D’un côté Simeone poursuit l’exploit, de l’autre Lautaro : il faut une vraie soirée de l’Inter


Cholo charge et joue beaucoup, mais concédera des espaces. Pendant ce temps, Inzaghi cherche un diplôme parmi les grands

par notre correspondant Luigi Garlando

13 mars 2024 (modifié à 13h36) -MADRID

« L’Inter est l’une des équipes les plus fortes d’Europe », a expliqué hier Diego Simeone lors d’une conférence, poursuivant le bouche à oreille qui lie entraîneurs et observateurs du continent depuis des mois après la finale à Istanbul. Pep Guardiola le dit depuis quelques temps, Thierry Henry, analyste passionné du jeu, le réitère avec une emphase presque surprenante. Ce n’est pas que les Français aient jamais été des monstres de générosité à notre égard… «Il suffit de voir comment il joue et de lire ses statistiques pour comprendre la force de l’Inter», a suggéré hier Cholo. Il a raison. Dans le top 5 des championnats, l’équipe d’Inzaghi figure parmi les reines en termes de points, de victoires et de buts marqués ; une production record, accompagnée de très hauts sommets de beauté. Tout est vrai, mais ce sont des chiffres et des mots qui doivent être certifiés par un cachet : qualification pour les quarts de finale de la Ligue des Champions. Parce qu’on ne peut pas être parmi les meilleurs d’Europe et sortir en huitièmes de finale. Ce soir, l’Inter joue au Civitas Metropolitano aussi pour cette raison : obtenir la reconnaissance d’un statut, un acte de noblesse, l’accès au G8 pour la deuxième saison consécutive. Un débarquement que le club de Zhang compte bien faire de lui une habitude. Cela n’a jamais été le cas.

GRANDE INTER

Après la période magique de quatre années de la Grande Inter 1963-67 (2 Coupes des Champions, une finale, une demi-finale), le club Nerazzurri n’a aligné que deux quarts de finale : 2004-06 et 2009-11. Mais pour le cachet, il faut une vraie soirée Inter. L’habit pénitent que porte l’Atletico Madrid en championnat, à 14 points du Real Madrid, également battu samedi par le non galactique Cadix, ne doit pas tromper. La Ligue des Champions est une autre planète que Materassai habite facilement. Nous parlions d’habitude. Précisément. Depuis 2011, c’est-à-dire depuis le début de l’âge d’or de Cholo, l’Atletico a disputé 8 fois les huitièmes de finale de la Ligue des Champions (2 finales atteintes) ; Inter seulement trois (une finale). C’est vrai que Simeone a déjà chuté 7 fois en Liga, mais c’est aussi vrai que la défaite d’Arnautovic au match aller à San Siro était la première en Europe cette saison. En Ligue des Champions, Simeone n’a jamais perdu un match à élimination directe à domicile. L’Atletico Madrid, appelé par Cholo au « match de revanche », ou, plus précisément, à une nuit de gloire qui peut donner un sens à la saison, est animé par la force du désespéré et dispose de deux armes puissantes : la Civitas Metropolitano et l’esprit choliste.

PETIT DIABLE

Sur les 32 derniers matches disputés dans leur stade, les Colchoneros en ont gagné 29 et en ont perdu un. Cela voudra dire quelque chose et, s’il existe un entraîneur sur terre capable d’enflammer les foules et de transformer une arène en enfer, c’est bien Cholo Simeone qui est aussi un pyromane des âmes et saura certainement convaincre son équipe qu’il vient une soirée historique, où tout donner est le minimum. Un pur cholisme, corrigé avec la qualité des dernières saisons. Griezmann, de retour après sa blessure à San Siro, est le plus attendu. Le génie du Petit Diable sait donner de la lumière et de l’imprévisibilité à la manœuvre. Morata connaît bien les Italiens, les ayant déjà blessés même en équipe nationale. De Paul et Koke alimenteront le pressing intimidant. Samuel Lino réalisera un effort de qualité sur l’aile, comme à San Siro. Mais cela dit, cela ne veut pas dire que l’Inter doit entrer dans le Metropolitano en tremblant.

TIMPER LE TAUREAU ?

Au match aller, il s’est montré nettement plus fort. L’Atletico Madrid n’a pas réussi à obtenir un seul tir cadré et a passé la seconde mi-temps la tête sous l’eau, dominé athlétiquement et techniquement. Le choix de De Vrij et Dumfries renforce encore l’opposition physique des Nerazzurri qui lors des 38 matches de la saison ont gardé la porte fermée 24 fois. Simone a tout pour résister aux flammes de l’enfer et même aux fourches pour mettre les démons en fuite. Déjà à San Siro, l’Atletico, malgré un format prudent, avait souffert des contre-attaques des Nerazzurri. Poussé par la chaleur de la remontée, il pourrait souffrir encore plus ce soir si Calhanoglu et Bastoni savent activer la catapulte avec le timing et si Dumfries, Dimarco, Barella et Thuram déchirent l’espace et la profondeur avec la bonne faim. Lautaro, que Cholo voulait tant, a la fierté d’apposer son sceau sur le certificat : l’Inter grand parmi les grands.





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