Voilà à quoi ressemble la véritable obscurité ; à pied à travers le Metbroekbos près de Smeerling, en fin de soirée

Le Metbroekbos près de Smeerling, l’un des endroits les plus sombres de Groningue, participe ce week-end à l’événement Nacht van de Nacht. Le journaliste Marcel Looden a visité la forêt le soir en guise d’avant-goût.

La soirée est bien avancée, la lune est presque pleine et je pense à Tom Sawyer. Le héros du célèbre livre pour garçons qui vit de merveilleuses aventures avec son camarade Huck Finn, de jour mais aussi de soirée et de nuit. Une telle aventure m’attend tard dans la nuit et mon camarade s’appelle Jeroen Kuipers.

Encore très sombre

Il est garde forestier pour Natuurmonumenten et veille depuis 27 ans sur la flore et la faune d’une grande partie de Westerwolde. Également sur le Metbroekbos, cette ancienne forêt près de Smeerling. C’est l’un des endroits de Groningue où il fait encore très sombre après le coucher du soleil. C’est pourquoi les gens le parcourront samedi soir prochain, dans le cadre de Nacht van de Nacht, l’événement national au cours duquel l’attention est portée sur l’importance de l’obscurité pour les personnes et les animaux, ainsi que sur les effets nocifs de la pollution lumineuse.

C’est pourquoi je traverse cette forêt à pied ce soir, pour « goûter » cette obscurité. Avec le ranger qui le connaît comme sa poche et qui se fait un plaisir de me guider. Et qui porte une lampe de poche pour m’éclairer si nécessaire. Pour accéder à la forêt, nous traversons d’abord l’Eemboerveld. Une sorte de prairie ouverte pleine de caresses de vaches et où l’obscurité est déjà intense. En regardant en arrière, vous pouvez encore voir une large couche de lumière à l’horizon. Il y a Stadskanaal, avec la lumière des réverbères, des maisons, des magasins. Un peu plus près, une lumière traverse également le terrain. Un agriculteur récoltant les betteraves.

De vieux hêtres de grande taille

Une chouette hulotte brise le silence, juste avant que nous atteignions la lisière du Metbroekbos. Le ranger éteint sa lampe de poche, nous ouvrons un portail en bois, marchons encore quelques mètres… et nous retrouvons ensuite dans le noir complet. Nous nous trouvons entre de grands et vieux hêtres qui étendent leur feuillage au-dessus de nous comme un toit. Pas une étoile, pas un clair de lune n’est visible. Vous ne pouvez littéralement pas voir une main devant vos yeux.

Nous avançons d’un pas traînant et je suis heureux lorsque Kuipers rallume sa lanterne et parle des hêtres qui sont ici et qui sont si puissants que les autres arbres et arbustes n’ont pratiquement aucune chance sous leur feuillage. J’écoute et surveille constamment le fond pour ne pas trébucher.

Houx et autres arbustes

Nous continuons notre marche et arrivons ensuite dans cette partie de la forêt qui, à cette heure tardive, ressemble à un conte de fées. Il y a beaucoup de chênes ici. Le sol est couvert de houx et d’autres arbustes. La lampe de poche s’éteint à nouveau, mais maintenant quelque chose comme une lumière descend sur nous d’en haut. Ici, il n’y a pas de feuillage qui recouvre tout et, au loin, les lumières de Vlagtwedde scintillent. Très loin, nous entendons le bruit d’une voiture.

Nous nous arrêtons près d’une bûche tombée qui se trouve sur notre route, mais que Kuipers et ses collègues laissent derrière eux. Ils laissent le plus possible seuls toute cette forêt de 16 hectares accessible à tous. Je mange et bois certaines des provisions que j’ai apportées avec moi et j’écoute le silence. Kuipers dit qu’il y a certes des animaux dans cette forêt, des renards et des blaireaux, mais qu’ils se cachent, surpris par notre présence.

Des centaines de cloportes

Et cela continue, sur les élévations du sol, sous les branches basses pendantes, avec seulement le petit faisceau occasionnel de lumière de la lampe de poche. Comme mentionné, le ranger Kuipers connaît ici chaque mètre carré, mais cette soirée lui réserve aussi une surprise. Nous tombons sur un vieux tronc de chêne nu. La lumière de la lampe de poche tombe dessus et que voit-on ? Des centaines de cloportes marchent sur ce tronc, à quelques mètres du sol, et y trouvent apparemment de la nourriture.

Ce spectacle est nouveau pour Kuipers. Pendant la journée, on ne voit que peu les cloportes, car ils ont peur d’être attrapés par les oiseaux. Mais maintenant, en cette fin de soirée, ils sont seuls ici. Le garde forestier est émerveillé et n’en croit pas sa chance d’amoureux de la nature.

Un peu plus tard, notre grand tour à travers le Metbroekbos est terminé. Après l’Eemboerveld, où j’enfile une tourte à la vache, nous atteignons la route étroite où notre voyage a commencé. A l’horizon, la lumière de Stadskanaal est devenue moins brillante, cette grande place s’endort lentement. Minuit arrive et avec elle un nouveau jour. Je le commence avec la merveilleuse connaissance qu’il est toujours là en 2023, dans l’obscurité totale.

La nuit de la nuit

La marche du samedi prochain à travers le Metbroekbos, organisée par l’association Dorpsbelangen Vlagtwedde, affiche désormais « complet ». Mais ailleurs dans la province, de nombreuses autres activités sont au programme dans le cadre de la Nuit de la Nuit (elles sont à retrouver sur le site wwwnachtvandenacht.nl).

Même des centaines à travers le pays, explique Lineke Keizer. Elle est la coordinatrice nationale de l’événement pour le compte des Fédérations Nature et Environnement. Cet organisme est à l’origine de la Nuit de la Nuit, qui célèbre ce week-end sa 19e édition. Avec tous ces événements, elle souhaite attirer l’attention sur l’importance de l’obscurité et sur le fait qu’un excès de lumière le soir et la nuit a un effet perturbateur sur les personnes, les plantes et les animaux.



ttn-fr-45