La Saint-Valentin nous rappelle que l’amour doit être chéri chaque jour. Une prise de conscience qui dure vingt-quatre heures puis disparaît comme par magie, dépassée par le quotidien


Antonella Baccaro (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

SLa Saint-Valentin est passée et je peux maintenant pousser un soupir de soulagement. Mon « quart de nuit » est terminé et je reviendrai, si Dieu le veut, dans un an. je fais allusion à tour de force à laquelle la Saint-Valentin nous soumet désormais périodiquement.

Une fête devrait être une fête. Alors pourquoi, chers amis, en couple, et pas seulement, en faisons-nous une telle épreuve ? Mon téléphone regorge de récriminations, de menaces, d’ultimatums adressés indirectement aux partenaires d’autrui et de quelques demandes d’asile temporaires.

La journée dédiée à l’amour devient ainsi l’épreuve décisive de nos vies passées à côté de quelqu’un d’autre. Ou seul.

Mais je me souviens d’autres appels téléphoniques, les interminables dans les premiers instants, où nous avions hâte de rencontrer l’autre, nos cœurs palpitaient et des stratégies s’élaboraient entre nous, bien sûr, mais pour raccourcir l’anxiété et les délais d’attente.

«C’était le grand amour de ma vie», m’a avoué quelqu’un, probablement en exagérant dans son ton. « Je lui ai déjà trop pardonné », se plaignit un autrevibrant de ressentiment.

Pour la Saint-Valentin, au Vietnam, les gens comptent sur Bouddha pour trouver l'amour

« Que feriez-vous à ma place? ». Quand tu arrive ici, à cette question, je prends une pause et je pense que mon choix a toujours été de me préserver. Mais je sais que ce n’est pas ce qui arrive dans la plupart des couples car il y a avant tout des enfants.

Mais aussi pourquoi dans des liens durables, on finit par perdre des morceaux de soi et acquérir une physionomie qui n’est plus la sienne mais ce n’est certainement pas, et heureusement, une copie de l’autre. Dans cette osmose involontaire et définitive, se perd le sens de ce qu’on était, de ce qu’on voulait et de ce qu’on désirait pour soi.

La Saint-Valentin plutôt, avec cet air insupportablement inoffensif et maussade, est là pour nous rappeler, une fois par an, la distance entre nos rêves et ce que nous sommes devenus. Cet amour doit être entretenu chaque jour, comme nous le faisons pour des choses bien moins importantes. Et parfois, il est trop tard pour le faire. Une prise de conscience qui dure vingt-quatre heures puis disparaît comme par magie, dépassée par le quotidien. Pauvre cœur, aujourd’hui c’est déjà le lendemain, dans trois cents on verra.

Vous souhaitez partager avec nous des émotions, des souvenirs, des réflexions ? Écrivez-nous à [email protected]

Tous les articles de Antonella Baccaro

iO Donna © TOUS DROITS RÉSERVÉS



ttn-fr-13