1/2 Paul Schots avec ses vaches à Breugel (Photo : Alice van der Plas)
Les musées sont souvent urbains, élitistes et un agriculteur grossier n’y a pas vraiment sa place. Une déclaration brutale, mais selon l’artiste Wapke Feenstra, la culture rurale ne suscite pas beaucoup d’attention dans les grands musées. Cinq agriculteurs brabançons ont désormais réussi à s’assurer une place au Van Abbe à Eindhoven. Dans l’exposition Vache et Paysage, cinq producteurs laitiers parlent de leur lien avec la terre sur laquelle paissent leurs animaux. Et ils ne mâchent pas leurs mots lorsqu’il s’agit de nos habitudes alimentaires.
Paul Schots est fier de ses prés à Breugel. Il existe 80 types de plantes différentes qui fleurissent sur le sol de l’agriculteur biologique. « Traversez-le simplement. Il grouille d’insectes. Végétalien ? Légume? Schots a sa propre opinion. « L’homme est omnivore. A besoin de protéines de haute qualité. Mes vaches ont ça.
Selon Schots, ses prairies riches en herbes et toutes les plantes sont meilleures pour la biodiversité (la quantité d’espèces végétales et animales) que les champs contenant uniquement des céréales ou des pois destinés à la partie végétale de notre alimentation. « Il n’y a aucune biodiversité. » L’agriculteur se réjouit de l’arrivée de prairies plus riches en herbes et de vaches qui paissent paisiblement dans le Brabant. « Mais je vois les terres agricoles disparaître sous les boîtes de distribution, les logements et l’industrie. » Une épine dans le pied de Schots. « Et nous utilisons des navires polluants pour acheminer des avocats de l’autre bout du monde. Je trouve ça horrible. »
« C’est superficiel et précipité »
Liza Simons, une autre éleveuse de De Mortel, est également présente à l’exposition. « J’aime vraiment la façon dont Wapke amène les agriculteurs et la façon dont ils sont liés à leurs terres au musée. Son exposition lancera, je l’espère, la conversation entre ville et campagne. Les gens ne sont plus connectés à l’endroit où ils se trouvent. C’est souvent superficiel et précipité. Vous le voyez dans nos choix alimentaires. Manger un sac de chips. Et je ne ressens rien.
Simons travaille constamment son terroir et sa qualité. « Nous n’avons pas fauché dix hectares car il fait trop humide et nous ne voulons pas détruire le sol. Vous essayez de travailler à un pays durable qui soit également bon pour les générations futures. Votre lien n’est pas seulement dans le pays, mais aussi dans la maison et dans la famille.
« Nous avons tellement de luxe. Ne pouvons-nous pas renoncer à quelque chose ? »
L’agriculteur Schots n’a pas peur de regarder le visiteur du musée dans les yeux d’un œil critique. « En tant que consommateur, vous ne pouvez pas simplement tout attendre et tout exiger de l’agriculteur. Il faut aussi payer pour cela et c’est là le problème. » Dans le passé, il était tout à fait normal qu’une grande partie de ses revenus soit consacrée à la nourriture, dit-il.
« Il existe un groupe qui a du mal à joindre les deux bouts et qui n’a pas les moyens d’acheter mon lait, qu’il n’y ait aucun malentendu à ce sujet. Mais il existe un groupe beaucoup plus important qui opte pour la nourriture la moins chère, qui vient souvent de l’étranger. Parce que lors de vacances en avion est très important pour eux. Nous avons tellement de luxe, ne pouvons-nous pas renoncer à quelque chose ? Nous n’avons pas de problème avec l’élevage, nous avons un problème avec l’élevage humain. Il y a trop de gens à nourrir.
Mais les agriculteurs devraient également porter un regard critique sur eux-mêmes, estime Liza Simons. « C’est l’avantage d’avoir un artiste qui vient poser toutes sortes de questions. Cela vous maintient sur vos gardes. Qu’est-ce qui me pousse à rester occupé avec mes vaches ? Comment travailler pour qu’il contribue à la biodiversité ?
L’exposition Vache et paysage s’ouvre le week-end des 15 et 16 juin au Van Abbemuseum d’Eindoven.