Mise à jourL’ancien ministre Johan Vande Lanotte, qui travaille depuis plusieurs années au sein du cabinet d’avocats Van Steenbrugge Advocaten, a déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) contre le régime du président turc Recep Tayyip Erdogan. Le procureur de la CPI, Karim Khan, devra désormais évaluer si une enquête sera ouverte, selon un communiqué de presse.

La Cour pénale internationale de La Haye a été créée il y a plus de vingt ans pour juger les personnes soupçonnées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Selon la plainte déposée par Vande Lanotte, conjointement avec l’asbl Turkey Tribunal et Medel (Association européenne des magistrats, ndlr), le régime d’Erdogan a commis des crimes contre l’humanité.

Plus de 200 000 personnes ont été victimes de torture, de disparition, d’emprisonnement ou de condamnation sans respect des droits de la défense, semble-t-il. Cela s’est produit non seulement en Turquie même, mais aussi sur le territoire de 45 États (dont la Belgique) qui relèvent de la compétence de la CPI. Cette dernière est importante car la Turquie n’a pas ratifié le Traité de Rome, qui constitue la base juridique de la Cour pénale internationale.


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Qui est exactement responsable, président Erdogan ou non, est délibérément laissé ouvert, dit Vande Lanotte.

Témoignages détaillés

Le cabinet d’avocats a recueilli des témoignages détaillés de 1 300 victimes, qui pourraient être jugées par la CPI. Plus de 4 000 pages ont été remises au parquet. Selon le cabinet d’avocats, il s’agit « d’attaques systématiques contre la population civile et pour promouvoir la politique gouvernementale » et la CPI est donc compétente. Les crimes sont également suffisamment graves, semble-t-il : « Ils peuvent être considérés comme un mépris délibéré des principes fondamentaux de l’ordre juridique international ».

Qui est exactement responsable, président Erdogan ou non, est délibérément laissé ouvert, dit Vande Lanotte. « C’est une compétence exclusive du procureur. » Le communiqué précise bien que son enquête peut montrer « que de hauts responsables d’un allié de l’Otan pourraient être impliqués », responsables à la fois administratifs et politiques, explique Vande Lanotte.

Conséquences diplomatiques

En ce qui concerne les conséquences diplomatiques possibles, le professeur Marc Bossuyt de l’asbl Tribunal de Turquie déclare que la plainte ne doit pas être considérée comme une action hostile contre la Turquie ou comme un soutien à ceux qui ont commis un coup d’État manqué. Il s’agit de soutenir tous ceux qui souffrent de graves violations des droits de l’homme. De son côté, Vande Lanotte souligne que l’action est une initiative d’un cabinet d’avocats et non de l’Etat belge.

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