« Je pensais que l’hyperventilation médiatique était exagérée »: Joël De Ceulaer écrit une lettre à Raoul Hedebouw

Chaque semaine, Joël De Ceulaer écrit une lettre passionnée, colérique, joyeuse ou tapageuse à un être humain connu. Cette lettre peut contenir des traces de moquerie et de satire. Cette semaine : le président du PVDA, Raoul Hedebouw.

Joël De Ceulaer

best Raoul Hedebouw,

Lorsque j’ai remarqué lundi que vous finiriez dans la bouche de la presse de la Wetstraat comme le bonbon de la semaine, je me suis immédiatement rendu chez mon Colruyt local. Pas pour demander des chiffres, mais pour un gros sac de pop-corn et un pack de six boissons gazeuses cancérigènes. Je savais que ça allait être une aventure folle et drôle. Rien de plus prévisible que le journalisme politique, sauf peut-être le journalisme cycliste – que je déteste encore plus.

Tu le sais. Pas un kilomètre de course ne peut être parcouru sans que les commentateurs aient le sentiment d’assister à un événement historique. Chaque match est épique, emblématique et entrera directement dans les livres d’histoire. Le vainqueur est chanté et célébré comme s’il était le nouveau Messie. Dans le Journal les vingt premières minutes sont consacrées à des entretiens avec l’intéressé, ses coéquipiers, son manager, son épouse, ses supporters et la tante par alliance du cousin germain du manager de son Colruyt préféré. Alors que les faits, course après course, sont d’une banalité indescriptible : quelqu’un a parcouru la distance de A à B plus vite que les autres cyclistes. Vous pouvez bâiller maintenant.

Le journalisme politique était dans le même lit cette semaine. Tu avais dans Le septième jour a déclaré que Colruyt ne payait presque pas d’impôts, ce qui s’est avéré faux du tout, voire pas complètement. L’alarme a été immédiatement tirée dans toutes les rédactions, les vacanciers ont dû prendre le premier vol de retour et tout le monde a commencé à vérifier les faits. Le verdict était clair : vous nous aviez sérieusement induits en erreur et trompés – vous aviez diffusé de fausses nouvelles. Dans Jusqu’au point vous étiez placé en face de Pieter Timmermans, la pom-pom girl du patron, qui vous regardait avec un regard désapprobateur et les narines pincées, comme si vous ne vous étiez pas douché depuis des jours. C’est dommage ce que vous avez dit à propos des bonnes personnes de Colruyt !

Les commentateurs ont également adopté une position ferme : j’ai lu quelque part que les politiciens ne sont pas autorisés à dire des contrevérités ou à faire des promesses creuses, car ils alimentent ainsi la méfiance à l’égard de la politique. Un exemple typique de ce que j’appelle la vossification du paysage d’opinion : après Carl Devos, l’analyste qui n’a jamais rien dit que quelqu’un qui parcourt deux journaux chaque jour et mémorise une poignée de clichés ne pouvait pas penser à lui-même. La première chose que ChatGPT fera dans les médias est d’écrire des commentaires politiques. Tous les écrivains seniors dans la salle senior !

Je veux juste dire, Monsieur Hedebouw, que je trouve que l’hyperventilation médiatique est exagérée. Pour deux raisons. Un: le fiscaliste Michel Maus, qui connaît le sujet, a dit sur X que vous n’avez pas raison lorsque vous dites que Colruyt ne paie pas d’impôts, mais que vous avez raison lorsque vous dites que les multinationales ont des économies d’échelle fiscales. Deuxièmement, c’est un choc pour les imbéciles utopistes, mais : les politiciens osent mentir. Ce n’est rien boguemais un fonctionnalité, ce n’est pas un défaut de la démocratie que nous pouvons corriger, mais une caractéristique inévitable de celle-ci. Il y a une victoire dans la course. Il y a des mensonges en politique. Il va sans dire que la presse devrait le dénoncer, mais : proportionnalité et égalité des chances, s’il vous plaît ! Je vois que dans le journal personnel de Timmermans vous parlez d’une « erreur de raisonnement », et c’est tout à votre honneur, mais vous allez en réalité trop loin. Je ne veux pas te décourager, mais en termes de mensonges et de tromperies, tu es un bon garçon, un enfant de chœur.

Comparez-vous avec les troupes de la N-VA, par exemple. Ces gens arrachent le papier peint des murs et font tout le temps des promesses vides de sens. Un cabinet d’affaires ! Confédéralisme ! Bart De Wever devient Premier ministre ! Bart De Wever devient Premier ministre ! (Petit en vacances aux sports d’hiver ! Petit en montagne !) Et ces bêtises ne provoquent pas deux fois moins d’hyperventilation que vous l’avez fait cette semaine.

Vous savez pourquoi cela arrive. C’est vrai, la théorie du fer à cheval. Mis sur le marché il y a plus de dix ans par De Wever lui-même et désormais complètement intégré dans le scénario de l’analyste moyen : le PVDA est tout aussi extrême et indésirable que le Vlaams Belang, mais à l’autre extrémité du spectre. Les extrêmes se touchent, d’où : fer à cheval. C’est absurde, bien sûr. Votre parti entretient une relation malade avec l’histoire – le fait que vous ne souhaitiez pas condamner fermement Staline est une honte – mais ce que vous faites en réalité, c’est représenter la voix de ceux qui ont peu d’argent. Et de la part de riches comme Jan Colruyt, qui veut un impôt pour les millionnaires. Vous jouez votre rôle dans la démocratie libérale, le Vlaams Belang veut démolir la démocratie libérale. Et votre relation avec Staline est abjecte, mais au moins vous n’allez pas en pèlerinage sur sa tombe. A Anvers, les tombes des collaborateurs nazis bénéficient d’un traitement VIP.

Enfin, ceci, Monsieur Hedebouw. J’ai juré d’indignation mardi lorsque j’ai lu une citation dure dans Bonjour à tous. Vous savez de quelle citation je parle : « Le Flamand moyen qui se tord les os chaque jour se sent méprisé par l’élite. Je ressens moi-même cette colère. J’en ai marre des mêmes personnages, tous avec cinq diplômes, qui rentrent tous les soirs Le rendez-vous venez parler par-dessus la tête des gens.

Je trouve ça cheap, vulgaire, vulgaire et fortement populiste. Vous le voyez plus souvent que moi, alors pourriez-vous demander à Bart De Wever de faire attention à son langage ?

Avec des salutations fluides et hors taxes

Joël De Ceulaer, rédacteur principal



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