Dans la suite de « Top Gun », il y a deux absences notables : Meg Ryan, qui jouait la compagne de feu Goose, et surtout, vu son rôle principal, Kelly McGillis, la petite amie de Maverick (Tom Cruise). La raison de cette négligence a été soulignée par McGillis dans un Interview sur Entertainment Tonight: « Je suis vieux, gros et je fais mon âge », 64 ans. Son rôle a été remplacé par Jennifer Connelly, qui est plus jeune, 51 ans, et moins de kilos.
Une troisième absence aurait pu être celle de Val Kilmer. « Iceman » est aussi « vieux » (62 ans) et gros, mais la raison pour laquelle il n’était pas initialement dans le casting de « Top Gun : Maverick » n’était pas son « mauvais » état de conservation, mais sa mauvaise santé. L’acteur a subi une intervention chirurgicale en 2015 pour un cancer de la gorge qui a laissé de graves séquelles sur sa voix. Kilmer a insisté auprès des producteurs sur le fait que son personnage ne pouvait pas être exclu du film et les a convaincus qu’il était apte à jouer. A la fin peu de choses sortent, mais ça sort.
la récente première dans Filmin du documentaire ‘Val’, une production A24 présentée l’an dernier au Festival de Cannes, est l’occasion d’en savoir plus sur la vie mouvementée d’une des grandes stars hollywoodiennes des années 80 et 90, qui s’est évanouie après son désastreux ‘Batman Forever’ (1995) et dont la maladie semble l’avoir définitivement coulé. Les scènes où il apparaît en train de signer des photos au Comic-Con comme une vieille gloire sont formidables. Surtout si on les compare à celles de son « ailier », foulant le tapis rouge à Cannes il y a quelques jours.
« Val » mélange des images de la vie actuelle de Kilmer avec des archives enregistrées par l’acteur lui-même tout au long de sa vie. Le premier est moins intéressant. Hormis quelques moments précis (la séquence Comic-Con précitée), la plupart sont des scènes du quotidien qui, une fois passé le choc de voir la détérioration physique de l’acteur, sont quelque peu répétitives, simple support narratif de ce qui compte vraiment : l’histoire de la la vie de l’acteur à travers ses vidéos personnelles et ses souvenirs racontés -dans un beau geste d’amour paternel-filial- avec la voix de son fils.
Ce sont des images qui documentent son enfance (où un événement traumatisant s’est produit), sa vie de famille (il était marié à l’actrice Joanne Whalley, avec qui il a travaillé sur ‘Willow’) et sa carrière d’acteur. Il y a des moments inestimables ici : les très jeunes Kevin Bacon et Sean Penn exhibant leurs culs dans une loge, le tournage infernal de « L’île du docteur Moreau » -avec Marlon Brando qui traverse tout et Kilmer qui gagne sa renommée d’acteur difficile- et des castings innommables où l’acteur propose de travailler sur ‘Full Metal Jacket’ ou ‘One of Us’ en se filmant comme s’il était dans une (mauvaise) scène de ces films.
« Val » est un exercice de narcissisme et d’honnêteté brutale, un biopic austère plus intéressant pour son sous-texte, pour ce que révèlent ses images, que pour son discours trop hagiographique. Val Kilmer comme exemple de l’acteur confiné, propulsé au rang de jeune star, qui compense ses défauts par des tonnes d’enthousiasme, d’insouciance et de volonté. Un (auto)portrait émouvant par le déclin physique de l’acteur mais aussi par le caractère admirable et attachant de son combat intérieur.