yeule / softscars


Sur son troisième album, Nat Ćmiel, qui signe sous le pseudonyme de yeule, s’impose comme l’un des talents les plus singuliers de la scène musicale alternative. ‘Sérotonine II» Il oscille entre pop et ambient, ce qui donne lieu à une œuvre hypnotique et nuancée qui fait office d’excellente lettre d’introduction ; en el estupendo ‘Glitch Princess’ construyó todo un mundo digital distópico en el que, mediante su alter ego ciborg, ofrecía un sonido glitch e industrial sin renunciar a sus impulsos experimentales y atmosféricos (el álbum se cerraba con una irreverente pieza ambient de casi 5 Heures). Aujourd’hui, avec ‘softcars’, yeule continue d’explorer ses multiples sources d’inspiration, emmenant sa musique vers des terrains inexplorés jusqu’à présent, s’éloignant de ses deux œuvres précédentes et en même temps les élargissant, faisant de sa discographie un univers fascinant dans lequel Aller se faire cuire un œuf.

Le premier morceau, ‘xw x’, est déjà une déclaration d’intentions qui représente une rupture avec tout leur son précédent. C’est une ouverture grunge étonnamment énergique, où Yeule hurle sur des percussions tonitruantes et une ligne de guitare suggestive. ‘sulky baby’ continue de rendre hommage au rock alternatif des années 90, se rapprochant cette fois du shoegaze et de la dream pop. C’est le genre de chanson dans laquelle Ćmiel brille : une belle mélodie, une production suggestive pleine de couches et de paroles qui démontrent une fois de plus qu’il y a peu d’artistes qui savent décrire la désolation d’une manière aussi brute et poétique (« Some Days I Can’ Je ne crois pas que je suis toujours là / certains jours, j’ai l’impression de n’avoir plus de larmes à verser », « les rêves que tu poursuis / deviennent un espace dénué de sens »).

L’imagerie gothique de Yeule continue de s’étendre dans le troisième morceau, « softscars », une aventure quelque part entre glitch pop et shoegaze où ils parlent d’anges déchus assoiffés de sang et de relations tortueuses qui font mal comme des poignards dans la poitrine. Sur le même chemin d’engouements platoniques et impossibles, la ballade dream pop ‘ghosts’ – qui n’est pas sans rappeler Broken Social Scene et son mythique ‘Hymnes pour une fille de dix-sept ans‘- fait vibrer avec sa mélodie nostalgique, avec ses manipulations électroniques caractéristiques qui se faufilent entre ses accords de guitare acoustique et, bien sûr, aussi avec ce « Only eye like you can see ghosts / ghosts like me » au début du refrain.

Dans ‘Dazies’, l’une des meilleures et des plus ambitieuses productions de son catalogue, Yeule alterne des passages bruyants où sa voix est noyée dans une instrumentation oppressante, avec d’autres acoustiques où il n’y a pratiquement que voix et guitare. La chanson prend continuellement des directions inattendues, accélérant le rythme et le ralentissant à volonté jusqu’à ce qu’elle mène à « Fish in the pool », un morceau instrumental calme qui fonctionne comme un intermède entre la première et la deuxième partie de l’album.

Dans cette partie basse de la séquence, il y a aussi de la place pour des surprises, comme ‘inferno’, dont les synthétiseurs entraînants et l’air house l’éloignent considérablement de ce qu’on avait entendu jusqu’alors. Cependant, son intégration dans la séquence constitue l’un des moments les plus rafraîchissants du projet. La ballade glitch « bloodbunny » nous emmène sur un chemin similaire et nous ramène à « Glitch Princess ». Mais il ne faut pas longtemps pour que le grunge réapparaisse, désormais dans « cyber Meat », une chanson exultante avec un arrière-goût cyberpunk et une mélodie insouciante et amusante. Parmi ses images sinistres caractéristiques pleines de sang, d’os, d’épines, de couteaux et de vies extraterrestres, il laisse place à la célébration de son non-binaryisme dans ce qui est un moment inattendu et tendre.

Nat Ćmiel termine son album avec ‘aphex twin flame’, une belle ballade acoustique avec ses touches glitch habituelles qui dans son titre fait référence à l’une de ses influences très claires, mettant fin à une œuvre sophistiquée et audacieuse, qui navigue toujours avec solvabilité entre la nostalgie et le futurisme. Les chansons de « softscars » offrent le confort du familier tout en vous transportant subtilement vers de fascinantes dystopies post-humaines.



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