Vives critiques après avoir reçu le bourgmestre de Téhéran à Bruxelles : « Mettez une affiche de Vandecasteele le mois dernier, invitez maintenant les ravisseurs à la mairie »


Bruxelles est sous le feu des critiques après avoir reçu hier à l’hôtel de ville le maire ultra-conservateur de la capitale iranienne Téhéran. « Le mois dernier, accrocher une grande affiche de Vandecasteele, verser une larme devant les caméras la semaine dernière, inviter ses ravisseurs à la mairie de Bruxelles cette semaine, le PS et Vivaldi peuvent faire ça », fulmine Théo Francken (N-VA).

Le bourgmestre Alireza Zakani de Téhéran est actuellement invité dans notre pays dans le cadre du « Brussels Urban Summit 2023 », un sommet au cours duquel quelque 2 000 politiques, universitaires et représentants de la société civile débattent de l’avenir des villes. Au total, 600 villes sont représentées.

Zakani faisait partie des personnalités reçues hier à l’Hôtel de Ville de Bruxelles. Le maire Philippe Close (PS) en a partagé une photo sur les réseaux sociaux hier soir.

Olivier Vandecasteele

L’accueil est remarquable au regard de l’affaire Olivier Vandecasteele. L’employé belge d’une ONG (42 ans) a été libéré il y a un peu plus de deux semaines après avoir passé 455 jours dans une cellule iranienne. Il a été condamné par erreur à 40 ans de prison et 74 coups de fouet, et a dû endurer de sévères passages à tabac. Vandecasteele a été libéré après que la Belgique eut accepté un échange de prisonniers contre le terroriste Assadollah Assadi (51 ans).

REGARDER. Voici comment l’affaire Olivier Vandecasteele s’est déroulée en 2 minutes

Le professeur et médecin irano-suédois, spécialisé en médecine de catastrophe, Ahmadreza Djalali, affilié à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), est même toujours en prison en Iran, sept ans entre-temps. Il n’est toujours pas libre et sa famille craint pour sa vie.

Ahmadreza Jalali. © Belgique

Il y a donc de fortes critiques sur l’accueil. Sophie Rohonyi du DéFI est très mécontente : « 1er rang, 4e en partant de la gauche : le maire de Téhéran ! Fondateur de la Société des dévots de la révolution islamique, membre des gardiens de la révolution, partisan du régime iranien qui opprime son peuple par le sang, y compris à Téhéran ! Elle qualifie le fait que le secrétaire d’Etat bruxellois Pascal Smet l’ait invité de « grave erreur politique ».

Même son de cloche avec le président du Brussels MR David Leisterh. « C’est choquant et regrettable. Je demande une explication : dérouler le tapis rouge pour ceux qui détiennent des otages n’est pas acceptable », a-t-il tweeté.

Théo Franken

Theo Francken (N-VA) la qualifie de « choquante » et appelle à l’action : « Mettez le CGRI (les gardiens de la révolution iraniens, éd.) sur la liste du terrorisme, augmenter les sanctions et rappeler notre ambassadeur de Téhéran dès que possible. Et n’invitez peut-être pas des terroristes dans la mairie la plus propre d’Europe », lance-t-il.

Theo Francken et sa collègue membre du parti Dayra Safai (NV-A.
Theo Francken et sa collègue membre du parti Dayra Safai (NV-A. © Photo News

Sa collègue du parti Darya Safai – elle-même née à Téhéran – est également claire : « Aujourd’hui, un terroriste a été reçu dans le bel hôtel de ville de Bruxelles. Alireza Zakani, ex-patron du Basij islamique, qui fait partie du CGRI, a été chargé de battre, tuer et réprimer les étudiants pour étouffer dans l’œuf leur protestation compréhensible contre le régime. Comment est-il possible que le patron d’une organisation aussi notoire et punie obtienne juste un visa de la Belgique pour se rendre à Bruxelles ? Regardez comment les terroristes du régime meurtrier islamique en Iran sont autorisés à se déplacer librement au cœur de l’Europe. Apparemment, les leçons ne sont jamais tirées des attentats terroristes que ce régime mène sur le sol européen. Dangereux et inacceptable !

Pascal Smet a reconnu au journal wallon ‘La Libre’ avoir invité Zakani, mais a transféré une partie de la responsabilité à la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR). « Téhéran est membre de Metropolis World Congress, une organisation internationale de villes de plus d’un million d’habitants qui co-organise la conférence (les organisateurs sont la Région bruxelloise, l’OCDE, Eurocités et Metropolis, éd.). Metropolis a demandé à Téhéran de participer au sommet », explique-t-il.

Visa

Il a ensuite demandé un visa pour Zakani au ministère des Affaires étrangères au nom de Metropolis. « L’entrée sur le territoire et l’octroi des visas sont une compétence fédérale. Nous n’avons rien à dire à ce sujet. Nous avons également précisé que nous suivrions les conseils du ministre des Affaires étrangères. Et que nous accepterions tout refus.

Secrétaire d'Etat bruxellois Pascal Smet.
Secrétaire d’Etat bruxellois Pascal Smet. © Photo News

Smet ne pense pas que ce soit une erreur politique. « Ce n’est pas une invitation du bourgmestre ou de Bruxelles ou de la Région bruxelloise. C’est le réseau des grandes villes mondiales qui invite tous les membres. Et l’homme en question aussi. De plus, Bruxelles est une capitale diplomatique. Être présent ne veut pas dire être d’accord avec tout le monde. La consultation est au cœur de la diplomatie.

Non recommandé

Le cabinet du ministre Lahbib rebondit la balle. Il dit qu’il a donné des conseils négatifs, mais Smet aurait ignoré cela. « Malgré l’avis négatif des Affaires étrangères, le secrétaire d’État Smet a décidé d’inviter le maire de Téhéran et d’autres au sommet urbain de Bruxelles. Il a souligné l’importance pour la Région bruxelloise d’avoir Téhéran représenté à l’événement et a donc explicitement demandé au ministère des Affaires étrangères de ne pas s’y opposer.

Le visa était alors délivré par le ministère des Affaires étrangères.

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