dle droit d’étudier, l’école comme ascenseur social et, surtout, la reconnaissance de la grande valeur de l’éducation. Partant de la pertinence du message de Don Milani et de l’école Barbiana, Alex Corlazzoli, enseignant, a écrit une Lettre à un enseignant du nouveau millénaire (BUR) avec huit élèves. Un livre qui regarde vers l’avenir mais veut aussi garder la mémoire. Sans surprise, il sort à l’occasion du centenaire de la naissance de Don Milani.
« Je crois que la lettre à un professeur de Don Milani a été peu lue et peu appliquée par ceux qui enseignent », dit Corlazzoli. «Aujourd’hui, les nouveaux diplômés en sciences de l’éducation ne connaissent ni Don Milani, ni Mario Lodi, ni Gianni Rodari. Ils s’arrêtent à Maria Montessori. Au lieu de cela, le prieur de Barbiana est encore très actuel».
Pour le redécouvrir, et poursuivre ses demandes, Corlazzoli, qui est membre de Fondation Don Milani, a travaillé tout l’hiver dernier auprès de huit élèves (le même nombre que ceux qui ont collaboré pour la première Lettre) âgés de 16 à 18 ans, issus de milieux sociaux et familiaux différents. «Nous faisions des liaisons longue distance, pendant des heures, le soir, au moins deux fois par semaine. La boussole était toujours don Milani et le message toujours adressé à un professeur qui, au lieu d’écouter, rejette. «Les garçons sont merveilleux mais ils n’ont pas d’espace pour s’exprimer. Certains d’entre eux n’ont jamais parlé de la guerre en Ukraine à l’école. Ce livre voulait leur donner la parole.
Alex Corlazzoli: « Aujourd’hui, don Milani utiliserait Internet »
« Le thème de l’inclusion à l’époque concernait les enfants d’agriculteurs, pour qui l’éducation était la plus grande opportunité de rédemption », explique Corlazzoli. «Aujourd’hui le problème de l’école ce sont les enfants qu’elle perd. Autrefois, ceux qui n’allaient pas à l’école travaillaient dans les champs, aujourd’hui on ne sait pas : certains s’enferment chez eux, d’autres vont au bar, ne travaillent pas et n’étudient pas. Et personne ne se charge de les reprendre. Le problème d’aujourd’hui est « la pauvreté culturelle absolue, le fait que les parents ne se soucient même pas que leurs enfants aillent à l’université ou non ».
Certains thèmes sont nouveaux : l’orientation (bien que toujours liée au sens de l’étude), les Hikikomori, les Invalsi, l’environnement. D’autres n’ont jamais changé : les journaux n’étaient pas lus à l’école dans les années 1960, encore moins lus aujourd’hui. « En ce qui concerne la technologie, Je suis convaincu qu’aujourd’hui, don Milani utiliserait Internet et éduquerait ses élèves à utiliser Internet de la meilleure façonest l’avis du maître. « Il avait un gramophone, il faisait développer les photographies par les garçons, il utilisait l’astrolabe. Il était aussi un innovateur dans ce domaine».
L’évaluation au centre
Un autre thème était alors très important et l’est toujours : l’évaluation. Selon Don Milani, l’école devait avancer au rythme des derniers de la classe, et ce sont les camarades qui ont aidé ceux qui sont restés en arrière et les ont stimulés, créant un comportement vertueux de solidarité. L’éducation d’égal à égal ante litteram.
C’est ce dont il est question dans le dernier chapitre de l’ouvrage, consacré aux « réformes que nous voudrions rendre l’éducation utile à la vie ». Parmi ces propositions figure la suppression des votes, car «on rêve d’une école qui ne nous évalue pas mais nous valorise, qui ne nous juge pas mais nous aime”. De plus, les étudiants aimeraient l’introduction de l’éducation sexuelle, du temps de droit et de l’actualité. Et la réforme des cycles, car choisir le secondaire à 13 ans, c’est un saut dans l’inconnu, et il est parfois difficile de remédier à une erreur d’orientation.
Le but est toujours le même : raviver la passion d’étudier, motiver les étudiants. Et cela concerne tous les adultes, enseignants et parents. Ils doivent d’abord être motivés.
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