« Elle parle anglais, s’exprime en tant que lesbienne et s’habille assez à l’occidentale ». Et pourtant elle rote

Les métropoles abritent une part croissante de la population mondiale. Comment les gens le maintiennent-ils vivables là-bas? Les correspondants rapportent chaque semaine depuis leur propre mégapole. Cette semaine : Eefje Rammeloo à Shanghai.

Eefje Rammeloo5 mars 202216:31

La connaissance avec qui je suis en vacances à vélo me montre la carte sur son téléphone. Elle est juste à côté de moi et son doigt parcourt l’écran. « Nous y sommes, et nous empruntons cette route. Environ 35 kilomètres à parcourir.

Alors que je calcule combien de temps il nous reste à faire du vélo, un rot jaillit soudain de sa gorge. C’est un petit, mais ça me fait quand même peur.

Elle vient de la campagne, mais vit et travaille à Shanghai, ce qui la rend automatiquement plus moderne et ouverte que beaucoup de Chinois qui ne vivent pas dans une grande ville. Elle parle anglais, admet son lesbianisme et s’habille assez à l’occidentale selon les normes chinoises. Et pourtant elle cultive.

C’est un énorme cliché, celui des Chinois qui rotent, gargouillent et crachent par terre. Mais pour une raison. Apparemment, ça ne se sèvre pas, même dans la ville la plus cosmopolite du pays.

Pourtant, les habitants de Shanghai sont plus civilisés qu’ailleurs. Mien oui – gouvernante – J’entends parfois quelque chose cracher dans la cuisine, et peu de temps après, la poubelle claque. Elle y a soigneusement déposé le conduit de fumée.

Dans les cafés, le flume chinois passe parfois dans le cendrier ou dans une serviette. De préférence à l’extérieur dans un bac à fleurs ou dans le caniveau. Ce n’est pas pour rien que l’on se déchausse avant d’entrer dans une maison.

Hier, alors que je cherchais mes clés, et que j’ai accidentellement traîné mon foulard par terre, j’ai essayé de ne pas penser à tout ce qui s’y colle. La règle des cinq secondes ne s’applique pas ici, j’en ai peur. Cette écharpe a besoin d’être lavée.

Aux Pays-Bas, j’ai appris de mes parents qu’on peut tout au plus roter dans la barbe, et nous ne crachons certainement pas dans la rue. Ce n’est pas du snobisme, je pense, mais une différence culturelle persistante.

A Shanghai, il faut l’accepter comme un étranger. Quand quelqu’un à côté de moi au feu rouge laisse le mucus monter dans sa gorge et qu’il s’aplatit sur le sol à côté de lui, un frisson me parcourt encore le dos.

Je ne peux pas m’empêcher de faire une sale tête, mais je ne dirai rien à ce sujet.

C’était différent aux Pays-Bas. Une fois, j’ai eu un « pote » là-bas, un garçon de six ans qui avait fui l’Afrique centrale avec sa mère et qui aurait besoin d’un peu plus de plaisir. En route vers une aire de jeux, il était assis à l’arrière de mon vélo quand il s’est soudainement éclairci la gorge et a craché une goutte.

Je suis immédiatement descendu, j’ai froncé les sourcils de manière significative et j’ai dit que ce n’était pas bien ce qu’il faisait là. « Mais qu’est-ce que je suis censé faire de tout ce crachat dans ma bouche ? » demanda-t-il désespéré.

Mes connaissances chinoises se moqueraient de moi – si j’osais en parler. Les fermiers bavardent aussi dans le bureau, surtout après le déjeuner. Il y a toujours quelque chose de fou dans l’air, comme si vous deviez dire quelque chose après un tel agriculteur. Acclamations! Pour votre santé! Il reste également tout aussi silencieux lorsque j’éternue.



ttn-fr-31