Van der Poel, ADN de champion : grand-père Poulidor, amour des voitures et du vélo dans le destin

Le vainqueur de la classique X-ray pavé : neveu et fils de famille, timide et réservé, capable de gagner sur route et en cyclo-cross. Et maintenant l’objectif s’appelle Paris 2024 en VTT

Et maintenant on se dit que s’il n’avait pas trouvé un Tadej Pogacar extraordinaire sur sa route au Tour des Flandres, Mathieu Van der Poel aurait désormais réalisé un parcours extraordinaire claquer dans les trois premiers Monuments du printemps : premier au Milano-Sanremo le samedi 18 mars, deuxième à Les manches le 2 avril, d’abord à Paris-Roubaix le 9 avril.

Bon, mais on peut quand même dire que le phénomène hollandais peut « se débrouiller » : n’oublions pas qu’il s’agit du même qui en février a été sacré champion du monde de cyclo-cross pour la cinquième fois… Et oui, aussi le quatrième réalise le doublé Sanremo-Roubaix la même année (le dernier Degenkolb remonte à 2015). Il ne sera pas sur scène à l’Amstel le 16 avril, qu’il a déjà remporté par le passé, et ce n’est pas étonnant : un repos bien mérité s’impose désormais. On le reverra sur la route au Tour de Suisse en juin puis au Tour de France.

héritage van der poel

L’histoire de Mathieu Van der Poel est une histoire extraordinaire avant tout parce qu’il vient d’une famille extraordinaire. Le père Adrie dans les années 80 avait pu gagner la Flandre, Liège et deux étapes du Tour.Quant au grand-père Raymond Poulidor (Adrie a épousé Corinne, la fille de Poupou) on parle simplement d’une des idoles de tous les temps de la France cycliste, le roi de Sanremo et de la Vuelta mais célèbre surtout pour avoir terminé 8 fois le Tour de France sur le podium final (3 fois deuxième, 5 troisième) sans jamais porter le maillot jaune, que son neveu lui avait dédié au Tour de France 2021 après l’ayant conquis. Et le grand-père Poupou lui-même avait présenté Mathieu, alors âgé de 18 ans, à tout le monde au village de départ d’une étape du Tour 2014, une vidéo souvent re-proposée et très cliquée sur internet : « Voici mon petit phénomène « , dit Poulidor, pariant sur le fait qu’il deviendrait plus fort que lui et Adrie : c’était un bon prophète.

van der poel polyvalent

Mvdp dit toujours que le champion du monde de Formule 1 Max Verstappen est plus célèbre que lui aux Pays-Bas, mais il fait certainement tout pour l’égaler en popularité avec des succès dans un pays où le cyclisme est un mode de vie (même s’il vit un peu plus de frontière, à Kapellen en Belgique). Mathieu est l’homme des trois vélos, car c’est un quintuple champion du monde de cyclo-cross qui sait exceller dans toutes les courses sur route d’un jour : il doit mettre à jour son score aux Monuments car c’est impressionnant, 14 participations et une seule (Sanremo 2020) hors du top 10. Il a gagné 3 sur 5 comme Pogacar, certes Liège et la Lombardie sont les plus difficiles pour lui, mais il a participé à une chacun une seule fois et dans la classique belge il a terminé sixième, dans l’italienne un dixième… Sans oublier qu’une chute à Tokyo 2020 l’a empêché de se battre pour la médaille d’or olympique en VTT, qu’il ira désormais chercher à Paris 2024. Et qu’il a déjà porté dans sa carrière à la fois le maillot rose du Giro d’Italia et le maillot jaune du Tour de France : il a toujours assuré qu’il n’essaierait pas de se transformer en chasseur de grands tours, et très probablement il a raison.

privé de van der poel

Il a un talon d’Achille, de son propre aveu : son dos, dont il prend particulièrement soin car il l’a souvent fait souffrir. Et il a réussi à « se relever » après l’épisode controversé de la veille de la Coupe du monde l’an dernier en Australie, lorsqu’il avait été placé en garde à vue pour avoir pourchassé et frappé deux filles qui avaient frappé à la porte de sa chambre d’hôtel, non l’endormant : un épisode en tout cas pour lequel il a ensuite été acquitté. Fiancé à l’influenceuse Roxanne Bertels, qui travaillait dans le marketing pour Porsche, Van der Poel n’est pas de ceux qui parlent avec grand plaisir de sa vie privée, on peut dire qu’il est plutôt réservé. Il aime l’Italie – il s’est souvent entraîné à Livigno dans le passé – l’histoire (surtout celle du siècle dernier) et les voitures, ainsi que les jeux vidéo comme Fortnite. Il a choisi le vélo parce qu’il ne voulait pas dépendre des autres, et il avait été tenté de quitter l’école aussi, mais il a continué jusqu’à l’obtention de son diplôme. A 28 ans il est en pleine maturité compétitive et laisse la nette sensation d’avoir encore d’autres chefs d’oeuvre en réserve. En cet âge d’or du cyclisme, Mvdp est l’un des plus brillants champions, gage d’un divertissement capable d’enflammer une course au moment où on s’y attend le moins. Il ne reste plus qu’à l’applaudir. Et profitez-en.



ttn-fr-4