Franca Viola a été la première femme à refuser un mariage forcé avec l’homme qui l’avait violée. C’était en 1966


Aldo Cazzullo (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

« NonIls ne sont pas malades, ce sont des enfants en bonne santé issus de la culture du viol. » C’est un slogan, pardonne-moi, excessif. La culture du viol existait en Italie. Ils ont appelé ça un mariage forcéétait prévu par le code Rocco, ministre de la Justice du Duce – le Duce aujourd’hui très regretté même par de nombreuses femmes -, mais il existait aussi avant : celui qui a violé une femme et l’a épousée a vu le crime s’éteindre.

Bref, quiconque voulait une femme la prenait et elle était obligée par la loi de passer toute sa vie avec l’homme qui l’avait violée, souvent avec le consentement ou l’acceptation de la communauté.

Jusqu’à ce qu’une jeune Sicilienne, Franca Viola, a refusé – avec le soutien de son père – d’épouser l’homme qui l’avait violéedisant : « L’honneur est perdu pour ceux qui font ces choses, non pour ceux qui les subissent ».

Cet exemple a été suivi par de nombreuses femmes, pas seulement du Sud. Près de soixante ans se sont écoulés depuis. Un clin d’œil, dans l’histoire de l’être humain. Une vie, dans notre dimension si éphémère et temporaire.

Marée humaine à Rome lors de la manifestation contre la violence contre les femmes

Alors bien sûr, la violence sexuelle n’est pas terminée. Il y a encore trop de violence contre les femmes, dont une grande partie n’est pas signalée. De nombreuses femmes ont courageusement mis en cause la police, qui n’a pas toujours donné suite à leur plainte ; mais ici, trop de progrès ont été faits, quand j’étais enfant, il n’y avait pas de femmes en uniforme, il n’y avait pas de services spécialisés dans le traitement des victimes de violences sexuelles et l’identification des auteurs.

Nous l’avons dit à plusieurs reprises au fil des années : La violence contre les femmes est un problème pour les hommes, qui doivent changer et faire changer la minorité qui n’accepte toujours pas la liberté des femmes..

Les radicalismes des deux côtés sont légitimes, mais ils n’aident pas toujours. Il n’est pas vrai que tous les hommes soient innocents, ni qu’ils soient tous coupables, a priori et indépendamment de leur nature..

Disons que chacun doit assumer sa responsabilité : non seulement ne pas commettre de violences, mais aussi les prévenir et les signaler.

Vous souhaitez partager avec nous des émotions, des souvenirs, des réflexions ? Écrivez-nous à [email protected]

Tous les articles d’Aldo Cazzullo.

iO Donna © TOUS DROITS RÉSERVÉS



ttn-fr-13