Les Verts presque à bord. L’appel à l’unité européenne contre ceux qui, comme Viktor Orban, veulent détruire cette Europe. Le pacte de non-belligérance sera signé avec Giorgia Meloni lors d’un appel téléphonique qui, dans son contenu et dans son timing, reste entouré de mystère. Ursula von der Leyen prépare la semaine qui, sauf rebondissements sensationnels, devrait la remettre à la tête de l’UE. La stratégie d’inclusion semble avoir porté ses fruits. Face au piège des tireurs d’élite du PPE, des Socialistes et des Libéraux, von der Leyen a répondu en élargissant le périmètre de la majorité, en s’attaquant au développement du Green Deal qui a convaincu les Verts et ouvert un canal même avec la gauche.

Rencontre avec Ecr le matin

Le président de la Commission désignée n’a que la rencontre avec les conservateurs prévue mardi matin. Il est probable que lors de la réunion, von der Leyen mettra l’accent sur l’un des thèmes les plus chers à l’ECR, la migration. L’objectif de l’ancien ministre de la Défense est de trouver un terrain d’entente et non des alliés stables. « Il n’y aura pas de coopération structurelle avec ECR », a réitéré von der Leyen au M5S lors de la rencontre avec La Gauche.

La négociation parallèle avec Meloni

Il y a cependant une négociation parallèle qui attend le président de la Commission, et c’est celle avec Giorgia Meloni. L’appel téléphonique tant attendu entre les deux hommes a été une nouvelle fois confirmé par des sources européennes. Il n’est pas certain qu’elle ait lieu avant la rencontre entre von der Leyen et le groupe. Et il n’est pas certain que cela débouchera sur une position officielle des Frères d’Italie en faveur de von der Leyen. En effet, dans les couloirs de la Chambre européenne, certains sont prêts à parier qu’en fin de compte, les Meloniens s’abstiendront. Actuellement dans ce groupe Ursula peut compter sur le oui des Belges de N-Va et des Tchèques d’Ods. Le reste de la délégation – sans compter les Fdi – pourrait voter contre, même si une possibilité inédite se dessine parmi les Polonais du Pis. Ce qui se passera lors du vote secret est une autre affaire : dans ce cas, dans le choix du député européen ou de la délégation, ce ne seront pas seulement les priorités du programme pour les cinq prochaines années qui compteront. Les sièges compteront, de manière bien plus prosaïque.

La conversation avec la gauche

C’est cependant comme prévu que von der Leyen s’est exprimé lors de la réunion avec la gauche. Le brouillon de son discours de jeudi matin compte une trentaine de pages. « Prospérité, démocratie et sécurité » seront les trois piliers. A gauche, von der Leyen a assuré vouloir garder la « barre droite » sur les objectifs 2030 et 2050 de la transition écologique. Et, en même temps, il traçait une ligne de démarcation entre le groupe des Patriotes, celui de l’Europe des nations souveraines et tous les autres. Avec les deux premiers, menés par Orban, la Ligue, Marine Le Pen et l’Afd, il n’y aura pas de dialogue. Avec tout le monde, oui. « Si nous sommes unis en tant qu’UE, nous pouvons surmonter les montagnes », a déclaré von der Leyen, citant également les élections américaines de novembre parmi les dates clés pour l’avenir de l’Europe.

Vers un marché unique de la défense

Von der Leyen, lors de ses rencontres, concevait ses interventions en fonction de l’interlocuteur. Il a expliqué à tout le monde qu’il souhaitait créer un marché unique de la défense et nommer un commissaire pour le secteur. Et il a promis d’aborder la question de l’urgence du logement, en ouvrant également dans ce cas une délégation ad hoc au Palais Berlymont. Il a également souligné la grande attention que la Commission accordera au secteur agricole où, a-t-il expliqué, un changement de génération est encore nécessaire. La gauche a conclu la réunion en maintenant son « non » pour le vote de jeudi mais, certainement, aucune barricade ne sera construite. En revanche, les 53 voix des Verts en faveur d’Ursula sont presque certaines. Immédiatement après, les Verts demanderont un document écrit attestant de leur entrée dans la majorité. Beaucoup de choses pourraient aussi dépendre du caractère décisif de leurs votes. Mais, selon les derniers calculs, ce sont peut-être les écologistes qui sauveront cette fois von der Leyen. Celle qui n’aura pas besoin d’aide est Roberta Metsola : demain elle sera à nouveau présidente de la Chambre européenne avec une très solide majorité.



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