La France signe un accord de défense avec la Moldavie face aux menaces russes


Restez informé avec des mises à jour gratuites

La France et la Moldavie ont signé des accords de coopération en matière de défense et économique dans le cadre des efforts du président français Emmanuel Macron pour que les pays occidentaux soutiennent l’Ukraine et ses voisins les plus vulnérables contre l’agression russe.

Les accords bilatéraux conclus jeudi interviennent une semaine après que la région séparatiste pro-russe de Transnistrie a demandé l’aide de Moscou, dans un appel qui faisait écho aux séparatistes de la région ukrainienne de l’est du Donbass au début du conflit en 2014. Les responsables russes ont récemment jours ont comparé le leadership pro-européen de la Moldavie à celui de l’Ukraine.

La guerre en Ukraine a eu de graves répercussions sur la Moldavie, un petit pays enclavé frontalier de l’Ukraine et de la Roumanie qui entretient des relations tendues avec Moscou depuis le conflit sécessionniste des années 1990. L’invasion à grande échelle du voisin moldave par la Russie a accéléré la poussée du pays vers l’ouest et le pays a obtenu le statut de candidat à l’UE aux côtés de l’Ukraine en juin 2022.

« Aujourd’hui, l’Ukraine est en première ligne dans la bataille pour l’Europe, pour tout ce qui nous est cher et que nous défendons. Notre sécurité commune est en jeu », a déclaré jeudi la présidente moldave Maia Sandu à Paris. « Si l’agresseur n’est pas arrêté, il continuera son chemin et la ligne de front continuera à se rapprocher. Plus près de nous. Plus proche de toi. »

Macron a promis que la France maintiendrait un « soutien indéfectible » à « l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale » de la Moldavie.

Le accord de défense comprend le placement d’un représentant militaire français en Moldavie, ainsi que des programmes de formation et des fournitures d’armes. Paris s’est également engagé à investir dans des projets énergétiques, les ressources naturelles et le transport ferroviaire moldaves.

L’ouverture de la main de Macron à la Moldavie fait suite à sa déclaration du mois dernier selon laquelle un déploiement de troupes occidentales en Ukraine ne devrait pas être exclu – des commentaires qui ont rapidement suscité des rebuffades de la part de ses alliés de l’OTAN.

Le président français a néanmoins poursuivi ses efforts diplomatiques pour renforcer son soutien à l’Ukraine. Lors d’une visite à Prague mardi, il a déclaré que la France se joindrait à une initiative menée par la République tchèque visant à acheter des munitions supplémentaires pour l’Ukraine auprès de pays non européens. Le président tchèque Petr Pavel a déclaré : « un [Nato] une mission de formation en Ukraine ne représenterait aucune sorte de violation du droit international ».

La Moldavie a commencé à négocier un accord bilatéral avec la France en 2022, mais son achèvement doit être considéré dans le contexte du « rôle de leader de la France sur la nécessité d’intensifier son soutien à l’Ukraine », a déclaré l’ancien ministre moldave des Affaires étrangères Nicu Popescu. « La Moldavie fait également partie de cet effort. »

La Moldavie est un État neutre et sa capacité à renforcer son armée est limitée par des ressources financières très limitées. En décembre, le pays a signé un contrat avec la France pour acquérir un système radar de Thales. Elle a également augmenté son budget de défense de 70 pour cent, pour le porter à 85 millions d’euros l’année dernière, et a également tiré 40 millions d’euros de la Facilité européenne pour la paix, un programme d’assistance financière.

Le soutien accru de la France à la Moldavie « nous montre que l’Europe comprend enfin que nous ne pouvons être en sécurité que si nos voisins le sont », a déclaré Siegfried Mureșan, député roumain qui préside la délégation du Parlement européen en Moldavie.

L’appel de la Transnistrie à l’aide de la Russie, a-t-il déclaré, est un rappel de ce qui pourrait arriver si la Russie gagnait en Ukraine. Mais la situation est « plus stable que nous sommes tentés de le croire – tant que l’Ukraine maintient les forces russes loin de la Transnistrie », a-t-il ajouté.

Après l’appel de la Transnistrie, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a averti que la Moldavie risquait de « suivre les traces du régime de Kiev ». Il a accusé le gouvernement de Chișinău de « bloquer tout ce qui est russe » et d’exercer « une pression économique sérieuse » sur la Transnistrie.

La Transnistrie compte moins d’un demi-million d’habitants, dont environ 200 000 Russes. Moscou a maintenu une base militaire d’environ 1 300 soldats sur le territoire après que les rebelles qu’elle a soutenus au début des années 1990 ont déclaré leur indépendance de Chișinău à la suite d’une guerre de sécession.

Le président Vladimir Poutine a rencontré mardi séparément Yevgenia Gutsul, gouverneur de Gagaouzie, une autre région pro-russe du sud de la Moldavie, pour entendre ses plaintes concernant le gouvernement de Chișinău.

Les forces russes ne pourraient prendre le contrôle de la Transnistrie que si elles occupaient le port ukrainien d’Odessa et les territoires environnants. La Russie a tiré des missiles et des drones sur Odessa à plusieurs reprises depuis 2022, y compris mercredi lorsque le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy visitait la ville avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, mais n’a jusqu’à présent pas tenté d’occuper la ville.

Reportage supplémentaire de Max Seddon à Riga



ttn-fr-56