de l’homme ?

Pourtant l’Iran est considéré comme un interlocuteur au niveau international, des accords commerciaux sont conclus avec Téhéran, des accords sont stipulés pour le cessez-le-feu à Gaza. Nazari poursuit : « Le nouveau Président de la République Islamique a essayé, avec une belle opération de lavage, de donner une image nouvelle et ouverte. Mais il est très grave que, lorsque des accords de toute nature sont discutés au niveau international, les droits de l’homme sont totalement négligés. En raison du rôle important qu’il joue, Téhéran jouit d’une sorte d’intouchabilité. Et c’est très grave. »

Des manifestations de rue à la désobéissance civile, voilà comment le mouvement a évolué

Pendant ce temps, dans la société, « même si la contestation contre le régime misogyne et liberticide est toujours d’actualité, la forme de la protestation a changé. Plus que des manifestations de masse, comme pendant les premiers mois après la mort de Mahsa Amini, aujourd’hui, nous luttons contre la désobéissance civile». Les filles le font mais aussi les femmes adultes, et elles ne risquent pas moins. «Ils défient le régime en ne portant pas le voile ou en le portant de manière inappropriée. Ils connaissent les dangers auxquels ils sont confrontés, depuis l’arrestation par la police des mœurs jusqu’aux passages à tabac et au viol. Mais leur courage est sédimenté en eux : il vient du passé, d’années de lutte pacifique et constante. Et de la conscience de leurs droits. »

Le rôle des hommes, aux côtés des femmes iraniennes

A leurs côtés, Les hommes aussi se battent : des pères, des frères, des fils qui risquent leur vie aux côtés des femmes. Ils comprennent la valeur de l’égalité des sexes. Shady Alizadeh explique : « Ce n’est pas un hasard si seuls des hommes ont été exécutés au cours de ces deux années. Ils sont les seuls exécutés par le régime parce qu’ils l’ont trahi à deux reprises. Ils ont protesté mais ils ont aussi nié le système de pouvoir qu’ils détiennent en tant qu’hommes et qu’ils devraient s’engager à perpétuer. » Et à la place, surprise, ils aimeraient vivre dans un monde où les femmes seraient libres.

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