La fête des mères est un mouvement du bas vers le haut, pour remercier le dévouement de ceux qui nous ont nourris, élevés, accompagnés, à chaque instant de la vie


csalut est une bonne maman? La question est posée par la série télévisée Les bonnes mèresles bonnes mères, qui retrace les étapes de prise de conscience et de rébellion de trois femmes calabraises, collaboratrices de justice contre la ‘Ndrangheta : Lea Garofalo, sa fille Denise et Giuseppina Pesce. En arrière-plan, une Calabre jamais vue, belle mais inaccessibleenfermé dans les villages de ses montagnes, gardiens des secrets et de l’oppression.

Danda Santini réalisatrice de « iO Donna » (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

Qu’est-ce qui pousse une mère à défier les lois de la famille, témoigner contre son mari, défier le clan ? Abandonner son monde – foyer, certitudes, affections et habitudes -, pour une vie traquée, fuyant d’un refuge à l’autre, avec le souffle dans le cou de ceux qui vous cherchent pour vous punir de la transgression ?

Toujours et seulement l’attachement farouche aux enfants et à leur avenir. Pas la leur, qui sera une condamnation à l’enfer, sans patrie ni racines, mais la leur, la seule qui justifie le sacrifice d’une vie, la leur. Ce n’est que de ce déracinement qu’une autre loi peut naître.

« Vous n’appartenez à personne d’autre qu’à vous-même. Vous décidez de votre vie» est le message que Lea Garofalo délivre à sa fille avant d’être tuée, la libérant d’une chaîne de sang et de silence. C’est le même sentiment obstiné de ceux qui laissent un nouveau-né devant l’hôpitalavec une lettre d’amour et de chagrin, afin que quelqu’un puisse offrir à ce fils un avenir meilleur, au prix de sa propre douleur éternelle. Qui tient un bébé contre sa poitrine et monte sur un bateauet quel genre de terre est sa terre s’il a le courage de prendre la route de la mer, qui en a trop englouti.

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De toutes les mères célibataires, pour cause d’abandon ou de malheurqui ont commencé enfant à serrer les dents la tête baissée, le labeur et l’humiliation, en partant d’Amérique du Sud ou des Philippines, pour pouvoir arracher leurs enfants à leur destin amer.

J’en ai rencontré beaucoup, baby-sitters, femmes de ménage et soignants, qui n’ont pas vu leurs enfants avoir des garçonsabsents pendant des années consécutives, pendant les vacances à la recherche d’un emploi comme substitut pour envoyer plus d’argent à la maison, rêvant d’eux en tant que diplômés.

Et devant leur sang-froid j’avais honte, moi qui avais toujours mes enfants à portée de main, de les embrasser et de les serrer dans mes bras quand je voulais, même s’ils s’enfuyaient et devenaient coquins. Mais je savais que si j’avais moins de chance, moi aussi je sillonnerais les océans pour eux.

Illustration de Cinzia Zenocchini

La fête des mères est un mouvement ascendant, pour remercier le dévouement de ceux qui nous ont nourris, élevés, accompagnés, à chaque instant de la vie. Enfants, nous levions fièrement les yeux en distribuant un petit dessin réalisé à l’école, aujourd’hui nous nous penchons pour caresser nos mamans redevenues petites, fières de nous.

C’est la célébration de nous tous que nous avons eu une personne attentionnée. Toujours bien, a priori, juste pour être là et se donner. Plus ou moins capable, assez bon, imparfait, distrait, anxieux. Parfois trop fatigué pour jouer ou trop stressé pour sourire. Mères courageuses et mères normales, sans rhétorique et sans héroïsme. Mais qui ont toujours voulu, uniquement et simplement, notre bien.

iO Femme © REPRODUCTION RÉSERVÉE



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