Haïti : démission du Premier ministre par intérim


De puissants gangs contrôlent de grandes parties d’Haïti.


Le Premier ministre par intérim d’Haïti, Ariel Henry, coincé à l’étranger en raison de la violence des gangs, a accepté de démissionner, selon la communauté des États des Caraïbes Caricom. Un conseil présidentiel de sept membres sera créé pour la transition vers les élections en Haïti, qui nommera un nouveau Premier ministre par intérim, a annoncé lundi (heure locale) le président guyanais Mohamed Irfaan Ali après une réunion des chefs de gouvernement des États des Caraïbes à Jamaïque.

Il existe un accord pour un gouvernement de transition et un « transfert pacifique du pouvoir », a déclaré Ali. De puissants gangs criminels qui contrôlent une grande partie d’Haïti et presque toute la capitale Port-au-Prince avaient demandé la démission d’Henry.

Des véhicules carbonisés restent garés alors que la violence des gangs s'intensifie à Port-au-Prince, Haïti, le 9 mars 2024.  Des tirs sporadiques ont éclaté à Port-au-Prince le 8 mars, a appris un correspondant de l'AFP sur place, alors que les habitants cherchaient désespérément un abri au milieu d'une récente explosion de violences de gangs dans la capitale haïtienne.

La violence des gangs s’intensifie dans la capitale haïtienne et il existe une menace de guerre civile. Les appels à l’aide internationale se font de plus en plus forts, mais les États-Unis n’envisagent pas d’intervenir pour l’instant.03/09/2024 | 1:52 minutes


État des Caraïbes sans parlement ni président

Henry a pris les rênes du gouvernement haïtien en tant que Premier ministre par intérim le 20 juillet 2021, environ deux semaines après l’assassinat du président Jovenel Moïse. Moïse l’avait choisi comme septième premier ministre de son mandat moins de 36 heures avant sa mort. Cependant, Henry n’avait pas encore pris ses fonctions avant la tentative d’assassinat.

Sous l’égide du neurochirurgien de 74 ans, les élections ont été reportées à plusieurs reprises en raison de la situation sécuritaire et n’ont pas été reprogrammées à ce jour. Ce pauvre État des Caraïbes, qui n’est même pas aussi grand que le Brandebourg et compte environ onze millions d’habitants, n’a actuellement aucun élu national – ni président ni parlement.

Des soldats patrouillent devant l'aéroport de Port-au-Prince, en Haïti.

En Haïti, des membres présumés d’un gang ont tenté de s’emparer du principal aéroport international. Des échanges de tirs ont eu lieu entre policiers et militaires. 03/05/2024 | 0:20 minutes


Les gangs menacent la guerre civile

Selon les Nations Unies, des gangs criminels contrôlaient environ 80 pour cent de Port-au-Prince avant même le début de la vague de violence actuelle. La situation s’est complètement aggravée depuis fin février et l’état d’urgence est désormais en vigueur à l’échelle nationale. Les deux gangs les plus puissants ont uni leurs forces et ont exigé la démission d’Henry – sinon il y aurait une guerre civile, a menacé le chef du gang Jimmy Chérizier alias « Barbecue ».

Les bandits ont paralysé de grandes parties d’Haïti par leur violence : ils ont attaqué, entre autres, des commissariats de police et des aéroports, et il n’y a plus eu de vols à destination et en provenance d’Haïti depuis plus d’une semaine. Plus de 4 500 prisonniers ont également été libérés de force. Les diplomates de l’UE et des États-Unis ainsi que l’ambassadeur allemand ont désormais quitté Haïti.
Des pneus de voiture en feu se trouvent dans une rue.

Des gangs criminels ont pris le contrôle d’une grande partie d’Haïti. Un accord a été conclu avec le Kenya pour que des policiers africains assurent la sécurité en Haïti.03/02/2024 | 0:20 minutes


Haïti : le Kenya devrait diriger la mission de sécurité

La dernière escalade des événements a coïncidé avec le voyage d’Henry en Guyane puis, le 1er mars, au Kenya – ce pays d’Afrique de l’Est avait accepté de diriger une mission de sécurité approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU en Haïti. Il s’est rendu à Porto Rico pour la dernière fois le 5 mars après que la République dominicaine, frontalière d’Haïti, ne lui ait pas accordé l’autorisation d’atterrir. Le président dominicain Luis Abinader a déclaré Henry persona non grata pour des raisons de sécurité.

La pression exercée sur Henry pour qu’il démissionne de son poste est devenue de plus en plus forte. Les États-Unis, qui, selon de nombreux Haïtiens et experts politiques, ont maintenu Henry au pouvoir, l’ont appelé à accélérer la transition politique vers des élections. Lundi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a assisté à la réunion de la Caricom à Kingston et a évoqué une situation intenable pour les Haïtiens. Selon le président Ali du Guyana, le Conseil présidentiel qui doit maintenant être créé devrait être composé de représentants de la société et de la politique haïtiennes.

Source: dpa, AFP



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