La boîte à dot était l’espace où prenait forme l’attente de l’avenir, des épouses et des mères. L’émancipation l’envoya au grenier. Mais peut-être que quelque chose qui est un incubateur d’identité, dans la liberté de choix, a encore du sens…


Barbara Stefanelli (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

Lune dot. C’est le titre de l’histoire d’Elisa Casseril’un des 11 chapitres qui, ensemble, donnent vie à l’anthologie Date de naissancepremier acte de la série conçue par Thérèse Ciabatti pour l’éditeur Solférino.

Elisa est une voix qui s’élève du jardin étrange où « Les paons » se rencontrent et se touchent. Des mères-garçons, selon la définition d’Achille Lauro : une génération « élevée seule », des enfants libres ou peut-être – pour commencer – seuls, qui avaient des parents au travail et des grands-parents éloignés.

Ils ont des scripts différents, dispersés aux quatre coins du pays et pourtant dans une connexion presque magique. Un peu comme à la Loggia dei Mercanti, à Milan, quand on s’éloigne en diagonale et pourtant on découvre qu’on peut entendre l’écho des paroles de l’autre si on se rassemble contre le coin opposé.

Ils partagent une chose : ils n’ont pas peur de chercher leur propre identité dans la fragmentation, dans le désordre, parfois dans le chaos, prêt à naître aussi souvent que nécessaire. Fidèle, jamais effrayé à l’arrêt, dans le labyrinthe des miroirs.

Elisa Casseri raconte son histoire – et emmène avec lui sa sœur, sa mère, sa grand-mère et son grand-père – à travers celle d’une malle antique marron foncé, avec des incrustations dorées et un cadenas, oubliée dans la maison familiale, dans le sud du Latium.

« Date de naissance » de Teresa Ciabatti (Solferino).

C’est là qu’au fil du temps et malgré le manque de confort de la famille, un trésor valant des dizaines et des dizaines de millions de lires s’est accumulé – couche par couche -. Draps, y compris soie, nappes en organzatorchons signés, serviettes… Chaque pièce avec une notice généalogique, où les prix à l’origine sont attestés. En attendant le mariage des deux héritières…

Les parents ne pouvaient pas savoir qu’ils auraient une fille « âgée de 40 ans et au casque gris qui ne veut ni se marier ni se reproduire » et une autre, même, « écrivaine ». Et ici, nous entrons presque tous en jeu.

Jusqu’en 1975, date de la révolution du droit de la famille, la dot était « un bien ou un ensemble de biens que la femme apporte à son mari pour contribuer aux charges et obligations du mariage.« .

La lecture et les livres comme forme de psychothérapie, pour mieux se connaître

Elle avait été codifiée par le droit romain, à l’origine pour défendre les filles qui ne pouvaient hériter mais qui méritaient au moins une « compensation » en argent et en biens solides (linge et mobilier). La loi 151 a établi que « c’est une institution anachronique ». C’était le parti de libération nationale des objets funéraires, adieu les coffres et armoires scellés. Surpeuplé, car la règle prévoyait, en imaginant des familles nombreuses (et de nombreux convives), que tout était commandé pour 12 et à partir de là crescendo (24 serviettes, 48 ​​torchons).

Maintenant que nous nous sommes émancipées des calculs bon marché du genre, qu’est-ce que ce serait bien de nous combler, en faisant sauter les vieilles serrures, notre malle d’attente ? « Mon émotivité est rafraîchissante » écrit le narrateur de La dot alors qu’il envisage de tout vendre. Mais peut-être pas, il ne le fera jamais… Ce qui compte, entre broderies & projets, c’est la liberté. Pouvoir se sentir libre de s’équiper – ou non – de dentelle et de faufilage.

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