À partir de minuit, les tarifs supplémentaires provisoires de l’UE sur les voitures électriques en provenance de Chine doivent être déposés sous la forme d’un dépôt de garantie.
La taxe est due à l’arrivée d’une voiture électrique dans un port européen.
Les taux de droits de douane suivants s’appliquent aux fabricants chinois : 17,4 % pour BYD, 19,9 % pour Geely et 37,6 % pour SAIC. Une taxe de 20,8 pour cent est prévue pour les autres fabricants, et les entreprises qui n’ont pas coopéré à l’enquête se verront imposer des droits de douane punitifs de 37,6 pour cent. Les tarifs s’ajoutent au taux tarifaire existant de dix pour cent.
Les prélèvements préliminaires sont le résultat d’une enquête de la Commission européenne qui a montré que l’ensemble de la chaîne de valeur des voitures électriques en Chine est fortement subventionnée. De plus, les importations en provenance du pays mettraient en danger l’industrie de l’UE. Mais leur paiement dépendra de la possibilité qu’une solution politique soit trouvée avec la Chine d’ici début novembre.
L’UE et la Chine font face à des négociations intensives
Après l’introduction de tarifs supplémentaires temporaires sur les voitures électriques en provenance de Chine, Bruxelles et Pékin font face à d’intenses négociations. Même si les deux parties ont exprimé leur intérêt à trouver une solution, il reste à voir si celle-ci aboutira. Le vice-chancelier Robert Habeck (Verts) a personnellement négocié en Chine il y a près de deux semaines, mais n’est pas parvenu à obtenir une avancée décisive. Les parties disposent désormais de quatre mois avant de décider si des prélèvements spéciaux élevés seront finalement requis.
La Commission européenne avait déjà mené une enquête approfondie sur la mesure dans laquelle les voitures électriques chinoises bénéficient de subventions qui faussent la concurrence. L’autorité a publié le résultat hier dans un règlement de plus de 200 pages. Du point de vue de l’UE, la question est claire : il existe des subventions injustes et l’industrie automobile européenne risque d’en subir les conséquences. Mais l’industrie automobile allemande voit les choses complètement différemment.
De nombreux marchés prennent des mesures plus énergiques contre la Chine
D’autres pays tiers prennent des mesures encore plus véhémentes contre les importations en provenance d’Extrême-Orient. La Chine est le plus grand marché automobile au monde
– mais pour Pékin lui-même, de nombreux marchés sont déjà plus chers
devenir. Les États-Unis ont imposé des droits de douane spéciaux de 100 % sur les voitures électriques en mai, bloquant ainsi le marché des importations en provenance de Chine.
« Les Américains ferment désormais leur marché, tout comme le Brésil, le Mexique et la Turquie », a récemment déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à la rédaction allemande. L’Europe reste donc pour l’instant un marché attractif pour les entreprises chinoises. Une solution négociée avec Pékin a une chance à Bruxelles.
Réactions positives des députés allemands
Les députés allemands voient l’approche de la Commission plutôt positivement, contrairement aux hommes politiques allemands responsables du gouvernement. Le président du groupe CDU/CSU au Parlement européen, Daniel Caspary, a lancé un message clair : « L’UE ne se laissera pas naïvement mener par le nez dans le commerce mondial ». La présidente de la commission du marché intérieur du Parlement européen, Anna Cavazzini, considère également les droits de douane comme une bonne décision pour protéger l’industrie d’un dumping déloyal.
Ce faisant, elle contredit ouvertement son collègue du parti et ministre des Transports du Bade-Wurtemberg, Winfried Hermann. Il avait déclaré : « C’est de loin l’idée la plus stupide de la Commission européenne ». Il craint des désavantages pour l’industrie allemande. Le ministre de l’Économie Habeck, tout comme le ministre des Finances Christian Lindner (FDP), avait insisté sur la nécessité de réagir au dumping, mais avait mis en garde contre une éventuelle course aux droits de douane.
Le président de la commission du commerce du Parlement européen, Bernd Lange, a souligné l’importance d’un dialogue constructif entre Pékin et Bruxelles. « Il n’y a jamais de gagnant dans de tels conflits commerciaux », a déclaré le politicien du SPD.
En Allemagne, les actions de la Commission européenne suscitent des inquiétudes car on craint des mesures de rétorsion qui pourraient toucher particulièrement les constructeurs automobiles allemands. Les entreprises allemandes produisent également des voitures en Chine pour l’exportation. Lukas Köhler, député du groupe parlementaire FDP, a souligné que les tarifs punitifs sur les voitures électriques ne devraient rester qu’une mesure temporaire.
Vote sur les tarifs définitifs
Tant qu’aucune décision finale n’est prise concernant l’introduction de tarifs punitifs, ils ne doivent pas être payés, seuls des dépôts de garantie doivent être déposés. Si les négociations avec la Chine ne sont pas satisfaisantes, la Commission européenne pourrait soumettre une proposition visant à introduire des tarifs douaniers punitifs définitifs. Les États de l’UE ne pourraient arrêter les tarifs proposés que si une majorité qualifiée se prononce contre la proposition.
Si des tarifs spéciaux sont introduits, certains craignent que les voitures électriques coûtent plus cher. Le vice-président de l’Association centrale du commerce allemand des véhicules automobiles (ZDK), Thomas Peckruhn, a déclaré : « Cela rendra les véhicules électriques disponibles nettement plus chers pour les consommateurs, d’autant plus que la pression concurrentielle sur les constructeurs européens diminue. »
À la bourse de Shenzhen, les actions BYD ont temporairement chuté de 1,05 pour cent à 242,06 CNY vendredi.
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BRUXELLES (dpa-AFX)