Conner Rousseau est-il autorisé à envoyer des SMS et à appeler le maire, le chef de la police et les enquêteurs au sujet de son dossier ?


Conner Rousseau a contacté personnellement et/ou par l’intermédiaire de son avocate Christine Mussche le bourgmestre de Saint-Nicolas, le chef de la police de cette ville et l’enquêteur de Gand, qui a maintenant ouvert le dossier sur les prétendues déclarations racistes du président du Vooruit. son bureau. Est-ce autorisé ? Et sinon, que risque-t-il ?

Erwin Verhoeven

Sous prétexte qu’il s’inquiétait de sa vie privée, le président du Vooruit, Conner Rousseau, a interrogé à plusieurs reprises dans les jours qui ont suivi l’incident le maire Lieven Dehandschieter (N-VA) et le chef de la police Jo De Geest au sujet des images des événements enregistrées par les caméras corporelles. Le journal publié ce trafic de messages texte.

Conner Rousseau : « Pouvez-vous voir que s’il y a des images de moi en bodycam, elles n’apparaissent pas déjà sur les réseaux sociaux ? Ce serait une atteinte majeure à la vie privée, je pense ? Salutation. »

Le bourgmestre lui donne le numéro des appels du commissaire Jo De Geest et Rousseau. Ensuite, les SMS reprennent.

Conner Rousseau : « Salut Jo, désolé de te déranger encore ! Ma mère (Christel Geerts, ancienne bourgmestre de Saint-Nicolas, ndlr.) maintient que quelqu’un aurait encore des images de bodycam. Et qu’elle tenait ça d’une bonne source. Y a-t-il une chance que vous puissiez encore faire des recherches discrètes à ce sujet ? Parce que ce serait une fameuse atteinte à la vie privée… ? Salutations et merci, Conner Rousseau.

« Concrètement : quelqu’un de la force aurait justement appelé pour lui dire que la vidéo circulait dans la force. C’est ce qu’elle dit, bien sûr, mais ce serait très punitif.»

« N’est-il pas punissable de diffuser ces images ?

Réponse du chef de la police Jo De Geest : « Les images de la police ne peuvent en effet pas être diffusées. »

«Merci pour l’enquête. J’espère que ma mère est mal informée. Quand auriez-vous une réponse pour moi ? Avant d’être déshérité :)”

Réponse du chef de la police Jo De Geest : « J’ai reçu la confirmation qu’aucune image n’était écrite et qu’elles ne circulaient pas non plus dans la police. Je garderai un œil dessus dans les prochains jours.

Est-ce que tout cela est faux ? En principe non. Chacun est libre d’appeler le chef de police ou le maire pour ce genre de questions. C’est à eux de retenir le bateau. D’après leurs réponses publiées aux SMS de Rousseau, il apparaît également qu’ils l’ont fait – plus ou moins.

Un homme politique, candidat autoproclamé à la mairie de la ville en question et fils de l’ancien maire, peut-il « utiliser » sa position pour établir ces contacts ? Sans aucun doute. On peut remettre cela en question – moralement, déontologiquement – ​​mais il n’y a aucun obstacle juridique.

Conner Rousseau est également membre du Parlement flamand. «Depuis 1998, cette institution dispose d’un code d’éthique, un ensemble de règles que les représentants flamands doivent respecter», explique le professeur Herman Matthijs de la VUB. Ce code a été créé principalement pour maintenir toutes sortes de « services » dans des limites.

Il contient un article 9 qui dit : « Les interventions auprès des autorités judiciaires pour influencer la prise de décision judiciaire, par exemple pour faire rejeter un rapport officiel, sont interdites. » Le but de cet article était sans aucun doute d’éviter que les députés flamands n’appellent sans cesse pour que les amendes pour excès de vitesse de Jan, Pier et Pol soient jetées à la corbeille avec un salut gracieux. Mais l’article 9 peut tout aussi bien faire référence à une intervention pro domo – pour son propre intérêt – comme dans le cas de Rousseau.

Blâmer

Un comité d’éthique veille à ce que les représentants flamands respectent ce code d’éthique. Elle traite les plaintes de toute personne estimant qu’un représentant flamand a dépassé les limites : le médiateur flamand, les magistrats, les fonctionnaires ou d’autres personnes. Les plaintes anonymes sont irrecevables. Si le comité découvre une violation du code d’éthique, il peut publiquement en blâmer. Rousseau lui-même ne risque donc plus rien. Et seulement dans l’hypothèse qu’une plainte sera déposée et que ses collègues du comité d’éthique jugeront que ses actes constituaient « une intervention » « visant à influencer la prise de décision judiciaire ».

Christine Mussche, avocate de Conner Rousseau.Image BELGA

Si l’on en croit ce que Maître Mussche a dit la semaine dernière lors d’une conversation téléphonique avec un journaliste de… Les dernières nouvelles – « On a entendu ça, on va lui dire comment ça se passe, de la part de l’évaluateur. (…) La personne qui enquête sur l’affaire à Gand a reçu les images et a entendu et vu l’enregistrement audio et les images. Et il dit : ça ne correspond pas » – c’est celui qui a vraiment dépassé ses limites, l’enquêteur gantois qui lui a transmis des informations substantielles du dossier.

Le secret de l’enquête pénale est réglementé par l’article 28quinquies du Code de procédure pénale. Il précise que « toute personne amenée à coopérer professionnellement à une enquête pénale est tenue au secret. Quiconque contreviendra à ce secret sera puni des peines prévues à l’article 458 du code pénal. Concrètement : avec une peine de prison de huit jours à six mois et une amende de 800 à 4 000 euros.

La Cour de cassation rend cette confidentialité plus concrète et particulièrement stricte. Dans un jugement du 6 octobre 2015, la plus haute juridiction a précisé qu’un policier ne fournit pas à une personne impliquée dans des faits faisant l’objet d’un rapport de police ne serait-ce que « le numéro, la date, une brève description, un lieu ou un nom ». numéro de maison” par rapport à ce PV peut communiquer. S’il le faisait, il violerait son secret professionnel.



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