Vers l’OTAN ? Mark Rutte semble soudain envisager une nouvelle carrière politique


Les Pays-Bas ne devraient pas être surpris si Mark Rutte ne se tient finalement pas devant la classe. Même s’il a toujours affirmé qu’il deviendrait enseignant après son mandat de Premier ministre, il n’exclut désormais pas « quelque chose d’international ».

Dois-je encore une fois risquer mon talent pour quelque chose d’international ?

Marc Rutte

Et s’il n’était plus Premier ministre des Pays-Bas ? Mark Rutte a toujours été catégorique sur ce point : « Alors j’enseignerai », a-t-il déclaré l’année dernière. « Je pense que je vais faire ça pendant un moment, j’apprécie vraiment ça. Il faut faire des choses dans la vie auxquelles on ne pense pas le soir : est-ce utile ? En politique, il y a parfois un jour où l’on réfléchit le soir : tout cela a-t-il été utile ? Un enseignant n’a jamais à se poser cette question.

Cette certitude a disparu. Rutte n’exclut pas qu’il continue à faire « quelque chose » en politique. Le jour du budget, il avait déjà exprimé des doutes à haute voix, écrivent nos confrères de l’Algemeen Dagblad. Et lors d’un sommet de l’ONU à New York, il est allé encore plus loin dans « De Telegraaf » : « J’ai une voix quelque part dans mon esprit qui dit : devrais-je encore une fois risquer mon talent pour quelque chose d’international ?  » J’hésite à savoir si cela ne signifie pas que vous vous contentez de faire des discours. Mais je ne l’exclus pas à 100 pour cent.»

Dans l’OTAN ?

Le nom de Rutte fait le buzz depuis un certain temps à Bruxelles en tant que possible nouveau secrétaire général de l’OTAN ou président de la Commission européenne. Des messages que le Néerlandais a toujours catégoriquement rejetés lorsqu’on l’interrogeait à leur sujet. Pour plusieurs raisons : par exemple, il ne voulait pas quitter sa bien-aimée La Haye. Et en tant que Premier ministre, il peut toujours s’impliquer dans tout, alors qu’avec une telle position, on est moins capable de le faire et on doit aussi tenir des réunions interminables.

Le Premier ministre néerlandais sortant Mark Rutte et l'actuel patron de l'OTAN, Jens Stoltenberg, lors du sommet de l'OTAN à Vilnius l'été dernier.
Le Premier ministre néerlandais sortant Mark Rutte et l’actuel patron de l’OTAN, Jens Stoltenberg, lors du sommet de l’OTAN à Vilnius l’été dernier. ©AFP

Professeur

Rutte enseigne depuis des années les sciences sociales quelques heures par semaine dans une école secondaire de La Haye, le groupe scolaire Johan de Witt. Malgré son emploi du temps chargé, il ne manque pratiquement pas les jeudis matins. Il avait déjà déterminé de quels papiers il avait besoin pour se lancer en tant qu’entrant latéral, a-t-il déclaré.

Peut-être que l’éducation est contre lui ou qu’il ne peut pas se passer de la politique ? Personne ne peut deviner ce qui se passe dans la tête de Rutte. Aussi pour les gens qui disent bien le connaître. Même si chacun peut constater qu’il apprécie toujours beaucoup son poste actuel de Premier ministre sortant. Mais après treize années au poste de Premier ministre et un rôle de plus en plus important sur la scène internationale, la fin approche désormais.

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Papiers corrects

Si quelqu’un sait si diriger l’OTAN serait un poste qui pourrait plaire à Rutte, c’est bien Jaap de Hoop Scheffer, lui-même chef de l’alliance de 2004 à 2009. Les spéculations sur une éventuelle candidature de Rutte au poste de secrétaire général ne sont pas de Hoop Scheffer. « Rutte lui-même a toujours dit ‘non’ », semble-t-il. Mais Rutte a-t-il les bons papiers ? Oui, c’est vrai : « Ces dernières années, Rutte a acquis une grande autorité à l’étranger. »

Rutte devra simplement composer avec les réunions et les discours interminables. De Hoop Scheffer : « En tant que secrétaire général, vous êtes l’homme du pétrole qui doit gommer les divergences politiques entre les pays de l’OTAN et avec les pays partenaires. Cela nécessite beaucoup de déplacements et de consultations. Et rendez-vous chaque semaine. Et en tant que Secrétaire Général, vous êtes également le visage public de l’organisation. Vous devez faire de nombreux discours dans les universités et dans les parlements nationaux.»

Rutte avec l'actuelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
Rutte avec l’actuelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. © EPA

Le mandat de l’actuel patron de l’OTAN, Jens Stoltenberg, expire en octobre 2024. La recherche d’un successeur n’avait auparavant abouti à rien.

Commission européenne

Le poste de président européen sera également vacant l’année prochaine, après les élections européennes de juin. Cependant, en tant qu’homme issu d’un parti libéral, Rutte a peu de chances d’obtenir ce poste. Le président de la commission est élu à la majorité du nouveau Parlement européen et chaque groupe vote pour un membre de sa propre famille politique (le soi-disant candidat Spitzen). Les libéraux perdront alors de toute façon face aux démocrates-chrétiens ou aux sociaux-démocrates.

Rutte lui-même dit qu’on ne lui a jamais posé de questions. « Très triste », rit-il. Il ajoute qu’il ne pensera vraiment à son avenir que lorsque son mandat de Premier ministre sera officiellement terminé : « Il ne se passe rien de concret pour le moment », semble-t-il. Mais aussi : « On ne vit qu’une fois. Vous devriez toujours essayer de trouver des endroits où apporter une contribution positive. En tant qu’enseignant, vous faites cela. Et vous pouvez aussi le faire en politique. » Une réponse avec laquelle il peut aller dans n’importe quelle direction si on lui pose la question de manière inattendue.

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