Ancien conseiller diplomatique de Draghi : les liens UE-OTAN renforcés avec la crise en Ukraine mais pas de stratégie énergétique


Il ne fait aucun doute que l’Europe avec la crise en Ukraine s’est surtout renforcée sur les stratégies qu’elle partage avec l’OTAN, et a rendu encore plus stable le lien transatlantique dans ce qui était perçu dès le départ comme une menace sérieuse au cœur de l’Europe. En revanche, en ce qui concerne la stratégie mise en œuvre jusqu’à présent pour faire face aux conséquences économiques du conflit, notamment du côté énergétique, il n’y a pas eu le changement de paradigme qui s’est opéré suite à la pandémie.

L’ancien conseiller diplomatique de Draghi, Mattiolo

L’ambassadeur Luigi Mattiolo, ancien conseiller diplomatique de Mario Draghi, qui s’exprimait lors d’un webinaire organisé par l’école de commerce 24Ore, a retracé tous les principaux dossiers qu’il a traités lors de son séjour au Palazzo Chigi. Certes, le résultat obtenu à l’issue du G20 en octobre 2021 est à imputer parmi les expériences les plus pertinentes de son mandat, au même titre que la préparation des différents sommets internationaux et des différents « bilatéraux ». Malgré les résistances de la Chine, de l’Inde, de la Russie, de l’Indonésie, « un accord sur le climat a été trouvé qui prévoit un plafond de 1,5 degrés pour la croissance de la température mondiale et un fonds de 100 milliards pour les pays en développement ». Le sommet « est le fruit d’une équipe de 25 et 35 ans, qui m’a apporté son soutien en termes de compétences, d’énergie et d’enthousiasme. Bref, a-t-il conclu, rester enfermé dans le Cloud de l’EUR à Rome était une question de tactique et de travail de négociation, qui sont le pivot du travail diplomatique. Il y a eu des moments où j’ai hésité, mais le moment le plus difficile s’est avéré être celui qui m’a donné le plus de satisfaction ».

Plafonnement du prix du gaz

Mattiolo rappelle que l’Italie a été la première à présenter la proposition d’un plafonnement du prix du gaz au niveau européen. Aujourd’hui, à quelques jours du prochain Conseil européen, des discussions sont en cours pour savoir si et comment poursuivre dans la voie tracée par la Commission européenne, qui a pourtant proposé un plafond trop élevé, et on ne sait pas encore tout à fait quand il devrait éventuellement être activé et dans quel délai il devrait pouvoir déployer ses effets. Mattiolo a été, entre autres, ambassadeur en Israël, en Turquie et en Allemagne et estime que le rôle d’Erdogan pourrait être pertinent pour créer les conditions de l’ouverture de négociations entre la Russie et l’Ukraine dans cette phase. « N’oublions pas que la Turquie est le seul pays de l’OTAN à dialoguer à la fois avec Moscou et Kiev depuis des mois, et qu’elle a déjà joué un rôle central dans le déblocage des exportations de céréales vers l’Afrique. Sinon, cela aurait été une catastrophe alimentaire. La Turquie devra faire partie du mécanisme de sécurité qui aura pour tâche d’apporter des garanties à l’Ukraine lorsqu’elle viendra à la table des négociations ».

Chine, changement d’adresse ces derniers mois

Quant à la Chine, dont l’attitude est plus difficile à décrypter, on assiste depuis quelques mois à un revirement objectif. Malgré toutes les incertitudes qui l’ont accompagné, à bien des égards, le récent sommet du G20 à Bali peut être considéré comme un pas en avant objectif, clairement exprimé dans le communiqué de clôture où il est observé que la majorité des pays membres du G20 condamnent la guerre en Ukraine .

Le rôle moteur de l’Allemagne

L’Allemagne, dans le contexte européen, devra continuer à avoir « un rôle de premier plan », profondément ancré au sein du marché unique. On ne peut sous-estimer qu’un changement de paradigme non indifférent s’est produit en Allemagne : d’un pays qui avait historiquement montré une opposition précise aux formes de dette commune, il a pleinement soutenu le Fonds de relance qui prévoit l’utilisation de la dette commune pour financer des ressources directes aux pays membres.



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