Agriculture, Bruxelles libère 4 millions d’hectares face aux approvisionnements d’urgence


Le feu vert de l’Union européenne pour la culture de terres agricoles inutilisées pour la production de céréales et de protéagineux pour faire face à l’alarme d’approvisionnement due à la crise ukrainienne débloque potentiellement 4 millions d’hectares au niveau européen, dont 200 000 en Italie.

Dérogation invalide pour le blé

La dérogation approuvée par la Commission européenne dans le cadre du « paquet Ukraine » pour le secteur agricole concerne toutes les entreprises, obligées par les règles de la politique agricole commune de laisser de côté obligatoirement, chaque année, une part égale à 5% de la surface de l’entreprise , héritage de l’ancien gel des terres ne s’appliquait qu’aux céréales, et a été décidé pour éviter le manque d’approvisionnement en matières premières essentielles pour l’industrie agro-alimentaire dont l’Europe, et surtout l’Italie, est fortement déficitaire. Mais, comme l’exécutif européen l’a clairement indiqué, il ne s’appliquera pas aux semis d’hiver de céréales, telles que le blé tendre et le blé dur qui sont semés en Italie en novembre. En effet, à moins de nouvelles évaluations à la lumière de l’évolution de la crise, la Commission a précisé que les règles plus strictes soumises à la dérogation actuelle reviendraient à s’appliquer.

Pour l’Italie, impact sur le maïs et le blé

En Italie, donc, l’impact de la décision concernera principalement le maïs et le soja, qui sont semés au printemps et dont notre pays manque au moins à 50 %, dans le cas du maïs, et à bien plus de 80 % pour le soja. D’Ukraine notamment, l’Italie importe 5 % de blé tendre, 15 % de maïs – dont le taux d’auto-approvisionnement a chuté de manière spectaculaire au cours des 10 dernières années – et 40 % d’huile de graines. Les bénéfices potentiels de la dérogation européenne pèsent également sur les incertitudes liées à la disponibilité des engrais – dont la Russie est le principal exportateur mondial – et, surtout au Nord, à la rareté de l’eau. L’impact réel de la décision européenne reste donc à évaluer, à la lumière des décisions des entreprises à la veille des semis de printemps.

Dans le cas du blé tendre et dur, le déficit de l’Italie est d’environ 60 % et 40 % respectivement. La Russie et l’Ukraine représentent un peu moins de 30 % du marché mondial et le gouvernement de Kiev a déjà fait savoir que sur les 15 millions d’hectares investis en moyenne dans le pays, cette année probablement moins de la moitié seront semés.

La réserve anticrise : 500 millions débloqués

L’impact de l’autre décision formalisée par le collège des commissaires, relative au déblocage des 500 millions d’euros de la réserve anti-crise de la PAC, devrait également être limité. Le fonds est en effet alimenté par un prélèvement sur les aides directes aux agriculteurs qui à la fin de l’année – comme cela arrive à temps – reviendrait en tout cas à la disponibilité du budget agricole. Dans peu de temps, d’ici mai, les États membres devront communiquer à Bruxelles quel secteur sera concerné par les ressources du fonds (qui s’élève à environ 48 millions pour l’Italie), qui devra être décaissé d’ici septembre. De plus, dans ce cycle de virages, le cofinancement national à 200 % prévu par la mesure est facultatif, au risque de créer des inégalités potentielles entre les agriculteurs des différents États membres.



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