Louvain a détrôné Anvers en tant que centre-ville le plus cher pour les locataires. Le gouvernement de centre-gauche en fait-il assez pour éviter que les personnes ayant de faibles revenus ne soient laissées pour compte ? « Les groupes riches ont déferlé sur la ville comme un tsunami. »
« Il y a un problème avec les fenêtres de l’appartement, ce qui fait entrer le froid », explique Eddy Hurlaert (56 ans). « Le propriétaire va rénover l’appartement pour résoudre ce problème. C’est pourquoi nous devons sortir. Lui et sa femme doivent chercher un nouveau logement, mais il estime que les chances de trouver un appartement abordable sont faibles. « Je pense que nous vivrons dans la rue d’ici six mois. »
Il paie désormais 640 euros pour son appartement actuel en centre-ville – hors eau, électricité et gaz. Il essaie de trouver quelque chose qui coûterait environ 900 euros par mois tout compris. Lorsqu’il est allé visiter un appartement à Louvain, il a reçu un message dur. «Je suis à la recherche d’un emploi depuis quatre ans», déclare Hurlaert. « Comme je n’ai pas de travail, le propriétaire n’a pas voulu nous louer. »
Il a également effectué des recherches à Heverlee, Herent et Kessel-Lo. Mais chaque fois qu’un logement s’y libère, de nombreux candidats se joignent à nous. «Je suis même allé voir à Tienen, mais le propriétaire voulait que nous payions la caution immédiatement», raconte Hurlaert. « Nous ne pouvions pas faire ça. »
Hors de proportion
Selon les organisations de lutte contre la pauvreté, de nombreuses personnes sont dans le même bateau à Louvain. Le baromètre des loyers de la fédération des agents immobiliers CIB montre que Louvain est désormais devenue la ville centrale la plus chère – elle vient de dépasser Anvers. À Louvain, le loyer moyen d’un appartement était l’année dernière de 1.013 euros par mois. Par rapport à 2022, ce prix a même augmenté de 15 pour cent.
Selon Stijn Baumers, de l’organisation sociale Ruimtevaart, ce sont les personnes vulnérables qui en paient le prix. Ils doivent souvent se contenter d’un logement de mauvaise qualité, pour lequel ils paient également trop cher. «La part de leurs revenus qu’ils doivent donc consacrer au logement est disproportionnée», explique Baumers.
Jan Doucet, du Syndicat des locataires du Brabant flamand, observe depuis dix ans cette évolution avec consternation. La demande toujours croissante de logements fait grimper les prix dans la ville. Il y a les expatriés qui viennent travailler pour IMEC, il y a les jeunes diplômés qui restent en ville et il y a les étudiants qui occupent également une partie du marché immobilier. « Les groupes riches ont déferlé sur la ville comme un tsunami », explique Doucet. «La vague atteint désormais également les villes environnantes, comme Tienen.»
Coalition de centre-gauche
Le fait que le logement devienne inabordable pour beaucoup est regrettable pour la coalition de centre-gauche. Le conseil municipal, avec Vooruit, Groen et CD&V, a proposé diverses mesures pour aider les locataires. Louvain tente d’augmenter l’offre en se concentrant davantage sur le logement social. La ville impose aux promoteurs de toujours fournir une part de logements sociaux et abordables dans les nouveaux projets. En outre, la ville elle-même construit ou achète des immeubles qu’elle loue à un prix inférieur aux prix du marché.
« Nous avons également créé notre propre prime au loyer », explique la conseillère au logement Lies Corneillie (Groen). « Il existe également une prime au loyer en Flandre. Mais toute personne qui y a droit doit d’abord s’inscrire sur une liste d’attente de quatre ans. Chez nous les conditions sont moins strictes et les gens ne doivent attendre qu’un an. La prime de loyer flamande est liée à des prix maximaux, ce qui à Louvain ne serait pas suffisant pour de nombreux locataires. Louvain dispose donc de sa propre prime, mieux adaptée à sa propre réalité.
Doucet, de l’Association des locataires, reconnaît que le conseil fait beaucoup. Mais sur le champ de bataille du libre marché, estime-t-il, les armes de la ville sont limitées. Il constate que les jeunes débutants cherchent eux-mêmes des solutions et se lancent ensuite, par exemple, dans le cohabitat pour partager les coûts. Eddy Hurlaert n’a pour l’instant pas trouvé de solution. « Il m’a fallu trois ans pour trouver cet appartement », dit-il. «Maintenant, tout recommence. En fait, je n’aime vraiment plus ça.