Le protagoniste canadien de la Fête du Sport : “J’ai toujours couru pour le plaisir, je savais que j’avais une mission. Ferrari ? Je l’ai vécu grâce à mon père. Verstappen ? Il est si fort parce que son père était dur avec lui. Et il a aucun point faible”
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Villeneuve. Le nom suffit à évoquer un monde et une histoire familiale, le nom suffit à faire revivre la légende de la Formule 1. « J’ai grandi avec l’envie d’aller plus loin, d’essayer de dépasser les limites. J’ai eu la certitude que je courrais en Formule 1 et que, tôt ou tard, je deviendrais champion.” Ainsi Jacques Villeneuve à la Fête des Sports, son air enjoué, son italien courant, une empathie immédiate qui a immédiatement enflammé l’enthousiasme d’un Théâtre Social à guichets fermés. « J’avais une mission, je l’ai comprise depuis que je suis enfant. Mais je veux être honnête : j’ai toujours couru parce que j’aimais ça, pas parce que je devais continuer l’histoire de mon père. Mon rêve aujourd’hui ? Pour en revenir à la course, je le ferais demain matin si je le pouvais. Ne serait-ce que pour donner à mes enfants (il en a six) la satisfaction de me voir courir.” 164 Grands Prix disputés, 11 victoires, champion du monde sur Williams en 1997, franchissant une ligne d’arrivée que le destin avait arrachée à son père Gilles, de la manière la plus douloureuse.
comparaisons
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« Dès la première course, tout le monde faisait des comparaisons, c’est normal pour un fils de pilote. Mais la pression ne m’a jamais fait peur, au contraire elle m’a aidé à donner le meilleur de moi-même.” Jacques déroule avec enthousiasme ses souvenirs. “La première fois en Formule 1, avec Williams, je me suis dit : je suis là et c’est fantastique.” Il y avait aussi un modèle pour le jeune Jacques : « Emerson Fittipaldi, je l’ai toujours aimé ». Toute sa carrière a été marquée par l’ambition. « Il faut partir en sachant qu’il y a toujours quelqu’un qui ira plus vite que soi. Et à chaque fois je me disais : je suis là pour apprendre, m’améliorer, faire ressortir le meilleur.” Villeneuve rit lorsque Federica Masolin, qui l’interviewe, lui rappelle ses transgressions au Cirque. « La vérité est que je m’amusais juste. Cheveux blond? Je me suis réveillé un matin, j’ai allumé la télé et ils diffusaient « Trainspotting », tu te souviens de ce film ? Ok, alors je suis allé chez mon coiffeur et je lui ai dit : fais-moi blonde. Le plus drôle, c’est que les journalistes ont dit : il s’est fait blondir les cheveux parce qu’il ne supporte pas la pression… Au lieu de cela, c’était juste amusant.”
armure
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En réalité, derrière l’armure anticonformiste, il y avait un professionnel qui a fait de la discipline le piédestal de sa carrière. “Je n’aurais pas fait ce que j’ai fait si je ne m’étais pas bien entraîné, si je n’avais pas eu la bonne concentration.” Il fut un moment – entre 1996 et 1997 – où Jacques Villeneuve était l’anti-Schumacher par excellence. “C’était un véritable défi, sur et en dehors de la piste, alimenté par les médias. Mais ce qui est étrange, c’est qu’il n’y a eu qu’une seule course où il y a eu une véritable bataille, lors de la dernière course de 1997, à Jerez de la Frontera. Schumacher était le pilote à battre. Je l’avais déjà croisé en 1996, à Estoril. Et cela l’avait mis très en colère. Quand j’ai gagné l’année suivante j’étais très content, j’ai vu le travail d’une année entière récompensé». Et à ce stade, Villeneuve révèle une histoire. “Cette année-là, je n’ai jamais douté, j’ai toujours pensé que j’allais gagner, même quand j’étais derrière et que tout le monde pensait que Schumacher triompherait.”
Ferrari
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Et Ferrari ? Jacques n’a conduit la voiture de son père qu’une seule fois, à Fiorano. Une émotion très forte. “Je me suis assis et j’ai pensé que c’était comme si c’était fait pour moi.” Pourtant, un mariage qui semblait écrit n’a jamais été sanctionné. “J’ai connu Ferrari, car c’était l’équipe de mon père. Mais je dois dire la vérité : je n’ai jamais rêvé de la conduire. Et je ne l’aurais jamais fait, parce que je voulais garder le droit d’être Jacques, simplement Jacques.” Il est également temps de faire une analyse de la F1 d’aujourd’hui. « Le moment de Ferrari n’est pas positif, mais cela fait partie de son histoire, il y a de meilleurs moments et d’autres cycles sans victoires. J’aime Sainz, car il s’améliore toujours et a toujours aidé les équipes pour lesquelles il a couru. Mais les conducteurs d’aujourd’hui sont trop protégés et devraient être plus libres, même pour commettre des erreurs. j’admire Fernando Alonso, parce qu’il a faim. C’est la différence que fait un bon pilote. Je demanderais aux enfants qui veulent devenir pilotes aujourd’hui : le faites-vous par passion ou parce que vous voulez être Ricciardo et sourire dans les publicités ? Taureau rouge ? C’est faux de dire qu’il est imbattable. L’imbattable est Verstappen. Sa force ? Il n’a jamais été un enfant, il était mature même quand il était petit. Il a été créé pour être un champion, son père était très dur avec lui. La vérité est qu’aujourd’hui, Verstappen n’a pas un seul point faible.”
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