Une histoire circule parmi les fans des Islanders de New York. Lorsque l’équipe de hockey de Long Island a remporté l’une de ses quatre coupes Stanley consécutives, entre 1980 et 1983, quelques minutes après un match décisif, les journalistes sont entrés dans le vestiaire inexplicablement silencieux. « Nous sommes trop fatigués, c’était une bataille », a déclaré quelqu’un. Légende ou pas, peu importe, même les guerriers, à un moment donné, doivent céder : et l’un de ces insulaires était Mike Bossy, un attaquant canadien décédé ces dernières heures des suites d’une tumeur. Bossy était le monarque d’une dynastie dont les Islanders ont rêvé pendant des hivers de médiocrité depuis, un marqueur de 573 buts (et 553 passes) en 752 matchs professionnels, plus 85 autres en 129 en séries éliminatoires. Ceux qui l’ont vu jouer se souviennent de son élégance, de son naturel, qualités que seuls ceux qui pensent au hockey prisonnier des clichés n’associent pas à ce sport : Chico Resch disait de lui qu’« il marquait avec la même simplicité avec laquelle je me lève du matin ». Que sait Resch ? Il était portier à l’époque de Bossy.
Racines
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Canadien de Montréal (d’un père d’origine ukrainienne), ailier choisi par les Islanders en 1977, Bossy est un chapelet de premières : par exemple, il a marqué 50 buts ou plus à chacune de ses neuf premières saisons. Combien de joueurs ont marqué neuf fois 50 buts en une saison ? Deux. L’autre est un certain Wayne Gretzky, le premier champion de ce sport capable de créer une reconnaissance internationale même en dehors des pistes. Mais on se souvient aussi de Bossy pour ses moments charnières en séries éliminatoires – toujours disponibles sur le Net, comme un plongeon poétique marquant chez les Canucks – et aurait peut-être eu une carrière plus longue sans problèmes de dos. Ce qui ne l’a pas empêché de remporter la Coupe Canada 1984 avec la Feuille d’érable et d’entrer au Temple de la renommée en 1991. La LNH, en ces heures, célèbre Bossy, et sa carrière, « l’une des plus grandes que jamais ». Après avoir quitté le hockey à la fin des années 80, il a fait un peu de tout : le manager, l’acteur, le commentateur, le collaborateur des Islanders, le grand-père. Sa vie, cependant, était autour de la glace, où il a même rencontré sa femme quand il était enfant. Une fois, ils ont demandé à Mike : « Comment as-tu réussi à marquer autant ? ». « J’ai rarement raté le coche. » Les adultes n’ont pas besoin de trop de mots. Ils vont et font.
16 avril 2022 (changement 16 avril 2022 | 00:24)
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