Consolidé au cours des cinq dernières années comme l’un des groupes les plus populaires du pays, avec plusieurs singles avec suffisamment de streaming pour un disque d’or (« Good for you », « What you merit », « Where to go »), Viva Sweden a publié son quatrième album. C’est aussi le premier dans une multinationale -Universal- après avoir fait ses premiers pas dans Subterfuge, et le premier dans lequel on retrouve des featurings. Très sui generis, oui.

‘L’amour en tout genre’ ne se démarque pas, en revanche, tant pour ses invités que pour une légère évolution dans des directions différentes. ‘El bien’, avec son refrain précis « ne fais pas attention à ce que disent les chanteurs », ouvre l’album, se distinguant par un ultime solo de saxo que ni le E Street Band. Et les claviers d’un autre des principaux singles, « Nous n’avons rien appris », soulignent également la grandeur de Bruce Springsteen. Les années 80 sont définitivement une référence dans les synthétiseurs de ‘Hablar de nada’ ou encore dans le décor de ‘Hacernos Polvo’.

Dommage que, indécis, le dossier tourne parfois sur d’autres faces. ‘The naked king’ est plutôt sa chanson la plus Muse, ‘Ce qui reste d’affection’ sa chanson la plus Siouxsie, ‘Thank you’ sa chanson la plus The National et Bon Iver (cette Autotune)… tandis que ‘El mal’ devient une chanson 100% Viva Sweden après un faux départ avec une boite à rythme. Les refrains et les arrangements à la fin, oui, semblent être inspirés par REM

Cette machine à diffuser, à vendre des disques et à remplir des arènes appelée Leiva a déjà fait de « Justo quand le monde se resserre » l’un des plus grands succès du groupe murcien, bien que le « améliorer ce qui est présent » répété jusqu’à la nausée dans les paroles semble chaussé dans Rafa Val continúa siendo un letrista algo abstracto, poco narrativo, basado en la fuerza expresiva de frases como «tengo un día bien jodido / sólo quiero estar contigo» (‘Hacernos polvo’) o «no seremos padres, no encontraremos paz» (‘ Le mal’). Car oui, les auteurs de ‘Good for you’ ont maintenant écrit une chanson intitulée ‘El bien’ et une autre intitulée ‘El mal’.

Le passage du temps, la peur de vieillir est un thème sur des morceaux comme ‘Lo que más de amor’ (« Nous sommes passés d’enfants à des gens normaux », « avant que tu n’ouvres les yeux, j’aurai grandi »). Aussi l’acceptation de soi, comme on le voit dans la collaboration avec Luz Casal, ‘La partie difficile’ : « Ça me fait peur d’appeler ma maison, cet endroit que je connais à peine / Qu’ils disent de moi que je n’ai rien fait en particulier », il Ils les ont fait chanter dans une strophe que Tulsa aurait pu écrire. Vive la Suède qui passe du statut d’indépendant à celui de pop espagnole, tout simplement.

Celui de Luz est le featuring le plus intéressant de l’album, puisque Dani Fernández s’est tellement mis en mode Viva Sweden sur ‘Lo Sorry’ qu’on se fiche qu’il soit un ancien membre d’Auryn, Raphael ou Kase.O. Ainsi, ‘El amor de la Clase Que Sea’ est un album solide et bien exécuté avec Leiva et Santos&Fluren qui apportera une nouvelle joie à Viva Sweden qui compte déjà une dizaine de hits. Ici, ils n’ont même pas semblé avoir besoin d’inclure ‘The President’s Voice’ pour construire un bon album, avec une belle finition. Mais pas aussi évolué vers un endroit en particulier que les deux derniers de The Killers, qu’ils ont juste ils avaient pris comme référence. Ils nous disaient il y a quelques années que « c’est cool de ne pas avoir peur d’un style qui semble impossible à faire parce que c’est indé », mais ils n’ont pas complètement osé franchir le pas.



ttn-fr-64