Vooruit exécute discrètement l’interdiction controversée du cumul : « Une décision lucide de Conner Rousseau »


Les socialistes pourront cumuler plus facilement les mandats politiques après ce week-end. Samedi, lors du congrès de son parti, le président Conner Rousseau a failli enterrer l’interdiction cumulative tant discutée de son prédécesseur John Crombez.

Stavros Kelepouris et Jérôme Van Horenbeek

Les socialistes se réuniront samedi à Gand pour un grand congrès du parti. A l’ordre du jour figure un renouvellement du bureau du parti : les syndicats et les mutuelles n’auront plus la garantie d’un siège à la table. L’abolition des administrations provinciales est aussi définitivement réglée. Bien qu’il ne s’agisse que d’une formalité, car depuis l’entrée en fonction du président Conner Rousseau, le pouvoir au sein du parti était déjà complètement centralisé.

Entre entreprises, l’interdiction cumulative s’assouplit également considérablement. Les parlementaires ne sont actuellement pas autorisés à cumuler leur fonction avec un mandat de bourgmestre ou d’échevin. Des exceptions sont possibles pour les bourgmestres des petites communes ou pour les échevins et présidents du CPAS des communes jusqu’à 30.000 habitants.

Ces règles disparaissent en grande partie. Le décumul reste le point de départ, mais chacun pourra demander une exception. En pratique, cela revient à un assouplissement, car il y a de fortes chances que la plupart des exceptions soient simplement approuvées. Il n’y a donc plus d’interdiction ferme. Vous pouvez entendre qu’il y a aussi des tensions au sein du parti. Dans le passé, la moitié du bureau du parti devait donner une autorisation pour une exception, maintenant les deux tiers devront être d’accord.

Le decumul était un cheval de bataille de l’ancien président du parti, John Crombez.Photo Photo Nouvelles

Cheval de bataille de Crombez

Le decumul chez les socialistes a une histoire longue et mouvementée. « Un homme, un mandat » était la bête noire de l’ancien président du parti, John Crombez. Il s’inscrivait dans une grande opération de renouvellement : Crombez voulait que du sang frais coule dans le parti moribond. Le decumul libérerait automatiquement des places pour de nouvelles personnes.

La mesure a été approuvée en 2016, mais avec une résistance interne considérable. Hans Bonte, le maire de Vilvorde, était l’un des principaux opposants à l’époque. « L’électeur ne prend pas un coup de pied des vierges cumulma », a-t-il déclaré à ce journal en 2018. « Si tous les partis introduisent un décumul, ce serait une très bonne chose. Maintenant, nous sommes les naïfs qui nous coupons la chair. Cumulards et les seniors comme Peter Vanvelthoven, Renaat Landuyt et moi sommes politiquement plus forts que les jeunes. Ce sont précisément ces places fortes qui peuvent lancer et former les nouveaux arrivants.

Et aussi : « Où sont les parlementaires qui expriment ce qui se passe dans la société ? À cause de cette décumulation, vous perdez des palpeurs importants. Un parti socialiste devrait apprendre et vivre de cela.

Hans Bonte, maire de Vilvorde.  Image Wouter Van Vooren

Hans Bonte, maire de Vilvorde.Image Wouter Van Vooren

Les socialistes subiraient finalement une lourde défaite lors des élections suivantes. Déjà le jour des élections, l’analyse a été faite que le parti s’était trop nombrilisé. En effet, les électeurs ne semblaient pas gênés par les règles de cumul des mandats. C’est l’une des raisons pour lesquelles Vooruit ne veut pas trop faire connaître la relaxation maintenant.

intérêt électoral

Il était écrit dans les étoiles que les règles de cumul seraient révisées. Crombez lui-même a dû demander une dérogation à l’époque, tout comme Rousseau. Il est ironique qu’il renouvelle les règles, car Rousseau est le produit de l’opération de rajeunissement de Crombez.

Dans le parti, l’impact de l’ajustement est minimisé : les limites actuelles des exceptions étaient tout simplement trop arbitraires, semble-t-il. Pourtant, le changement est important sur le plan électoral. Cela permet à Vooruit de se présenter aux élections avec la position la plus forte possible. Les sondages affichent depuis un certain temps des gains significatifs par rapport aux élections de 2019. En septembre, le parti obtenait près de 17 %, mais avec une marge d’erreur de 3 %. Vooruit veut logiquement saisir cet élan.

Rousseau veut donc attirer toute l’attention sur les élections elles-mêmes et éviter que des électeurs comme Jinnih Beels ou Mohamed Ridouani ne se voient constamment demander à l’approche des urnes s’ils opteraient pour le parlement ou pour leur mandat local s’ils étaient élus.

Conner Rousseau, président de Vooruit.  Photo Photo Nouvelles

Conner Rousseau, président de Vooruit.Photo Photo Nouvelles

De plus, l’assouplissement devrait garantir que le parti ne perde aucun bastion. Il y aura des élections législatives en mai 2024, suivies d’élections locales en octobre. Avec les règles actuelles de cumul, il est possible qu’un élu abandonne un mandat parlementaire en mai et ne soit pas réélu au niveau local en octobre.

Pour éviter cela, les représentants locaux du Vooruit pourront demander une dérogation à l’interdiction du cumul après les élections législatives. Cette exception ne sera discutée qu’en octobre, lorsqu’il sera clair qui deviendra échevin ou maire.

Hans Bonte se réjouit de la nouvelle. « Je pense que c’est une décision lucide de Conner. Les règles cumulatives actuelles relèvent, à mes yeux, du masochisme politique. Nous nous plaçons dans une situation de désavantage concurrentiel dans la lutte pour la survie que sont les élections. » S’il envisage lui-même un retour en politique nationale en 2024 ? « Oh, nous verrons. En tout cas, ça m’énerve que tout le monde ait déjà la tête sur 2024. Nous ne sommes qu’en 2022, n’est-ce pas ?



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