Cheveux flamboyants, lèvres charnues, vêtements doux. Les femmes préraphaélites n’étaient pas seulement de splendides modèles, mais bien plus encore : une exposition le révèle


Musages ou créateurs ? Quelle énigme que celle des femmes qui, au milieu du XIXe siècle, enchantaient par leur mélancolie persuasive : avec des regards fiers, des cheveux flamboyants et des robes d’une majestueuse simplicité, les protagonistes du mouvement préraphaélite ont émerveillé le public et la critique sous les traits de muses. pour les grands peintres, mais aussi comme de véritables artistes. 1848 fut une année rebelle, romantique et révolutionnaire. Et pas seulement pour ce printemps des peuples avec lequel l’Italie marchait droit vers l’avenir : au cours de ces mois, trois jeunes Anglais ont tourné leur regard vers le passé pour créer un nouvel art. John Everett Millais, Dante Gabriel Rossetti et William Holman Hunt ont fondé le Fraternité préraphaélite retrouver une créativité non académique mais spontanée, inspirée par l’authenticité de l’art médiéval pratiqué avant Raphaël, par les poèmes chevaleresques et par l’Italie, son paysage et sa littérature.

Taylor Swift, artiste titulaire d'un diplôme honorifique en beaux-arts

Des artistes féminines préraphaélites exposées

A découvrir du 24 février au 30 juin Préraphaélites. Renaissance moderne au Musée Civique San Domenico de Forlì. Environ 300 œuvres parmi lesquelles des peintures et sculptures, des photos et gravures, du verre et des céramiques, mais aussi des œuvres d’artistes italiens inspirées de précurseurs britanniques. Fortes et voluptueuses, les femmes qui ont contribué à la notoriété du mouvement sont aujourd’hui de plus en plus précieuses. « Plus que des modèles : grâce à leur détermination, ils ont acquis un rôle important dans la société» souligne Elena Lissoni, historienne de l’art et membre du comité scientifique de l’exposition. Si les études académiques étaient une prérogative masculine, elles étaient soutenues par l’art inspiré par la nature et l’observation de la réalité, fondement du sentiment préraphaélite. Beaucoup l’ont étudié dans des ateliers de peintres, dans des écoles de filles ou des écoles régionales : « Elles ont fait fortune même dans les galeries d’avant-garde, comme la Grosvenor, qui lors de l’exposition inaugurale en 1877, il invita 10 femmes sur 67 artistes» souligne Lissoni. «La société victorienne était aussi respectable que libre: pour les muses et les artistes, les relations avec leurs collègues ne manquaient pas».

Le statut a toujours eu son importance

Pauvre et belle Elizabeth Siddal, muse, amante puis épouse de Dante Gabriel Rossetti, sans aucune étude elle a appris l’art à ses côtés. Elle reste surtout connue pour sa fin tragique : déprimée, avec une overdose de laudanum dont elle était devenue dépendante après une maladie causée par un séjour dans l’eau glaciale, posant pour la célèbre Ophélie de John Everett Millais. C’est le principal critique d’art de l’époque, John Ruskin, qui acheta ses dessins les considérant meilleurs que ceux de Rossetti (même si Ruskin lui-même incarnait la vision de l’époque, statuant : « Tandis que l’homme doit s’efforcer d’approfondir la connaissance, la femme se limite aux concepts généraux de la littérature, de l’art, de la musique ou de la nature »).

Les étourdissantes : c’est ainsi qu’on appelait ces femmes fauves et magnétiques. (Photo par Fine Art Images/Heritage Images via Getty Images)

Maria Zambaco et Marie Spartali muses et artistes

Anglais d’origine grecque, le riche Maria Cassavetti Zambaco au lieu de cela, il a pu se permettre d’étudier la sculpture à Paris avec Auguste Rodin. Ce n’est pas une mince affaire pour une femme de se consacrer à la sculpture. Certaines de ses médailles exposées cachent une pointe de fierté féminine, souligne Elena Lissoni : « Les traits de grands hommes ont été gravés sur la médaille, pour se transmettre au fil du temps. Zambaco a fait de même avec des femmes célèbres de l’Antiquité et a ensuite également représenté son cousin, Marie Spartali, avec qui il partagea un destin de muse et d’artiste préraphaélite. » Egalement riche, Marie étudie la peinture auprès de la célèbre Ford Madox Brown, devenant ainsi le modèle de Rossetti. Contre la volonté de ses parents, elle épouse le journaliste et peintre américain William James Stillman, avec qui elle effectue ensuite de nombreux voyages. Lorsque la famille se trouve en difficulté économique, Marie soutient son mari et ses enfants avec son art, acquérant une vision du monde sans précédent qui rend son beau regard encore plus intense, à admirer dans les nombreux clichés dans lesquels elle est représentée par Julia Marguerite Cameron.

Ce n’étaient pas seulement de magnifiques modèles

Avec un parallèle sans précédent entre la photographie et la peinture, Cameron (la grand-tante maternelle de Virginia Woolf) est considérée à toutes fins utiles comme un préraphaélite. Le parcours qui l’a amenée à devenir la première femme admise à la Royal Photographic Society était original. A 48 ans, sa fille lui offre son premier appareil photo : en peu de temps, elle crée une chambre noire dans le poulailler de la maison, vendant de nombreuses photos au South Kensington Museum (aujourd’hui connu sous le nom de Victoria & Albert) qui organise sa première exposition. Il envoie ensuite ses clichés à Rossetti, créant ainsi son propre cercle culturel dans la maison familiale de l’île de Wight, après des années dans les colonies indiennes. Elle était aussi une voyageuse Evelyn De Morgan qui prit le nom de son mari William De Morgan (designer et céramiste), créant ainsi un véritable partenariat artistique : le mariage n’était pas pour elle un obstacle, mais un partage. Elle apporta dans la peinture une grande partie de sa vision naturelle, voire mystique, inspirée par sa mère. -belle-famille, l’écrivain Sophia E. De Morgan, féministe histrionique et médium spirituel. Inconnue de beaucoup, Evelyn est devenue avec son travail une figure importante, précurseur de ces « tendances » qui combinent aujourd’hui art, science et spiritualité.

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