Une réponse trop lente de la Banque centrale européenne a contribué à une inflation élevée dans la zone euro

La Banque centrale européenne a contribué à la hausse rapide de l’inflation en 2021-2022 en attendant des mois avant de procéder à une première hausse des taux d’intérêt. C’est évident une enquête de De Nederlandsche Bank, publié au début de ce mois.

L’inflation dans la zone euro a commencé à augmenter à partir de mi-2021, mais la BCE n’a augmenté les taux d’intérêt qu’en juillet 2022. Le taux d’inflation était déjà de 8,7 pour cent, alors que la BCE vise un taux d’inflation de 2 pour cent. D’autres banques centrales confrontées à une inflation élevée, notamment la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre, avaient déjà relevé leurs taux d’intérêt à plusieurs reprises.

Entre les étés 2021 et 2022, « la politique monétaire a contribué à l’inflation », écrivent les chercheurs du DNB. À l’été 2022, l’inflation dans la zone euro était supérieure d’environ un point de pourcentage en raison de l’absence de hausse des taux d’intérêt par la BCE.

Pour calculer cet effet, les économistes de la DNB ont utilisé des modèles macroéconomiques qui décrivent où aurait dû se situer le niveau des taux d’intérêt, compte tenu de l’évolution du niveau des prix. « L’état de l’économie (en particulier le taux d’inflation élevé) aurait suggéré une hausse des taux plus tôt », indique l’étude.

Les auteurs notent que la période de turbulences qui a suivi la pandémie de corona a été marquée par une « grande incertitude » : il n’était pas clair combien de temps durerait la vague d’inflation.

Vague d’inflation

Cette vague d’inflation avait diverses causes. La pandémie a entraîné des pénuries de produits et de main-d’œuvre. Résultat : des prix en hausse. Entre-temps, les gouvernements ont apporté une aide d’urgence massive aux citoyens et aux entreprises, obligeant les consommateurs à continuer de dépenser massivement. Cela a également alimenté l’inflation. L’invasion russe de l’Ukraine a ensuite fait monter les prix de l’énergie, ce qui a eu un impact considérable sur les autres prix.

La conclusion de l’étude de la DNB est importante, car la BCE était déjà sous le feu des critiques internes et externes à l’époque en raison de sa réponse relativement lente à l’inflation. Toutes les banques centrales avaient sous-estimé le niveau et la durée de l’inflation, mais cela était particulièrement vrai pour la BCE. La Banque d’Angleterre a relevé ses taux d’intérêt à partir de décembre 2021, la Fed américaine a suivi avec une première hausse en mars 2022.

En décembre 2021, la BCE a légèrement réduit ses achats d’obligations, ce qui lui a permis de faire baisser les taux d’intérêt à long terme. En conséquence, les taux d’intérêt du marché dans la zone euro ont déjà commencé à augmenter. Mais selon l’étude de la DNB, cette étape aurait dû être suivie plus tôt par une augmentation du taux directeur de la BCE.

La situation a changé à partir de juillet 2022 : la BCE a alors décidé d’une série de hausses drastiques des taux d’intérêt. Entre juillet 2022 et septembre 2023, les taux d’intérêt sont passés de moins 0,5 à 4 pour cent. Il s’agit d’une « réponse politique forte » qui a contribué à la baisse de l’inflation (2,6 % en juillet de cette année), selon l’article de la DNB. En juin, la BCE a abaissé ses taux d’intérêt de 4 à 3,75 pour cent, s’attendant à une nouvelle baisse de l’inflation à 2 pour cent.






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