Votre billet d’avion deviendra plus cher. Mais cela fera-t-il aussi une différence pour l’environnement ?

Votre billet d’avion deviendra plus cher. L’UE introduit des mesures environnementales attendues depuis longtemps qui mettront fin aux vols hors taxes. Les experts sont favorables à la taxe, mais ne croient pas que quelques dizaines d’euros puissent faire la différence.

Anne Boersma

Comptez environ 20 à 50 euros par billet aller-retour pour les vols en Europe, selon la distance parcourue. Les compagnies aériennes, y compris les transporteurs à bas prix, devront bientôt augmenter le prix de leurs billets. C’est le résultat d’une nouvelle mesure environnementale de l’UE basée sur le principe du pollueur-payeur.

Le kérosène est depuis longtemps exonéré de taxe, contrairement à votre réservoir d’essence à la pompe et aux trajets en train. Mais ce temps sera bientôt révolu, les coûts environnementaux seront alors répercutés sur votre billet d’avion.

La proposition était dans l’air depuis un certain temps. Plusieurs États membres européens, dont la Belgique, ont plaidé par le passé pour une taxe européenne sur les vols. Le secteur de l’aviation a désormais une plus grande responsabilité de payer pour le CO2empreinte que l’industrie crée. L’espoir est que l’incitatif financier aidera à réduire les émissions.

L’augmentation intervient après un accord entre le Parlement européen et le Conseil. Les nouvelles règles entreront en vigueur dès qu’elles seront officiellement approuvées par les deux organismes. L’accord a été conclu en décembre et vise à améliorer le secteur de l’aviation ‘Fit pour 55’ faire. En d’autres termes : d’ici 2030, les émissions nettes de gaz à effet de serre doivent être réduites d’au moins 55 % dans l’UE et l’industrie aéronautique peut faire une différence significative.

Le plan fait partie du Green Deal européen, le programme de la Commission européenne pour lutter contre le changement climatique. Et cela, à son tour, est lié à l’Accord de Paris sur le climat de 2015 : pour limiter l’augmentation de la température à un maximum de 2 degrés, les émissions de gaz à effet de serre doivent être quasi nulles d’ici 2050.

Dommages environnementaux réels

L’année dernière, la Belgique a déjà introduit une taxe sur les passagers aériens. Sur les vols courts de moins de 500 kilomètres, vous payez désormais 10 euros de plus. Ensuite, les experts ont déjà remis en question la taxe. Par exemple, une redevance ne couvre jamais la totalité des dommages environnementaux d’un vol : les coûts environnementaux par litre de kérosène sont de 9 à 11 euros. Un vol consomme rapidement 100 000 litres de kérosène.

Même maintenant, les personnes impliquées sont critiques. Piet Demeyere, porte-parole de TUI Belgium, est favorable à une aviation plus propre, mais se demande si cette mesure aura un effet. Et surtout : s’il améliore les modes de déplacement alternatifs. «Nous aimerions que le produit de la taxe de vol soit dépensé pour quelque chose qui contribue à l’environnement. Et ce n’est absolument pas clair en Belgique en ce moment », dit-il.

Seule une grande différence de prix dissuadera les voyageurs de prendre l’avion, pas quelques dizaines d’euros, précise Demeyere. La hausse des coûts de l’énergie et l’inflation n’empêchent pas non plus les gens de prendre l’avion. Les vols commerciaux ont de nouveau augmenté en 2022.

La taxe de vol crée un bon contexte, déclare le professeur Klaas De Brucker. Il est économiste des transports et enseigne la microéconomie à la KU Leuven. De Brucker explique qu’il y a actuellement peu d’offre de trains car l’avion ne coûte pas si cher. « Tant qu’il est bon marché de voler, l’œuf ne sera pas pondu. Si vous voulez que les gens adoptent des moyens de transport respectueux de l’environnement comme le train, il en faut plus que ce qui se passe actuellement.

Il demande également la suppression des vols de moins de 500 kilomètres. Cela mettrait par exemple fin au vol Bruxelles-Amsterdam. KLM vole désormais – ne vous inquiétez pas – six fois par jour entre les deux villes, distantes d’environ 170 kilomètres.

Peu d’alternatives de vol

Dans la discussion sur l’avion et les voyages durables, le train entre toujours en jeu. Ou pas vraiment, car parcourir l’Europe en train reste un travail chronophage sur de nombreux trajets et souvent plus cher que l’avion. L’offre est également encore limitée.

Prenez quelqu’un qui veut passer un week-end sur la Côte d’Azur en France. Le train est alors une excellente alternative à l’avion. Seul : le Thalys est vite complet, surtout aux beaux jours, il faut donc être là tôt. Si vous souhaitez vous rendre à Berlin en dernière minute ce week-end, vous pouvez le faire depuis Bruxelles en 1h30 d’avion pour 200 euros. En train, vous dépenserez au moins 250 euros et vous serez dans le train pour un total de quatorze heures.

TUI accueille les alternatives pour les vols courts. Faire quelque chose pour le chemin de fer, améliorer le réseau, conseille Piet Demeyere. De Brucker énumère également un certain nombre d’améliorations : plus de trains de nuit, des systèmes de réservation faciles, une bonne restauration, des voies gratuites et la réduction des frais d’infrastructure (le prix payé par SNCB pour utiliser les chemins de fer français, par exemple).

« L’avion continuera d’être un moyen de transport nécessaire à l’avenir, mais nous devons être conscients de ses inconvénients, que ce soit en termes de nuisances sonores ou de CO2émissions, répond le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet (Ecolo). Il veut favoriser l’usage du rail pour tous les trajets de moins de 1 000 km. Il veut donner un soutien supplémentaire au train de nuit à travers un nouveau projet de loi.



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